Qui aurait cru que la plus brillante réussite du studio Dreamworks serait centrée sur un panda qui fait du kung fu ? Le second opus de la saga, « Kung Fu Panda 2», étonne par son audace, par la profondeur de ses thématiques et par la complexité de ses personnages et de leurs développements. Le long métrage est d’une puissance émotionnelle rare et vous touchera en plein cœur. Il est l’une de ces rares suites à surpasser grandement l’œuvre originale.

« Kung Fu Panda » premier du nom, fait partie de ces films qui sont infiniment meilleurs que ce qu’ils semblent être. En effet, faire un long métrage d’animation sur un panda qui pratique les arts martiaux paraît être une idée ridicule au premier abord.

© Dreamworks

On dirait le début d’une mauvaise blague. On aurait pu avoir une œuvre lourde et grossière, qui se serait moqué de l’absurdité d’un personnage, logiquement pas du tout qualifié pour exercer un sport de combat.

Un premier volet prometteur

Et pourtant, lorsqu’il est sorti en 2008, « Kung Fu Panda » fut une très bonne surprise. Le film est, en effet, rempli d’humour et de gags et le protagoniste est, au départ, très maladroit, cependant celui-ci évolue de manière très intéressante. Il est réellement mis à l’honneur et on s’attache à lui. Le long métrage parvient à développer une histoire forte, avec de jolis moments d’émotions. II y a un vrai un univers riche et complexe qui est imaginé et on s’y plonge avec beaucoup de plaisir.

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Ici, le message est le dépassement de soi, on a un personnage malheureux dans sa vie, qui se croyait incapable d’accomplir quoi que ce soit, qui finit par devenir un grand héros. Tout cela est bonifié par une animation somptueuse et des scènes de combats très spectaculaires et excellemment mises en scène. Le film bénéficie aussi d’une magnifique bande originale composée par Hans Zimmer. Bien qu’il ne soit pas un grand film d’animation, c’est une très belle réussite. Si ce premier volet développe déjà de belles choses, ce qui est traité dans le second est encore bien plus puissant.

Kung Fu Panda 2, un second film admirable, qui transcende son ainé

À mes yeux, c’est cet épisode qui se chargera de réellement faire briller cette saga de mille feux. C’est la cinéaste Jennifer Yuh qui le réalise et on sent avec cette suite une volonté d’aller plus loin et de livrer quelque chose de très fort.

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Le film est d’une ambition folle, il est plus intelligent et plus complexe que son aîné. Il n’hésite pas à prendre des risques. L’équipe derrière cette œuvre est passionnée par leur art et ils désirent nous raconter une grande histoire. Ici, Po, le protagoniste principal, va être poussé dans ses plus profonds retranchements. Il va devoir faire face à une épreuve intense : être confronté à son propre passé.

L’un des méchants les plus profonds et mieux écrits vus dans un film d’animation

Le seigneur Shen est l’antagoniste principal, c’est lui qui va faire ressurgir des souvenirs que Po avait enfoui depuis longtemps. Ce personnage est l’une des grandes forces de l’œuvre, il est terriblement bien écrit et marquant. Il est un paon, un animal qui représente originellement la majesté et le raffinement. Shen s’est éloigné de cela, son élégance s’est peu à peu transformée en soif de pouvoir et de contrôle. Il s’est laissé complètement envahir par la haine.

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Il s’agit d’un personnage malade, vicieux et blessé au plus profond de lui-même. Le manque d’amour qu’il a reçu de ses parents a fait naître en lui une rancœur immense envers le monde entier.

Son orgueil et son envie de dominer les autres sont en réalité une démonstration de son manque de confiance en lui-même. Il désire montrer à ceux qui l’ont rejeté ce qu’il est capable de faire, quitte à semer la mort et la souffrance. Il n’a reculé devant rien pour avoir ce qu’il voulait et ça l’a transformé en monstre. Shen sait jusqu’où il est allé et la gravité de ses actes. Il n’inspire plus que la peur chez les autres et un retour en arrière n’est plus possible.

Une prophétie lui a révélé que sa quête échouera, car il sera arrêté par un guerrier de noir et de blanc. Il n’hésitera pas à commettre un génocide en tentant de tuer tous les pandas. Lorsqu’il apprendra qu’un individu a survécu et que celui-ci s’apprête à l’affronter, il va être terrifié. Il va essayer de masquer sa peur par de l’orgueil et du sarcasme, mais Shen est en réalité terrorisé par Po et par sa défaite prochaine qu’il sait inévitable.

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Ce qui est très intéressant avec cet antagoniste, c’est qu’il ressent des émotions, malgré le fait qu’il soit un être complètement malfaisant et extrême, il lui arrive également de rire et aussi d’avoir peur, c’est ce qui le rend aussi complexe.

Une œuvre sensationnelle par la justesse et la puissance des thématiques qu’elle aborde

Po, de son côté, va être amené à affronter son passé, il doit avancer dans sa vie en ayant conscience du fait que toute sa race a été exterminée. Ce qui est particulièrement remarquable dans le message véhiculé par l’œuvre, c’est qu’il ne s’agit pas uniquement d’accepter son passé, cela va bien plus loin. Le long métrage nous apprend que notre vie n’est pas définie forcément par les épreuves tragiques que nous traversons, qu’il y a moyen d’accomplir de grandes choses et de s’épanouir malgré cela.

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Po n’est pas juste le survivant d’un génocide, il est devenu un héros qui a réalisé et réalisera encore de formidables exploits. Énormément de personnes dans la vie réelle, qui ont subi des traumatismes pensent qu’elles ne pourront jamais passer outre et que leurs vies seront indéfiniment marquées au fer rouge par cela. Je pense que la vision de ce long métrage peut vraiment les aider à se reconstruire. C’est incroyable qu’un film sur un panda qui fait du Kung Fu véhicule des messages aussi forts.

Po parvient, malgré ce qu’il a enduré, à trouver la paix intérieure, ce qui est infaisable pour Shen. Ce dernier traîne son obsession pour le pouvoir et sa haine comme des boulets. Il s’agit d’une sorte de virus qui l’empoisonne et dont il ne peut se détacher. Lorsqu’il meurt, il ferme les yeux, la mort arrive comme la seule possible libération pour lui, qui peut enfin le débarrasser de la haine qui le hante.

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« Kung Fu Panda 2 » est donc un très grand film trop sous-estimé. Il est sombre et ose traiter de thématiques fondamentales et bouleversantes. Il s’agit d’un film d’animation fantastique, intelligent et parfaitement écrit. Je pense réellement que « Kung Fu Panda 2 » était un trop bon film pour le studio, qui n’a pas apprécié son ton plus sérieux.

Des opus suivants nettement moins réussis

La même réalisatrice a mis en scène le troisième et on sent qu’elle n’a pas pu faire tout ce qu’elle voulait. Si il reste un bon film, il s’agit d’un grand pas en arrière par rapport à ses prédécesseurs, il est bien moins intéressant et émouvant. On a empêché la cinéaste de réitérer son merveilleux travail sur le second volet. Néanmoins, le troisième reste de bonne facture comparé au quatrième. Ce long métrage est une insulte à toute la franchise.

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Jennifer Yuh n’est plus derrière la caméra et a été remplacée par un réalisateur fainéant qui n’avait aucune envie de faire des efforts. « Kung Fu Panda 4 » est un film bête, lourd et jamais drôle. Une pompe à frics que Dreamworks a produit sans la moindre inventivité et qui manque de respect aux épisodes précédents. Un film à bannir. En revanche, voyez les trois premiers opus et particulièrement le superbe deuxième épisode, ils en valent la peine.

Le combat final entre Kung Fu Panda et le Paon :


« Kung Fu Panda 4 », où va Dreamworks ?