C’est l’histoire d’Emily, benjamine d’une famille de trois filles de pères probablement différents. Leur Maman Rosalyn est un personnage très extravagant, et suite à ses nombreuses lubies, Emily a coupé les ponts. Cependant, Rosalyn demande à ses filles de venir la voir une dernière fois avant la fin de son cancer. Emily part donc avec ses deux sœurs à Gènes en Italie, mais les choses ne se passent pas comme prévu.

Pour son premier long-métrage, JIM initialement auteur de Bandes-Dessinées, réussi brillamment son film axé sur les conflits familiaux. Le contraste entre le tempérament dit « parisien » et celui d’Italie fonctionne bien. Surtout la capacité du récit à passer du rire aux larmes avec une facilité déconcertante. Le comique de situation est ici très bien amené par le duo Emily et Gabin (joué par Baptiste Lecaplin), personnage maladroit et étrange qui va se retrouver embarqué dans la famille d’Emily. Chapeau bas à la totalité du casting, en particulier les deux sœurs Caroline Bourg et Cybèle Villemagne, qui offrent un trio de sororité bien assorti à leurs personnalités respectives. On ne boudera pas non plus le jeu tout en finesse d’Albert Delpy qui joue l’oncle Remy ou la resplendissante Marisa Berenson que l’on n’avait pas vu à l’écran depuis un moment. Bref, un très bon feel good movie qui vaut le détour en cette fin d’été et qui j’en suis sûr, risque de recevoir quelques nominations par-ci par-là aux Césars 2025

Marine Bohin © agencesartistiques.com

Bonjour Marine Bohin, vous êtes journaliste depuis plusieurs années pour différents média et sur plusieurs supports, comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?

Je connais JIM (le réalisateur) depuis longtemps, lorsque j’étais à Montpellier, le cercle audio-visuel de la ville est très restreint et Jim est assez connu là-bas. Puis Facebook nous a rappelé des années après que nous avions des amis en commun. Un jour, il m’a fait faire une lecture filmée basée sur un recueil de nouvelles qu’il a écrites nommé L’amour en plus compliqué. Il a ensuite proposé de me faire lire un scénario qu’il avait en tête et dans lequel je pourrais jouer, la première version de Belle Enfant a été écrite en seulement deux semaines.

Et vous avez tout de suite enchaîné la production ?

Pas du tout, tout s’est fait hors cadre, nous avons commencé à tourner avant même d’avoir une quelconque autorisation, et ce, avant Covid. Jim faisant souvent des allers-retours à Gènes où sa fille faisait un Erasmus à l’époque, puis avec ce début de projet, certains producteurs ont été intéressés et le projet a pu aller de l’avant.

Marine Bohin, alias Emily, retrouve ses sœurs dans Belle Enfant © Octopolis

C’est vous qui avez suggéré Baptiste Lecaplain pour le rôle de Gabin?

Pas du tout ! Jim avait l’idée de le caster depuis longtemps, je n’ai malheureusement pas pu le rencontrer avant le tournage. Du coup la première fois que l’on s’est vu, c’est lors de la scène où mon personnage lui demande de se mettre nu, c’était une drôle de façon de briser la glace. Après cela, on est allé déjeuner. On le connaît surtout en tant qu’humoriste, mais c’est aussi un excellent comédien, et il s’est beaucoup investi dans ce film qui montre une autre facette de son talent.

Son personnage est assez problématique, non ?

Effectivement, il a un comportement de stalker au début, mais petit à petit, ils s’ouvrent l’un à l’autre et sa maladresse aide la famille à communiquer. Bien qu’il paraisse évident qu’il finissent ensemble à la fin du film, nos deux personnages s’ouvrent l’un à l’autre.

Baptiste Lecaplin, un peu stalker au début, suit Marine Bohin © Octopolis

Quant au personnage de l’Oncle Remy, il apporte une bouffée de bonne humeur et de gentillesse !

Oui, bien qu’il ait été écrit dès le début, c’est Cybèle Villemagne qui joue ma sœur qui nous a suggéré l’acteur Albert Delpy. Grand fan de foot, nous l’avons rencontré dans un bar à Paris dont il est un grand habitué, je crois que j’ai encore une photo de cette chouette soirée.

Il y a aussi Marisa Berenson, qui joue votre maman. Elle est connue pour Cabaret de Bob Fosse et Barry Lyndon de Stanley Kubrick, comment avez-vous approché le travail avec elle.

Elle était un peu distante, pas froide mais fière, ce qui m’a beaucoup aidé pour mon personnage. Lors de la fameuse scène du Jeu du Roi, où je déballe mon sac, j’étais tellement dans le rôle que j’en tremblais. Nous avons toutes les deux donné tellement de nous-même pour cette scène que c’était bon dès la première prise, mais l’émotion était tellement forte que nous avons pleuré dans les bras l’une de l’autre après cette première prise. Après cela, la glace était brisée, mais c’était très utile pour le rôle. 

La magnifique Marisa Berenson © Octopolis

Est-ce que votre personnage est proche de ce que vous êtes dans la vraie vie ?

Pas du tout, du point de vue familiale, la mienne est aux antipodes de celle du film. Pour mon personnage, je suis quelqu’un qui est indigné par les injustices, contrairement à elle, et je confronte les gens et je communique beaucoup. Par contre je pense être quelqu’un de plus joyeux et de meilleure humeur (rires). Mon personnage d’Emily est une adulte-enfant constamment en colère, elle est très à fleur de peau aussi, mais attachante.

Je trouve qu’il y a un décalage très bien amené par Jim entre la communication qu’ont les Français et le manque de communication des Italiens. Qu’en pensez-vous ?

Les « méditerranéens » sont effectivement souvent dépeints comme des personnes sanguines, mais qui ne communiquent pas sur des sujets importants. Après, je ne sais pas, c’est sans doute Jim qui a placé cette histoire là-bas parce qu’il allait en Italie pendant la gestation du projet.

Baptiste Lecaplin s’est mis à nu devant Marine Bohan © Octopolis

Il y a pas mal de scène de sexe ou de nu dans le film, qu’en avez-vous pensé ?

Jim trouve que le sexe et le nu sont des choses très belles, il était très professionnel, plateau limité, sexe coach, vérification si tout était OK.

Michael Cohen, avec qui j’ai les scènes de sexe au début, m’a clairement dit que bien qu’il soit acteur depuis plus longtemps que moi, c’était toujours aussi gênant et difficile à faire. De plus, Jim m’a contacté pendant le montage pour avoir mon avis, du coup, j’ai eu en quelque sorte un droit de regard sur le final cut. Il devait y avoir plus de scènes de nu et de sexe dans le montage final, avec d’autres personnages, mais Jim les a coupées, si une scène n’apporte rien au film, alors on l’enlève.

Marine Bohin, sensuelle et convaincante dans le rôle d’Emily © Octopolis

Le film semble être presque un projet « féministe » alors qu’il n’est pas étiqueté comme tel, comment l’expliquez-vous ?

Je suis moi-même profondément féministe et je n’aurais jamais accepté de tourner dans un film dans lequel l’écriture des personnages féminins va à l’encontre de mes valeurs. Belle Enfant est un film dans lequel les femmes ont une place prépondérante, et même si la volonté première n’était pas forcément de faire un film féministe, il l’est par sa modernité et par l’importance qu’il donne aux personnages féminins, en refusant de les limiter à des archétypes et en les montrant dans toute leur complexité.

Merci beaucoup Marine

Merci à vous.

Bande-annonce en FR :


L’interview intime de la jeune actrice belge Fantine Harduin pour « Retro Therapy »