Anouk Aimée, l’actrice à la mystérieuse beauté, l’héroïne du film Un homme et une femme, a été appelée ce 18 juin vers des plus hautes sphères. Étoile, elle rejoint les étoiles.

Anouk Aimée était une femme d’une grande beauté, et une actrice de grand talent. Mais elle fut d’abord une petite fille pourchassée par les nazis. Née en 1932 à Paris, elle s’appelait Nicole Françoise Dreyfus, fille du comédien Henry Dreyfus, dit Henry Murray, et de la comédienne Geneviève Durand, dite Geneviève Soria.

Anouk Aimée © Instagram

Fille de comédiens, cela lui fut bien utile pour jouer dès l’âge de dix ans le rôle d’une petite fille chrétienne appelée Françoise Durand, nom d’enfant caché composé de son second prénom et du nom de sa mère. Parvenant à éviter ainsi le port de l’étoile jaune, elle est placée en pensionnat loin de Paris à Morzine en Haute-Savoie.

Anouk Aimée dans « Lola » de Jacques Demy © Ciné-Tamaris

Dès après la guerre, en 1946, elle est remarquée pour sa grande beauté par le réalisateur Henri Calef alors qu’elle dîne dans un restaurant chinois de Paris avec sa mère. Elle a quatorze ans et débute au cinéma dans le film de ce réalisateur, La Maison sous la mer, en 1947. Son personnage s’appelle Anouk. Sur le film suivant, La Fleur de l’âge, toujours en 1947, un film inachevé de Marcel Carné, elle rencontre le poète Jacques Prévert qui en est le scénariste. Elle choisit de prendre pour pseudonyme le prénom de son premier personnage, Anouk, et, sur une suggestion de Prévert, le nom de famille Aimée. En effet, quoi de plus poétique pour une jeune fille? Anouk Aimée. Ce nouveau nom lui portera bonheur et la mènera sur les plus hautes marches de la gloire.

Anouk Aimée en 1963 © DR

Poursuivant ses études secondaires en Angleterre, elle suit des cours d’art dramatique et de danse; elle aurait voulu embrasser la carrière de danseuse, mais le cinéma l’appelle. Jacques Prévert et André Cayatte la rappellent en 1948 pour donner la réplique à Serge Reggiani dans Les Amants de Vérone. Sa carrière est lancée, les tournages se succèdent durant les années 50, jusqu’à ce qu’au début des années 60 elle rencontre la gloire dans le film iconique La Dolce Vita de Federico Fellini en 1960, suivi de Lola de Jacques Demy en 1961.

La Dolce Vita, 1960, avec Marcello Mastroianni © DR

Avec Un homme et une femme de Claude Lelouch en 1966 elle décrochera le prix de la « Meilleure Actrice dans un film dramatique » aux Golden Globes (États-Unis), et de la « Meilleure actrice étrangère aux Bafta (Royaume-Uni). Elle sera aussi récompensée en 1980 au Festival de Cannes par le « Prix d’interprétation féminine » pour Le Saut dans le vide de Marco Bellocchio, et recevra un César d’honneur en 2002. C’est aussi avec Claude Lelouch qu’elle tournera son dernier film, Les Plus Belles Années d’une Vie, c’était en 2019, elle avait 87 ans.

Huit et demie, 1963 © Wikipedia commons

Également comédienne de théâtre, elle a joué pendant 24 ans avec un succès jamais démenti la pièce Love Letters, donnant successivement la réplique à Bruno Cremer, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret, Jacques Weber, Alain Delon et Gérard Depardieu. Donner la liste des acteurs, actrices, réalisateurs, avec lesquels elle a tourné, n’aurait pas de fin. Que l’on se rappelle juste que ce furent les plus grands de son temps.

La Dolce Vita, 1960 © DR

Mariée quatre fois, elle a eu une fille Manuella avec le réalisateur et directeur artistique français d’origine gréco-éthiopienne Nikos Papatakis, le patron du cabaret La Rose Rouge à Saint-Germain-des-Prés. Elle a aussi partagé un moment la vie de Warren Beatty, Omar Sharif ou encore Élie Chouraqui. Elle a longtemps soutenu le combat de son amie la militante écologiste et éthologue Jane Goodall en faveur de la nature et des animaux. Anouk Aimé est décédée ce mardi 18 juin 2024 à Paris, la ville qui l’avait vue naître.

Retrouvez deux minutes de grâce d’Anouk Aimé dans un florilège de ses rôles :


Françoise Hardy, l’autre icône des années 60 qui vient de nous quitter.