Pourquoi faut-il revoir « Indiana Jones et le Temple Maudit » ?
Indiana Jones et le Temple Maudit est la première suite au film grandiose Les Aventuriers de l’Arche Perdue, le film est toujours mis en scène par Steven Spielberg et est sorti en 1984, soit trois ans après le premier volet.
Une suite plus sombre
Ce second épisode a fait polémique lors de son arrivée en salle à cause de sa violence et de sa noirceur. En effet, le film est plus effrayant que son aîné. Il nous plonge en plein cœur de l’Inde, notre héros est confronté à une secte d’adorateurs de Kali, une déesse maléfique. On peut y voir une scène désormais devenue culte où un homme se fait arracher le cœur lors d’un sacrifice.
Les spectateurs se sont sentis trahis, ils s’attendaient à un divertissement familial et ont été choqués par la brutalité de l’œuvre. Les critiques de l’époque ont été assez dures avec le film. Le fameux PG-13 (film interdit aux moins de 13 ans) a été inventé suite à ce film et à Gremlins sorti la même année. Cela a permis de créer une restriction plus modérée, car le long métrage ne méritait évidemment pas la très sévère interdiction aux moins de 17 ans.
Un film rejeté par son metteur en scène
Aujourd’hui Steven Spielberg renie le long métrage, il le considère comme le moins bon de sa carrière, il condamne sa violence et explique que c’est son ami George Lucas qui l’a désirée, car il traversait une période difficile de sa vie. Malgré la brillante carrière du cinéaste, on peut remarquer un certain manque de confiance en lui, il est d’une grande humilité et lorsqu’un de ses films est légèrement moins bien reçu que les autres, il le remet souvent en question.
C’est pourtant sur le plateau de ce film que Spielberg a rencontré son épouse Kate Capshaw, avec qui il est encore aujourd’hui en couple et avec laquelle il a eu plusieurs enfants. Oui, pour ceux qui ne le savaient pas, l’interprète de l’insupportable Willie de « Indiana Jones et le Temple maudit » est devenue la femme de Steven Spielberg.
Aujourd’hui tout le monde aime ce film et il est devenu culte, le seul qui ne l’aime pas… c’est son metteur en scène. Certes, si on chipote un peu, on pourrait dire que c’est « le moins aimé des trois premiers Indiana Jones » (notez que j’ai mis des guillemets) mais dans une trilogie dont toutes les œuvres sont adulées, il faut bien qu’il y en ait une qui soit en moyenne la moins glorifiée, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne plaise pas aux gens, surtout que je connais tout de même beaucoup de personnes dont cet opus est le favori.
Pourquoi Spielberg n’aime pas son film ?
Sans doute à cause de mauvais souvenirs liés à l’œuvre, cela a peut-être un rapport à l’accident sur le tournage de « La Quatrième Dimension » sorti l’année précédente dont il était producteur, et qui a coûté la vie à trois personnes dont deux enfants. Beaucoup pensent que la noirceur du second « Indiana Jones » est liée à cela.
On pourrait espérer cependant que le récent retour sur le devant de la scène de Ke Huy Quan, qui interprétait le jeune Demi Lune, acolyte du héros, fera réaliser à Spielberg que son film a tout de même servi à quelque chose.
En effet Ke Huy Quan n’a pas pu continuer sa carrière d’acteur après les rôles qu’il a eu enfant, et il est tombé dans l’oubli. Ce n’est qu’en 2022 que le comédien reviendra, à plus de cinquante ans, dans le très sympathique (même si un peu surestimé à mes yeux) « Everything everywhere all at once » et gagnera l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.
Que vaut Indiana Jones et le Temple Maudit quand on le voit aujourd’hui ?
Il s’agit toujours d’un superbe film d’aventure. Indiana Jones et le Temple Maudit est une suite intéressante car elle apporte quelque chose. En effet elle respecte le même état d’esprit que son aîné tout en étant aussi assez différente. C’est d’ailleurs l’épisode de la saga qui se démarque le plus des autres.
Là où dans le premier, (mais également dans le troisième et même le tout dernier opus sorti cette année) la quête est claire et connue dès le départ, dans Indiana Jones et le Temple Maudit, qui se déroule d’ailleurs un an avant les événements de son prédécesseur, le déroulé de l’intrigue est bien plus linéaire.
Cela commence à Shanghai par une introduction très réussie, mais qui n’a absolument rien à voir avec les enjeux qui vont suivre après. Indy va échapper à ses ennemis en embarquant avec lui la chanteuse Willie qui n’avait pas du tout demandé à faire partie de son périple. Ils seront rejoints par le jeune ami de Indiana, Demi Lune.
Leur avion va s’écraser par hasard dans un village en Inde et c’est là qu’ils seront confrontés au nouvel enjeu de l’œuvre, la terrible secte des adorateurs de Kali. Si leur avion était tombé autre part, ils n’auraient jamais été embarqués dans cette histoire. Les villageois diront même que Indy est venu du ciel pour leur venir en aide.
Ce qui est génial avec ce long métrage, c’est cet aspect inattendu et déconstruit, ce ne sont pas les personnages qui vont à l’aventure mais l’aventure qui vient à eux. On est donc dans un film d’aventure dans ce qu’il a de plus pur. Le film est d’une efficacité folle, on sent l’envie de donner au spectateur un blockbuster sincère, généreux et marquant.
Les scènes culte s’enchaînent à toute vitesse et jamais on ne s’ennuie. Entre l’introduction, le crash, la scène du repas, tout le passage dans l’entre de la secte, le train de la mine ou l’incroyable climax sur le pont, tout est fait pour nous en mettre plein les yeux.
Le long métrage prend en plus de cela des risques en étant, comme je l’ai dit, assez différent de son prédécesseur. Sa noirceur et sa violence sont également une preuve que le film ne va pas là où on l’attend. Spielberg a beau critiquer cet élément de son œuvre, cela prouve tout de même qu’il avait une réelle vision d’auteur.
Plus violent mais aussi plus drôle
Si le film est effectivement plus violent, il est également paradoxalement l’épisode le plus drôle de la saga. Il ne se prend pas toujours au sérieux et n’a jamais peur d’aller à fond dans ses idées, tombant presque parfois dans le grotesque un peu parodique, mais ça fait partie de son charme. La scène de l’arrachement de cœur est impressionnante, mais aussi tellement « too much » qu’elle fait sourire.
Les personnages sont très agréables à suivre, Indy est à la fois drôle et charismatique, Demi Lune est attachant et intrépide, et Willie est effectivement insupportable mais cela fait partie de son personnage, elle est voulue ainsi. Il s’agit d’une parodie de demoiselle en détresse et l’un des éléments comiques du film. Néanmoins je comprends qu’on trouve le personnage assez sexiste quand on observe le film aujourd’hui. N’oublions pas le terrible antagoniste Mola Ram, interprété par un acteur habité par son rôle et qui a la gueule pour.
On pourrait peut-être reprocher au film sa représentation tout de même fort caricaturale de l’Inde, mais ça a un aspect naïf que je trouve fort attachant. En bref Indiana Jones et le Temple Maudit est une œuvre culte, unique en son genre, truffée d’inventivité, et qui possède de réelles séquences d’anthologie.
C’est clairement l’épisode le plus fou de la franchise et c’est ce grain de folie, parfaitement dosé qui fait son charme.
Une critique de notre rédacteur d’un film plus récent : Mission Impossible 7.
Scène du dîner chez le maharadjha :