« Roméo et Juliette », le rendez-vous théâtral de cet été à Villers-la-Ville
Cet été, les ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville accueillent une adaptation théâtrale de Roméo et Juliette, probablement la plus célèbre des tragédies de William Shakespeare. Cette histoire d’amour, vieille de plusieurs siècles, envoûte toujours autant. Un grand classique, mis en scène par Thierry Debroux, à voir jusqu’au 13 août à l’abbaye de Villers-la-Ville et du 8 septembre au 20 octobre au théâtre du Parc.
Chaque été depuis 1987, l’abbaye cistercienne de Villers-la-Ville, située dans le Brabant wallon, nous donne rendez-vous pour une super-production théâtrale. Après plusieurs étés perturbés par la pandémie, c’est le retour des grands spectacles en plein air tels que l’on a pu y assister des années durant à Villers, avec ses décors majestueux, un jeu de lumières grandioses et des textes marquants de la littérature. Pour cette 36e édition, c’est la célèbre histoire des amants de Vérone qui a été choisie.
Écrite au XVIe siècle par Shakespeare, Roméo et Juliette est une histoire qui n’a pas pris une ride et qui passionne encore les nouvelles générations. Cette sanglante histoire d’amour se déroule à Vérone où deux puissantes familles rivales, les Montaigu et les Capulet, se vouent une violente haine. Deux jeunes gens, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, issus de chacun des deux camps, tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Ils décident de défier leur famille respective et vivre leur idylle. Toutefois, un destin funeste les attend.
Une mise en scène moderne
C’était un réel défi que de proposer une nouvelle adaptation de Roméo et Juliette. Ce drame romantique a déjà été de multiples fois porté sur les planches, à l’opéra et au cinéma. On connaît tous la fin tragique qui attend les deux amants. Toutefois, Thierry Debroux parvient à nous surprendre grâce à une mise en scène décapante, résolument moderne. On connaît son goût pour le théâtre populaire et ses multiples adaptations et mises en scène qui ont rendu accessibles des pièces de théâtre à un large public. Le rendez-vous est donné dans le cloître de l’abbaye. Une fois installés, on découvre une scénographie épurée imaginée par Patrick de Longrée. Un système d’échafaudages dorés structure la scène en trois niveaux, au centre de laquelle se trouvent deux immenses parois coulissantes couvertes de graffitis, faisant référence aux inscriptions retrouvées sur les murs du passage menant à la cour de la maison de Juliette à Vérone.
À cette scénographie originale, s’ajoutent de nombreuses références à la société d’aujourd’hui. La musique choisie fait partie de notre répertoire actuel et se marie harmonieusement avec les mots de Shakespeare. On a également veillé à toucher un public plus jeune en intégrant des petits clins d’œil à des séries, telles que Game of Thrones. Le texte a été légèrement revu pour laisser davantage de liberté à Madame Capulet (Anouchka Vingtier) qui se révèle moins soumise à son mari (Thierry Janssens) par rapport à l’œuvre originale. Si le spectacle est avant tout un drame, il n’en est pas moins dénué d’humour. La nourrice de Juliette (Catherine Grosjean) fait rire par sa maladresse et sa spontanéité. Mais ces libertés ne modifient en rien l’œuvre originale. Les scènes mythiques qui ponctuent le récit de Shakespeare se déroulent bien sous nos yeux (comme la déclaration d’amour au balcon de Juliette).
Une représentation haute en couleurs
Le dispositif scénique permet aux comédiens de déployer leurs talents. Alors que l’on connaît l’issue fatale qui attend les deux amoureux, le jeu des 17 comédiens et des 4 danseurs nous tient en haleine. Le couple idyllique est remarquablement incarné par Mathilde Daffe (dans le rôle de Juliette) et Baptiste Blampain (dans le rôle de Roméo) qui parviennent, par la justesse de leur jeu, à faire revivre sur scène cet amour innocent, pur et douloureux. Grâce à un important travail de préparation, le spectateur assiste à une représentation parfaitement maîtrisée avec une distribution équilibrée. Le texte est déclamé avec justesse, permettant de saisir un large panel d’émotions. La rythmique de la pièce est soutenue, ponctuée de remarquables combats d’épées dont la chorégraphie est signée Emilie Guillaume. L’esprit de vengeance et les tensions qui animent les Montaigu et les Capulet prennent alors vie devant nous lorsque les jeunes gens des deux clans s’opposent en duel. A ces combats, s’ajoutent de belles scènes de danse imaginées par Emmanuelle Lamberts.
Le charme des vieilles pierres
Le lieu où se déroule la pièce participe évidemment à la réussite de la représentation. Les ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville, en parfait état de conservation, contribuent au charme des scènes. Tout au long du spectacle, la lumière naturelle s’estompe peu à peu, remplacée progressivement par des éclairages bien étudiés qui mettent en valeur la beauté architecturale de l’endroit. La plus-value qu’apporte le cadre à la pièce est telle que le spectateur est invité à se déplacer au cours de la représentation. On quitte le cloître pour se rendre dans le cœur de l’abbatiale, avant de retrouver les gradins du cloître pour assister au dramatique épilogue.
Roméo et Juliette, l’une des pièces les plus emblématiques de Shakespeare, apparaît plus moderne que jamais grâce à la mise en scène de Thierry Debroux. Mêlant le comique à la tragédie, les mots de Shakespeare font largement écho à notre société actuelle. La haine fratricide, la violence du sentiment amoureux, l’intolérance et les préjugés ne peuvent que présager le pire. Cette pièce nous rappelle alors la dangerosité de certains comportements humains, mais aussi l’urgence de vivre, la nécessité d’oser, à l’image de ces amoureux qui ont tout défié par amour.
Roméo et Juliette de William Shakespeare, mis en scène par Thierry Debroux, avec Baptiste Blampain, Mathilde Daffe, Thierry Janssen, Anouchka Vingtier, Catherine Grosjean, Michel Poncelet, Nicolas Janssens, Denis Carpentier, Julien Besure, Simon Delvaux, Jérôme Vilain, Jean-François Rossion, Jonas Jans, Pauline Boucquieaux, Manon Coulonval et Lysiane Will.
Durée : 2h50 (entracte compris).
Du 13 juillet au 13 août à l’abbaye de Villers-la-Ville et du 8 septembre au 20 octobre au théâtre du Parc.
Informations et réservation pour les représentations à Villers-la-Ville sur le site www.deldiffusion.be ou par téléphone au 070/224.304.