À mes yeux « Toy Story 3 » est le plus grand film des Studios Pixar, il s’agit d’un long métrage d’animation d’une puissance rare, bien plus intelligent qu’il n’en a l’air et qui est tout aussi sublime pour les grands que pour les petits. Il est sorti 11 ans après le deuxième opus et avait pour but de conclure la franchise en beauté. Cependant l’arrivée d’un quatrième film en 2019 changera cela.
Dans ce long métrage de 2010, Andy, le propriétaire des jouets, a 17 ans, il va partir à l’université, il ne s’intéresse plus aux objets de son enfance et délaisse nos héros. Le film traite avec beaucoup de justesse et d’intelligence le thème de l’abandon, nos héros se retrouvent dans la situation où l’enfant qu’ils ont aimé toutes ces années est passé à autre chose et ils doivent accepter le fait qu’il est temps de laisser Andy entrer dans la vie d’adulte et de continuer leur parcours sans lui.
Certains ne parviennent pas à comprendre et à tourner la page, comme Woody, qui veut retrouver son propriétaire à tout prix. Cela fait évidemment référence aux parents qui ont peur de voir leurs enfants grandir et partir du nid, mais qui doivent les laisser faire. Aborder un sujet comme celui-là dans un film pour la jeunesse est pour moi audacieux et très fort.
Un méchant d’anthologie
Les jouets vont finir par se retrouver dans une garderie et ils vont être faits prisonniers par le terrible Lotso, un ours en peluche qui dirige le lieu d’une main de fer et qui ne laisse aucun jouet s’échapper. Lotso est un antagoniste magistral et l’une des grandes forces de l’œuvre à mes yeux. C’est fou qu’ils aient réussi à faire d’un ours en peluche une menace aussi imposante.
L’histoire de ce personnage est déchirante et également marquée par l’abandon. Il était une peluche adorée par Daisy, sa propriétaire, mais un jour, lui et d’autres jouets ont été oubliés par elle. Ses parents sont repartis avec elle en voiture, laissant Lotso et ses amis seuls, livrés à eux-mêmes. L’ours va tout faire pour retrouver la maison de sa propriétaire.
Après un long voyage de retour, ses amis et lui vont enfin y parvenir. Mais il était trop tard, Lotso avait été remplacé par un autre ours en peluche exactement comme lui. Quelque chose va changer chez lui, il va réaliser qu’il n’était pas réellement aimé par Daisy, il n’est qu’un simple ours en peluche parmi des millions, indissociable des autres, un ours qui peut être oublié et abandonné.
Lotso va développer une véritable haine des enfants et peu à peu, devenir un vrai tyran.
Il va arriver dans cette garderie, en prendre le contrôle et la transformer en véritable prison dont aucun jouet ne peut sortir. Les nouveaux jouets qui arrivent là-bas sont maltraités par des enfants violents et ne peuvent rejoindre la salle des enfants doux que si ils se soumettent à Lotso et qu’il le veut bien. Ce qui frappe avec Lotso et qui le fait se démarquer d’autres méchants, c’est à quel point il est tragique. L’histoire de ce personnage est très noire et d’une immense tristesse, il est totalement détruit par son passé et dominé par la colère. On ressent à chaque fois qu’on le voit toute la rage et la rancœur qui l’animent.
On a rarement vu un antagoniste de films d’animation pour la jeunesse aussi torturé et avec une histoire aussi bouleversante. Il est vraiment écrit avec brio. On a de la peine pour lui et on comprend pourquoi il est devenu un tel monstre, cependant jamais le long métrage ne veut qu’on excuse ses actions. On veut nous montrer que peu importe si le passé de quelqu’un est difficile, en aucun cas cela ne justifie de faire le mal. Lotso aura une occasion de se racheter qu’il ne saisira pas, au contraire, il deviendra de pire en pire. Après avoir été sauvé par les héros, il finira par les abandonner à une mort certaine dans la décharge.
Toy Story 3 : de bouleversantes séquences d’émotion
Cette séquence dans la décharge est clairement le passage le plus poignant du film. Les héros comprennent qu’ils ne peuvent rien faire pour empêcher leur destin, ils arrêtent de lutter, se tiennent la main et attendent la mort. Bien évidemment ils sont sauvés in extremis, mais voir ces personnages avec qui on a grandi tout simplement abandonner le combat et accepter leur fin est émotionnellement très puissant.
La dernière partie du film est également magnifique. Andy décide d’offrir ses anciens jouets à une petite fille, Bonnie, qui s’amusera à nouveau avec eux. Andy va, pour la toute dernière fois, jouer avec ses amis de toujours, il retombe pour un bref moment en enfance. C’est une manière de leur dire au-revoir avant de les laisser à Bonnie. Les jouets, dont Woody, réalisent qu’il faut laisser Andy s’en aller et se concentrer sur leur nouvelle vie avec Bonnie.
La boucle est bouclée. En bref « Toy story 3 » est un très grand film d’animation pour enfants.
C’est rare de voir une œuvre pour ce public aussi intelligente et puissante, elle convient d’ailleurs autant aux grands qu’aux petits. Le film est bouleversant dans la beauté de ses messages et les thèmes fondamentaux qu’il traite.
L’émotion est également très intense, le long métrage nous touche en plein cœur. Je suis content d’avoir pu grandir avec une œuvre aussi fantastique.
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