Il est évident que le film d’animation « Perfect Blue » a eu une influence importante sur le « Black Swan » du cinéaste Darren Aronofsky. En effet, les deux œuvres parlent toutes les deux de la descente aux enfers d’une starlette, qui va peu à peu être hantée par des hallucinations malsaines et sombrer dans la folie.

Les deux films représentent le profond mal-être d’une jeune femme, causé par sa carrière. Comme autre point commun, on peut noter que la frontière entre le rêve et la réalité est floue dans chaque long métrage. Cependant, il ne faut pas voir « Black Swan » comme un simple remake de « Perfect Blue », même s’il y a une inspiration évidente, mais le film d’Aronofsky est parvenu à voler de ses propres ailes. Beaucoup de monde a vu « Black Swan », mais « Perfect Blue » est une œuvre bien plus méconnue, j’ai donc décidé de vous la faire découvrir.  

© Madhouse

Le premier chef d’œuvre d’un grand cinéaste parti trop tôt

« Perfect Blue » a été réalisé par le regretté Satoshi Kon. Il était un brillant metteur en scène de l’animation japonaise, son décès survenu bien trop tôt à 46 ans fut une réelle tragédie, tant il était talentueux. Avec seulement quatre films à son actif, cet artiste a marqué considérablement le cinéma et il est selon moi le seul réalisateur de films d’animation japonais à pouvoir réellement se mesurer au grand Hayao Miyazaki, qui reste à mon sens le numéro un dans ce domaine.

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Le début de « Perfect Blue » est plutôt calme, on observe la vie de Mima, une chanteuse, qui décide de mettre un terme à sa carrière pour devenir actrice. Ce qu’on nous montre est initialement assez ordinaire, on représente les premiers pas de cette ancienne star de la pop dans le monde de l’acting.

Une plongée dans les ténèbres

Pourtant, quelque chose ne va pas, on se sent oppressés par l’œuvre, l’atmosphère devient de plus en plus anxiogène. Une menace plane sur Mima et celle-ci va lentement sombrer dans la psychose. L’ambiance bascule rapidement au glauque extrême. Ce simple film sur la vie d’une chanteuse, devenue actrice, se transforme en un thriller psychologique particulièrement troublant. On pourrait clairement qualifier l’œuvre de film d’horreur.

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Préparez-vous à découvrir un long métrage assez glaçant, car la volonté de Satoshi Kon avec cette œuvre est de représenter le mental brisé de cette jeune femme. Le film perturbe volontairement le spectateur. Comme l’héroïne, on est constamment perdu entre ce qui est vrai et faux. On se demande si ce qu’on a vu n’était pas finalement un rêve depuis le début. Ou plutôt un cauchemar dont la jeune actrice n’a pas réussi à se réveiller.

Une œuvre complexe et dérangeante

Le long métrage est truffé de messages et de secondes lectures, mais il y en a deux qui ont particulièrement retenu mon attention. Sorti en 1997, le film est visionnaire, car il parle déjà d’internet et du harcèlement qui s’y déroule. Un blog a été créé pour critiquer la jeune femme, car ses fans n’acceptent pas son changement de carrière. L’un de ses « admirateurs » va être particulièrement inquiétant et la stalker, la surveiller et la harceler.

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Ils vont la pousser à bout, elle va douter d’elle-même et de ses choix, ici Satoshi Kon veut dénoncer la pression immense que peuvent exercer des communautés de fans sur leurs idoles, quand celles-ci ne satisfassent pas leurs attentes. Le cinéaste avait déjà prédit à l’époque à quel point l’émergence des réseaux sociaux accentuerait les problèmes du harcèlement et du culte de l’image.

Bande annonce en JAP (sous-titrée ANGL) :


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