Brendan Gleeson et Colin Farrell gèrent une rupture d’amitié sur une petite île de la côte
irlandaise.
Inisherin, minuscule îlot au large de l’Irlande en pleine guerre civile. La population est minuscule et tout le monde se connaît, le flic violent, l’idiot du village, la jolie fille intello, l’oiseau de mauvais augure et l’épicière commère. Au milieu de tout cela, se trouve le duo Pádraic Súilleabháin et Colm Doherty, respectivement joué par Colin Farrell et Brendan Gleeson. Le problème est que le second ne veut plus voir le premier, leur amitié n’a plus de sens et Colm refuse que Pádraic lui adresser la parole, sous peine de menaces. Ce tandem est brisé et le reste de l’île en pâtit, les conséquences vont donc être dramatique pour tout le monde.
Au-delà de la maîtrise indéniable de chaque secteur artistique du projet, le film jette un froid sur la perception de l’île émeraude et de sa réputation chaleureuse. Bien que les réactions disproportionnées de Colm et la naïveté de Pádraic puissent être drôle pour certains, cette prison à ciel ouvert où le large ne promet que la guerre et la violence de la couronne britannique, nous donne l’impression d’être un poisson coincé dans un bocal, forcé à boire notre amertume. La dévotion religieuse et la violence de la police n’arrangent rien à cela. La vacuité des relations humaines reste le centre narratif du projet. Quant à la légende des banshees irlandaises, il faut attendre la fin du film pour comprendre la malédiction qui s’est abattue ou s’abattra sur Inisherin.
Bien que les acteurs soient tous excellents, notre chère Brendan Gleenson, qui nous avait plus habitué à la quiétude et à la beauté de son Irlande natale dans sa filmographie, reste ici particulièrement déprimant. Quant à Collin Farrell, il nous prouve encore une fois qu’il sait jongler sans problème entre grosse production et film indépendant.
Alors que me reviennent les paroles d’Oscar Wilde, déclarant qu’à sa mort l’Irlande resterait dans son cœur, je ne peux de mon côté que vouloir aller à Inisherin y planter un oranger.
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