« Fallen Leaves », une histoire d’amour simple et mélancolique
« Fallen Leaves » est une histoire d’amour presque chaste, avec un seul baiser timide sur la joue et sans l’adrénaline des premières amours, si instables, si pleines de mélodrame. C’est un film magnifiquement défini par la métaphore du titre : des feuilles mortes, un amour d’automne, une tentative de deux personnes de bannir la solitude, de guérir l’un à travers l’autre.
Ansa (Alma Pöysti) est une femme belle et solitaire dont le père et le frère ont succombé à l’alcoolisme. Il vit une situation précaire, il travaille dans un supermarché, puis fait la vaisselle et sert les tables dans un bar. Holappa (Jussi Vatanen) est un homme ordinaire qui travaille dans diverses usines dont il est licencié pour avoir trop bu, même pendant les heures de travail.
Les deux se rencontrent lors d’un spectacle de karaoké. Ils se perdent d’abord de vue, puis se retrouvent, mais ils se perdent à nouveau. Ils se retrouvent encore et tentent de construire une relation.
Le film n’a pas d’enjeu social, même si la pauvreté des deux personnages est la note qui accompagne le récit. L’esthétique réaliste d’un paysage industriel contemporain brutal, avec la dureté grise des machines lourdes, est plutôt un paysage qui exprime la solitude des personnages. Quand on les retrouve, c’est dans des lieux beaucoup plus colorés, comme le cinéma avec des affiches des années 50 et 60, ou à la maison d’Ansa avec des objets anciens, comme les radios vintage sur lesquelles Ansa écoute les informations sur la guerre en Ukraine.
Ce sont des intérieurs à l’esthétique des années 60-70, colorés, chaleureux et calmes, qui tendent à faire rêver. Comme si c’était possible, l’amour réchauffe les gens et les choses. Ce détail propre au style cinématographique d’Aki Kaurismäki fait plonger le film en quelque sorte dans le surréalisme, dans une dimension onirique et un passé plus indulgent avec les gens.
L’alcoolisme est un sujet lourd, mais il n’y a rien de lourd dans ce film léger comme une feuille d’automne, une histoire d’amour en mode mineur. Et ce n’est même pas une histoire d’amour, c’est juste une tentative d’effacer la solitude, ce qui change légèrement le registre des histoires d’amour classiques. C’est quelque chose de plus et de moins qu’un amour cinématographique, il a un enjeu existentiel différent.
Le cinéma finlandais comme on l’aime.
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Bande-annonce Fallen Leaves :