Pour son deuxième long métrage, le réalisateur Ari Aster nous invite à vivre une expérience cinématographique pour le moins originale. « Midsommar » ne propose pourtant pas un scénario révolutionnaire à première vue : les sectes de détraqués, cela s’est déjà vu de nombreuses fois. Ce qui rend le film autant hors du commun, c’est sa manière de traiter ce sujet.

Une photographie magnifique et impressionnante

Ari Aster prend le risque d’aller à contrepied des films d’horreurs habituels en immergeant son long métrage dans une luminosité constante. Le soleil jouit d’une place très importante dans l’œuvre, presque toute son esthétique est basée là-dessus. La photographie est d’une beauté époustouflante. Le visuel est très travaillé et sophistiqué, chaque plan est une œuvre d’art. Que ce soit la lumière, les décors, les danses de la secte, leurs tenues…tout est sublime. On est plongé au cœur du magique été scandinave.

© A24

Ce qui fait que le long métrage parvient tout de même à instaurer un sentiment de malaise chez le spectateur malgré sa somptuosité, c’est la mise en scène. Les plans de caméra sont volontairement très étranges et inhabituels, on veut que le spectateur soit perturbé et qu’il soit mal à l’aise. Même les séquences les plus simples sont très détaillées et filmées de façon déroutante, ce qui donne en permanence un aspect troublant au film.

Le film qui a révélé l’incroyable actrice Florence Pugh

Lors des séquences horrifiques, on ne va pas s’intéresser à filmer en détails la violence et le sang, mais plutôt la protagoniste principale, superbement interprétée par Florence Pugh. On veut montrer ce qu’elle ressent face à ce qui se déroule sous ses yeux. Le but est de nous identifier le plus possible à elle, de nous faire ressentir les mêmes choses. L’héroïne, c’est le spectateur. On se retrouve alors confronté à nous-même, à nos propres émotions face à l’horreur.

Même lorsqu’elle discute avec les autres personnages, elle se retrouve souvent seule à l’écran, on ne montre pas, lors de la séquence, les personnes avec qui elle parle. Dès lors, on se sent détaché des autres protagonistes, qui nous paraissent d’autant plus inquiétants.

© A24

Le film est assez lent, Ari Aster maitrise parfaitement son œuvre et sait exactement où emmener le spectateur. D’une durée de deux heure et vingt minutes, l’action prend le temps de se mettre en place, le spectateur est plongé, petit à petit dans l’univers de cette secte scandinave. La tension monte crescendo, jusqu’à ce que cela termine en apothéose.

Une atmosphère unique et envoutante

Le rythme du long métrage est très hypnotique, il est par moments proche de l’expérimental, on a parfois l’impression d’être dans une autre dimension. Le film n’oublie d’ailleurs pas, dans son dernier acte, de rendre hommage à son aîné, le fabuleux « The Wicker Man » de Robin Hardy, dont il s’inspire. Bien sûr « midsommar » n’est pas sans défauts, on pourrait lui reprocher que les personnages principaux ne s’en aillent pas lorsque la situation commence réellement à devenir dangereuse, mais on peut facilement le pardonner, car sinon, il n’y aurait pas de film.

© A24

En conclusion « Midsommar » est une œuvre sensationnelle qui nous emmène dans un véritable voyage au sein de cette secte scandinave et qui nous fait basculer dans la folie et la psychose. Énormément de sentiments nous transpercent tout le long du film. On est parfois émerveillé, parfois perturbé, parfois mal à l’aise. « Midsommar » est une expérience cinématographique unique et grandiose.

Bande-annonce en FR :


« Longlegs » est-il vraiment le film le plus effrayant de 2024 ?