« Coiffeuse d’âmes », l’étrange voyage vers l’au-delà
Au terme de cette saison 2021-2022, le théâtre royal du Parc programme une pièce comique aux allures de conte philosophique. Coiffeuse d’âmes, de Valériane de Maerteleire et Thierry Debroux, nous invite à un voyage initiatique qui débute un soir de Noël dans un salon de coiffure très particulier.
Un étrange rendez-vous
24 décembre. C’est l’effervescence. Tout le monde est affairé aux derniers préparatifs de la veillé de Noël. Éléonore, coach de vie célibataire, va passer la soirée en compagnie de François, un « ami ». L’heure du rendez-vous se rapproche et pourtant elle n’est pas encore prête. Elle file au premier salon de coiffure qui se trouve sur son chemin en espérant qu’il la prenne même si elle n’a pas de rendez-vous. Mais en passant le pas de la porte de l’établissement, rien ne se déroule comme elle l’avait imaginé. Le salon est vide et la coiffeuse attendait sa venue.
Un voyage hors du temps
Au-delà de l’atmosphère magique qui caractérise la fête de Noël, Coiffeuse d’âmes emmène rapidement le spectateur vers un ailleurs réconfortant. Cette ambiance doit beaucoup au décor. Une fois le rideau levé, on découvre une devanture de magasin style art nouveau, avec son esthétique des lignes courbes. Par les fenêtres de la vitrine, on aperçoit la neige qui tombe à gros flocons. À l’intérieur du salon, un vieux fauteuil capitonné attend le futur client. La douce voix de Billie Holiday, icône de jazz des années 40 et 50, sort d’un poste de radio tout aussi vintage. Une jeune femme, habillée à la manière d’une femme de chambre de l’après-guerre, apparaît munie d’un plumeau pour astiquer le vieux mobilier. Une belle entrée en matière qui plonge le spectateur, comme par magie, dans une atmosphère pleine de charme hors du temps.
Rire pour mieux affronter la mort
Alors que l’histoire débute comme un conte de Noël, on se rend assez vite compte que la suite des événements n’en est rien. L’étrange rencontre d’Eléonore avec la coiffeuse est en réalité un rendez-vous inévitable pour chacun d’entre nous, un passage obligé qui nous amène vers un ailleurs tant redouté. Mais si le sujet est sombre, la pièce n’en est rien. Elle préfère l’humour et la poésie à la mélancolie. Quoi de mieux que d’aborder la mort par le rire pour faire taire les angoisses. Si on ne rit pas aux éclats, on suit avec beaucoup de plaisir le destin d’Eléonore à la découverte de cet après qui prend place dans un endroit inattendu, un salon de coiffure. On fait la rencontre d’une coiffeuse d’âmes, chargée d’accueillir la jeune défunte selon un protocole établi. Sauf que rien ne se passe comme prévu : une seconde âme, celle de Claire, entre dans le salon de coiffure, ce qui n’arrive jamais. La coiffeuse d’âmes se retrouve rapidement dépassée par les événements et tente tant bien que mal de sauver la situation. On sourit beaucoup face à la décontenance dont font preuve les trois femmes. La complicité entre les comédiennes contribue à la réussite de cette pièce intelligemment écrite où le loufoque côtoie habillement des réflexions plus profondes.
En effet, à travers la rencontre de ces trois femmes, la pièce fait réfléchir sur le sens que l’on donne à notre existence. Que retire-t-on de nos vies ? En a-t-on suffisamment profité ? Nous sommes-nous laissés le temps d’accomplir ce que l’on désirait ? C’est avec humour et légèreté que Coiffeuse d’âmes emmène le spectateur sur les voies de l’introspection. En effet, face à ces femmes qui tentent de déjouer la mort par le rire tout en tirant les leçons de leur passé, on en vient à réfléchir à notre propre vécu.
Coiffeuse d’âmes est une comédie réjouissante qui, au-delà de sa légèreté, tient un propos juste et interpellant. On sort de cette représentation le cœur joyeux.
Coiffeuse d’âmes de Valériane de Maeterleire et Thierry Debroux, mise en scène par Daphné D’Heur, avec Cindy Besson, Petra Urbányi et Anouchka Vingtier.
Durée : 1h10.
Du 30 mai au 19 juin 2022 au théâtre royal du Parc.