Dans une petite bourgade du Kentucky, Jemina Jem Starling, jeune fille de 17 ans, essaie de trouver sa voie dans le village fondamentaliste chrétien dans lequel elle vit. Issue d’une famille nombreuse, c’est sur elle que repose le guidage de ses jeunes frères et sœurs. Mais ce qui la motive le plus c’est la danse.

Alors qu’elle est promise au benjamin du révèrent Taylor, Owen le grand frère de ce dernier, juste revenu d’une mission religieuse à Porto Rico, semble taper dans l’œil de Jemina. Problème, ce dernier est marié, et le mariage arrangé entre Jemina et le petit frère Ben se concrétise de plus en plus en raison de la détermination de leurs parents respectifs. S’ensuit une passion interdite dans un milieu très conservateur par rapport à l’amour et au libre arbitre.

Eliza Scanlen dans le rôle de Jemina Starling © 2AM

Brillamment réalisé par Laura Parmet (dont c’est le premier long-métrage) et doté de l’excellente photographie de Brian Lannin, le film était en compétition au Festival de Sundance dans la catégorie Prix du Jury et gagna le prix de la Réalisatrice à Suivre au Palm Spring Festival en 2023. Ce film, toujours pas distribué dans les cinéma hors festival, a cependant atterri sur Netflix l’été dernier.

Le chef opérateur Brian Lannin à côté d’Eliza Scanlen et de la réalisatrice Laura Parmet © Photo IMDb

Il est très agréable de reconnaître certains visages familiers parmi les seconds rôles du cinéma américain, tel que le séduisant Lewis Pullman (Bad Time at El Royal, Top Gun : Maverick, Lessons in Chemistry, ou le récent Salem) dans le rôle de l’amant irrésistible, la subtile mais brillante Eliza Scanlen (Little Women, Le Diable tout le Temps, Old, Milla, Sharp Object), ou le roi des seconds rôles Jimmi Simpson. Le tout bercé par la musique originale de Ben Schneider qui nous livre en bonus un morceau inédit de son groupe Lord Huron (The Night We Met).

Laura Parmet (en bleu) entourée du casting du film © Photo IMDb

Outre la technique irréprochable, le film nous laisse un goût de trop peu. Certes un Roméo & Juliette chez les Évangélistes semble alléchant comme point de départ sur le papier, mais le résultat final nous laisse pantois quant au choix final de Jemina. Quant à la communauté religieuse, impossible de savoir s’il s’agit de Red Necks ou de Good Old Boys. La politique est totalement absente du long-métrage, et la technologie est tellement inexistante que l’on pourrait se croire chez les Mormons.

© 2AM

Deux sous-sujets sortent heureusement du lot, les non-dits et les problèmes d’alcoolisme qui rongent cette communauté étriquée et repliée sur elle-même. Mais surtout la danse, exprimée ici dans son sens premier et donc sacré, un moyen de communication entre les humains et Dieu. Une vision que Jemina partage partiellement, elle qui aspire à devenir danseuse professionnelle dans le monde extérieur à sa communauté, loin de ses semblables, et qui deviendrait un art à part entière, et donc profane.

La bande-originale du film du groupe « Lord Huron » © Lord Huron

Le lien entre la danse et le sexe est donc astucieusement abordé sans en faire trop, et même si toutes les raisons positives évoquées ci-dessous demeurent, il ne nous en reste pas moins une impression douce-amère où toutes ces images et ces musiques tournoient en nous comme un alcool trop sucré, ou un champagne imparfait. Mais rien n’y fait, une partie de notre âme est coincée dans ce film… Les paroles s’envolent, les images restent.

Bande-annonce en ANGL :


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