Avant de nous plonger dans l’analyse de ce long métrage, je me permets de faire une petite digression. En effet, j’ai eu la chance de voyager aux Etats-Unis durant ce mois de juillet, ce fut une expérience sensationnelle et je suis revenu en Belgique avec des étoiles dans les yeux. Avoir pu assister à un discours de Arnold Schwarzenegger, lors de la fête nationale, est sans conteste l’un de mes plus beaux souvenirs de ce séjour.
« Terminator », « Predator », « True lies », ou encore mon favori « Total recall », toutes ces œuvres possèdent une chose en commun : Arnold Schwarzenegger. On ne présente plus cet acteur légendaire, il est l’une des figures les plus mythiques du cinéma d’action des années 80 à 90, sa carrière a laissé une trace indélébile dans l’histoire du septième art. Son succès lui a permis de se lancer dans la politique et il a été gouverneur de Californie de 2003 à 2011.
Schwarzenegger lors de son discours © The Zebra press
Je me suis rendu à « Mount Vernon » en Virginie, ce 4 juillet 2025. Ce lieu est très important et symbolique pour les Américains, car c’est là qu’a vécu George Washington, le premier président du pays. Ce jour-là, des immigrés recevaient leur nationalité américaine, et c’est à cette occasion que Schwarzenegger a prononcé son discours.
J’ai été très touché et impressionné par ses paroles. Le comédien s’est confié sur son arrivée aux États-Unis, étant lui-même un immigré et il a félicité tous ces nouveaux citoyens. Il leur a dit à quel point leur présence dans le pays était nécessaire et il s’est exprimé sur l’importance de l’immigration et l’apport culturel énorme de celle-ci.
Pour rendre hommage à cette légende… je vais vous parler de l’un de ses plus mauvais films. Cela peut bien sûr vous sembler paradoxal, mais « Batman et Robin » est une œuvre qui a été détestée à sa sortie, mais qui a gagné au fil des années un capital de sympathie immense. Pour moi, il est très intéressant de l’analyser.
Schwarzenegger lors de son discours © Stars and Stripes
Ce long métrage, sorti en 1997 et mis en scène par Joël Schumacher, est considéré comme le pire film sur l’homme chauve-souris, à tel point que le réalisateur s’en est excusé. Le même cinéaste s’était occupé du précédent opus « Batman Forever » un épisode déjà fort critiqué pour son aspect très cartoon et comique, qui s’éloignait drastiquement du ton sombre des films de Tim Burton. J’aime personnellement beaucoup ce long métrage, je le prends comme une parodie très ingénieuse de Batman et un hommage au style kitsch des années 60.
Sans être un échec complet pour moi, ce « Batman et Robin » mérite bel et bien sa réputation de gros nanar et rate presque tout ce que « Forever » réussissait. Avant d’aborder les défauts, penchons-nous d’abord sur les qualités, car oui, « Batman et Robin » possède de bonnes choses malgré tout.
© Warner Bros
Les effets spéciaux sont bien gérés pour l’époque et pour la plupart, passent encore bien aujourd’hui. Certains visuels sont vraiment beaux et impressionnants, particulièrement les plans d’ensemble sur la ville de Gotham, très bien réalisés, bien mieux que dans son prédécesseur. Je pense notamment à l’observatoire de Gotham avec les statues qui est visuellement très réussi. Le traitement du personnage d’Alfred et de sa maladie est vraiment très touchant. Dommage que cela soit sous-exploité, parce que c’était clairement la chose la plus intéressante du film.
Michael Cough, dans ce rôle,livre incontestablement la meilleure performance de l’œuvre (et la seule réussie du film d’ailleurs). La bande originale est également bonne, mais c’est quasiment la même que celle de « Forever» donc ce n’est pas très étonnant. On peut noter également quelques scènes qui fonctionnent, le film contient des fulgurances.
Schwarzenegger dans Barman et Robin © Warner Bros
Un film qui se noie dans le ridicule
Attaquons-nous maintenant aux défauts de « Batman et Robin ». Premièrement, les comédiens. George Clooney est très médiocre en Batman, le rôle ne lui va absolument pas. Autant en Bruce Wayne, il est correct (et encore, je suis vraiment gentil) Mais lorsqu’il met le costume de la chauve-souris, jamais je ne parviens à le prendre au sérieux, tant le déguisement le rend ringard. Contrairement à Val Kilmer, qui même si il n’est pas le meilleur Batman, reste un minimum crédible. Je pense que même si moi j’enfilais la tenue, j’aurai l’air plus convaincant que Clooney.
Schwarzeneeger en Mister Freeze © Warner Bros
Il s’agit certainement du pire rôle de la carrière de Arnold Schwarzenegger, qui joue ici l’antagoniste principal du film, Mister Freeze. Le comédien a besoin d’être bien dirigé pour livrer de bonnes performances, là il est livré à lui-même, est totalement en roue libre et ne sait pas ce qu’il doit faire, ce qui fait qu’il cabotine à mort. Il est constamment dans la surenchère et dans le grotesque absolu. Il a plus l’air d’un guignol que du grand méchant de l’histoire. Le personnage reste drôle, mais pas pour les bonnes raisons.
Uma Thurman est raisonnablement médiocre en Poison Ivy, mais s’en sort mieux que certains autres comédiens, c’est plutôt son costume, d’une saisissante laideur, qui me pose problème. Particulièrement ses sourcils, qui sont censés être des feuilles, mais qui ressemblent plutôt à des bouts de plastiques collés à cet endroit et peints en vert. Alicia Silverstone en Batgirl est peut-être la pire actrice du film. Il n’y a pas une seule phrase qu’elle prononce qui sonne juste. Elle est tout le temps mauvaise, à croire qu’elle le fait exprès.
© Warner Bros
Chris O’Donnell dans le rôle de Robin est l’un des moins mauvais acteurs du long métrage et l’un des seuls qui essaye de jouer correctement (j’ai bien dit essaye). Je n’ai pas retrouvé avec « Batman et Robin » ce que j’appréciais dans « Batman forever ». Car même si « Forever » se voulait être parodique, il gardait une histoire un minimum cohérente, avec « Batman et Robin » le scénario n’a aucun sens et est truffé d’incohérences. Pourquoi Freeze veut-il geler Gotham pour demander une rançon pour soigner sa femme, alors que visiblement, avec toutes les technologies qu’il possède, il doit être riche à milliards ?
De plus, là où l’humour de « Forever » était fin et fonctionnait très bien, celui de « Batman et Robin » est lourd et complètement idiot. Le film est rempli de jeux de mots sur le froid ( parce que le méchant fait du froid et s’appelle Mister Freeze, donc c’est drôle) dans le genre « c’est l’iceberg qui débarque », « ne compte pas me mettre au frais » ou encore « tu sais garder ton sang-froid Batman ? » C’est à se demander si les scénaristes n’étaient pas défoncés quand ils ont écrit les dialogues. L’aspect parodique fonctionnait très bien dans « Forever » mais ici, l’humour est trop bête pour que cela fasse le même effet. Cela fait rire, oui, sauf que dans « Forever » on rigolait avec le film. Dans « Batman et Robin » on rigole du film.
Un authentique nanar à gros budget
Les scènes d’action sont, pour la plupart, à côté de la plaque. Particulièrement les séquences où Batman et Robin font du hockey sur glace en affrontant les sbires de Freeze. On voit bien que les deux comédiens ne savent pas quoi faire et en conséquence, ils font n’importe quoi. Le Batman de « Forever » restait, malgré tout, convaincant lors des scènes d’action, ici pas du tout, il n’a aucune crédibilité et ressemble plus à un type ivre qui essayerait de se battre.
© Warner Bros
Je trouve personnellement « Forever » plus fun que celui-ci, j’ai l’impression que Batman et Robin » n’assume pas réellement d’être une comédie. En effet, certains passages sont en dissonance totale avec le ton burlesque qui domine dans le film. Par exemple, les scènes où Freeze se rappelle de sa femme, ou les scènes avec Alfred mourant, ne sont pas du tout dans un ton humoristique et s’intègre très mal à l’ensemble.
En conclusion, même si j’ai passé un bon moment devant « Batman et Robin » qu’il possède tout de même quelques qualités et que j’ai une certaine affection pour le long métrage, il reste néanmoins un film raté. L’humour est lourd et tout est constamment grotesque. Schumacher s’est complètement laissé dépasser par son film. Cependant je suis content que cette œuvre existe tout de même, au fil du temps, le public a commencé à aimer détester ce film, il a fait rigoler tellement de monde malgré lui et on s’est tellement délecté à le tacler qu’il est devenu une œuvre culte . « Batman et Robin » est un authentique nanar.
Un très mauvais film, mais pour lequel on a tout de même de la sympathie. N’oublions pas que sans ce long métrage, on n’aurait pas eu l’exceptionnelle trilogie Batman de Christopher Nolan, car son échec critique a permis une remise en question et a donc laissé place a quelque chose de plus sérieux, mature et réaliste.
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