« Le dernier face-à-face » est un western italien sorti en 1967 et réalisé par Sergio Sollima. Les amateurs de westerns spaghetti devraient l’adorer, car toutes les plus emblématiques caractéristiques du genre y sont présentes,  le film est très généreux.

On y retrouve de superbes scènes de poursuites à cheval. Des banques attaquées par des bandits charismatiques et ténébreux. Et bien sûr les immanquables duels aux pistolets, accompagnés de gros plans sur les visages et d’une tension à couper le souffle avant le tir. Cependant, tout cela ne constitue en réalité qu’une infime partie de la richesse de cette œuvre.

© Produzioni Europee Associate / Arturo González Cinematográficas

Des films réunissant ces caractéristiques, il y en a eu beaucoup, mais qu’est-ce qui fait que « Le dernier face-à-face » se démarque des autres ? La grande force du long métrage est qu’il a la volonté d’aller au-delà du simple divertissement, il s’intéresse à la psychologie de ses personnages. Ici, on observe la confrontation entre deux hommes que tout oppose. Brad Fletcher, un professeur un peu coincé et très intelligent, parti se retirer au Texas. Et Beauregard Bennet, un violent hors-la-loi recherché par les autorités.

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Malgré lui, Fletcher va se retrouver entraîné dans l’univers du malfrat et une réelle amitié va naître entre les deux hommes. Il va découvrir un milieu qui lui est complètement inconnu, celui du crime. Je vais commencer à révéler certains éléments clé de l’œuvre. Ça ne gâchera pas votre plaisir, mais si vous ne voulez rien savoir, voyez le film avant de continuer votre lecture.

Une évolution des personnages écrite avec brio

D’abord révulsé, Fletcher va petit à petit être séduit par cette vie de méfaits où tout est permis, jusqu’à lui-même prendre les armes. On arrive à l’élément le plus puissant et intéressant du long métrage, l’évolution des protagonistes. Là où Fletcher, qui était au départ un homme bon, s’est laissé séduire par le mal et le pouvoir pour devenir un monstre, Beauregard, lui, au contraire, va s’humaniser tout le long de l’œuvre. Il est un personnage complexe, torturé, qui est en perpétuel questionnement et remise en question. Les personnalités des deux hommes vont s’inverser. Fletcher s’enfonce dans la noirceur et parallèlement, Beauregard trouve le chemin de la rédemption.  

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« Le dernier face-à-face », un western complexe et psychologique

Le long métrage s’interroge sur la nature humaine, qu’est-ce qui pousse un homme à faire le mal ? Et surtout, comment une personne juste peut être séduite par le vice ?  Ce qui est fascinant avec Fletcher, c’est qu’il est parfaitement conscient de ce qu’il est devenu et il en est fier. Beauregard est né dans un milieu brutal, ça n’excuse pas ce qu’il fait, mais c’est ce qu’il a toujours connu. Au contraire de Fletcher, qui choisit délibérément de suivre le mauvais chemin, il veut se servir de son érudition pour devenir le plus dangereux et machiavélique des criminels. Il le dit lui-même « La différence avec eux, c’est que moi, je sais ce que je fais. »

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L’un des plus fabuleux représentants du western spaghetti

Le film veut nous montrer qu’il ne suffit d’un rien pour qu’une personne bascule, que la soif de pouvoir peut réveiller les pires instincts chez n’importe qui. Tout cela se conclut en apothéose avec une scène finale forte et riche de sens. « Le dernier face-à-face » est donc un très grand western spaghetti.

Il est bien plus intelligent qu’il n’en a l’air et fait partie des perles du genre. Il n’a pas à rougir devant la trilogie du dollar de Leone et mériterait d’être plus connu. On est face à une œuvre qui ne se contente pas seulement de regrouper les meilleures facettes du western spaghetti, elle prend le risque d’aller plus loin et c’est ce qui la rend aussi brillante.

Bande-annonce VO italien, sous-titrée FR :


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