« The Old Oak », ou comment créer une communauté
Ken Loach est bien connu pour ses films réalistes aux messages sociaux forts. Il a reçu deux fois la Palme d’Or pour « Le vent qui secoue l’orge » (2006) et pour « Moi, Daniel Blake » (2016). Jusqu’en 2023, il a été le réalisateur avec le plus de films inscrits en compétition cannoise (15). Le palmarès d’un grand artiste.
J’avoue que « Moi, Daniel Blake » est à mon avis un film de référence. Plus qu’un film social, son message est existentiel : la vieillesse et la maladie comme échappatoires à l’humanité, à l’inadaptation et à la désocialisation. Plus que la pauvreté, le film parle de déshumanisation sous tous ses aspects.
La même chose se produit avec le film « The Old Oak » (2023), une histoire sur la pauvreté dans une petite ville minière anglaise, où les maisons sont de moins en moins chères et constituent donc une bonne opportunité pour accueillir des réfugiés syriens. Les gens n’ont d’autre divertissement que la bière au The Old Oak, le bar tenu par TJ (Dave Turner), bénévole dans une association d’aide aux réfugiés. Un jour, une famille de réfugiés syriens arrive au village, dont seule Yarra (Ebla Mari), la fille aînée, parle anglais.
Une occasion de révéler les comportements humains les plus divers, du racisme le plus grossier à l’empathie et à la chaleur. En raison de la diversité des attitudes et des personnages, le film est sauvé de la thèse froide, même si son message est simple, comme pour les enfants : une communauté naît de la connaissance du prochain, de l’empathie et de la patience. Et elle naît de gestes simples, comme un repas chaud par semaine, cuisiné ensemble, pour régaler les enfants pauvres de la ville, souvent laissés affamés par les parents qui doivent choisir entre payer le loyer et acheter de la nourriture.
Remarquable est le rôle joué par Dave Turner, un comédien avec une expérience d’acteur minime (il jouait avant un petit rôle dans Moi, Daniel Blake… un pompier !) peut-être le personnage le plus complexe du film qui, avec la jeune Ebla Mari, incarnent deux univers culturels différents. Mais avec tout ce qu’ils ont de meilleur : de la chaleur, de l’empathie, mais aussi une immense quantité de souffrance.
Le personnage de TJ a un côté tragique (comme tous les grands personnages) mais Dave Turner joue son rôle avec beaucoup de délicatesse et de discrétion. Dans la mer déchaînée des voix bruyantes des ex-mineurs ou de leurs descendants tout aussi pauvres, TJ est la voix de la raison et celui qui parviendra à faire naître, avec la jeune Yarra, plus de compréhension entre les gens. The Old Oak, un beau film, profond et humain, que je recommande.
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Bande-annonce The Old Oak :