« Ernest et Célestine » est un film d’animation belgo-franco-luxembourgeois sorti en 2012 et  adapté de la série de livres pour la jeunesse du même nom. Ce qui frappe lorsqu’on observe ce long métrage, c’est sa faculté à aborder des thèmes très forts et d’être en même temps d’une extraordinaire douceur. En effet, le film donne vraiment le sourire, grâce à ses personnages extrêmement attachants, son univers charmant et sa superbe animation.

Paradoxalement l’histoire est au départ plutôt triste, on nous montre une société peuplée d’ours et de souris, les premiers vivent en haut et sont les dominants et les secondes vivent sous terre et doivent tant bien que mal subvenir à leurs besoins. Les ours et les souris ne se fréquentent pas, ils vivent complètement séparément et se craignent.

Ernest et Célestine © Studiocanal / Cinéart

Pourtant une improbable amitié va naître entre deux individus, Célestine la petite souris et Ernest, l’ours, tous deux rejetés par leurs congénères. Ce n’est pas un sujet spécialement original, mais il est traité avec une telle simplicité et une telle efficacité que cela fonctionne avec brio.

Des personnages tellement attachants

L’une des plus grandes qualités de l’œuvre sont ses deux personnages principaux, on s’attache instantanément à eux. Ils sont superbement bien écrits et tellement touchants. On a d’abord Célestine, la petite souris. Elle est intrépide et très intelligente et on apprécie tout de suite son fort caractère. Elle est différente des autres souris et ne désire pas devenir dentiste alors que c’est la destinée qu’on veut la forcer à emprunter.  Ses particularités vont l’amener à être rejetée par les autres.

Ernest et Célestine © Studiocanal / Cinéart

Ensuite il y a Ernest, l’ours. Il est maladroit, légèrement bêta et un peu paresseux, pourtant sa bonhomie nous le rend drôle et attachant. On a de la peine pour lui, il est complètement fauché et il est réduit à devoir fouiller dans les poubelles pour survivre.

Le long métrage dénonce les sociétés qui rejettent ceux qui ne se conforment pas à la norme. Le duo entre ces deux personnages atypiques est merveilleux. Ils sont très différents et pourtant se complètent et vont formidablement bien ensemble.

Ernest et Célestine © Studiocanal / Cinéart

Leurs interactions sont touchantes et parfois très drôles, on pense particulièrement à la scène de la rencontre qui est un véritable bijou d’humour et d’inventivité. Comme il a été dit précédemment, les thèmes sont d’abord assez tristes, mais ce sont justement ces protagonistes et cette amitié qui insufflent au film cette douceur. Les deux personnages malheureux vont se rencontrer et trouver enfin le bonheur.

Un film d’animation sublimé par de formidables comédiens de doublages

Il faut souligner la qualité des doublages, ils sont tellement bons que je ne peux pas imaginer d’autres comédiens faire la voix de personnages. C’est Pauline Brunner qui interprète Célestine et elle est parfaite, elle retranscrit parfaitement le caractère vif, intrépide et en même temps très doux et rêveur du personnage.

Ernest et Célestine © Studiocanal / Cinéart

C’est le célèbre acteur Lambert Wilson qui prête sa voix à Ernest et il est fabuleux. Son timbre nous fait vraiment bien ressentir l’aspect empoté, endormi et un peu bougon du personnage. Sa performance contribue grandement à nous rendre ce gros nounours touchant et très drôle, souvent malgré lui.

Un film charmant et doux, mais également engagé

La critique de la société que dresse le long métrage est également très belle et juste. On dénonce la peur de l’autre et de ce qui n’est pas comme nous, avec ces souris et ses ours qui vivent totalement séparément et qui cherchent à s’éviter alors qu’ils n’ont jamais appris à se connaître.

Ernest et Célestine © Studiocanal / Cinéart

Le film nous montre bien l’absurdité de ces préjugés, à la fin Ernest se retrouve dans un tribunal de souris et Célestine dans un tribunal d’ours. Un parallèle très intéressant est dressé entre les deux procès. Les juges souris et ours, qui ne se connaissent pas, s’expriment pourtant exactement de la même façon et ont les mêmes raisonnements.

Ces deux êtres que tout oppose sont en réalité assez semblables, il n’y a donc aucune raison que ces deux peuples se repoussent, tout est dans leur tête. Vous l’aurez compris « Ernest et Célestine » est un formidable film d’animation, à la fois drôle, émouvant et intelligent.

Ernest et Célestine © Studiocanal / Cinéart

Rapide retour bonus sur la suite sortie 10 années après, « Ernest et Célestine: le voyage en Charabie » 

Ce second volet est réussi et vaut la peine d’être vu aussi même si il est clairement inférieur à son aîné à mes yeux. Il se penche en profondeur sur le passé d’Ernest et il est toujours engagé car il est une satire des régimes totalitaires.

Malheureusement, les thèmes graves sont traités de manière trop légère, ce qui nous fait moins nous impliquer dans les enjeux et Célestine est un peu effacée par rapport à Ernest. Cela reste cependant toujours un bon film d’animation, avec un style visuel fantastique, une histoire intéressante et de magnifiques personnages qu’on est heureux de revoir.

Bande-annonce en FR :


Anima 2024, le festival du Film d’Animation de Bruxelles