Incroyable Mais Vrai, quand l’absurde prend sens
Après Au Poste ! (2018), Le Daim (2019) et Mandibules (2020), alors que Fumer fait tousser est présenté au Festival de Cannes en mai passé, Quentin Dupieux revient avec son nouveau long-métrage Incroyable Mais Vrai. Le cinéaste français choisit Alain Chabat, Léa Drucker, Benoit Magimel et Anaïs Demoustier pour jouer dans son film encore et toujours régi par l’absurde et le surréalisme.
Ce film nous raconte l’histoire d’Alain et de Marie qui s’apprêtent à emménager dans une nouvelle maison. L’agent immobilier leur présente une mystérieuse trappe dans la cave ayant le pouvoir de radicalement changer leur existence. En parallèle, un couple d’amis leur révèle un secret pour le moins incroyable.
Un non-sens, vraiment ?
Quentin Dupieux confirme son talent à raconter des histoires surréalistes, absurdes et relevant de l’extraordinaire dans un monde pourtant banal. Le personnage d’Alain n’a lui rien d’extraordinaire. Assureur maladroit mais impliqué dans son métier, il n’arrive pas à envoyer un simple email à un client. Il mène une vie plutôt morne, mais il est plongé dans un monde de fous. Il est le seul à ne pas être corrompu, voire abruti par les phénomènes extraordinaires.
Quentin Dupieux interroge dans son récit la peur universelle de vieillir, dénonce l’utilisation à tout va des technologies et remet en cause la virilité excessive – voire toxique – ancrée au sein de notre société. Finalement, qu’est-ce qui est réellement absurde ? Son récit ou notre propre monde ?
Une esthétique simple mais efficace
Le film est économe en moyens. Le nombre de décors est limité et la photographie est sommaire. Un arrière-plan constamment flou brouille les traits de la réalité et fait entrer directement le spectateur dans un monde onirique. La temporalité du film n’est pas clairement définie, mêlant décors du passé, inventions modernes et idées futuristes. La musique conforte cette ambiance. Les choix artistiques correspondent à la volonté du réalisateur de produire vite et bien.
Les dialogues et le jeu d’acteurs prennent dès lors une place cruciale. C’est un pari gagnant. Les dialogues sont justes, sans artifices. Bien que le film soit bavard, Quentin Dupieux réussit à raconter sans faire parler, mais simplement en montrant. Grâce à un effet de montage et une bande sonore adéquate, le temps passe, des événements dégénèrent et une certaine moralité émerge.
Incroyable Mais Vrai nous éloigne des filmographies plus traditionnelles tout en rafraîchissant le paysage francophone de la comédie et de l’absurde. Il ne révolutionne pas pour autant le genre, ni sa filmographie personnelle.