« Tous les matins du monde » : Une œuvre brillante sur la musique classique, à découvrir absolument
« Tous les matins du monde » nous plonge au cœur de la fin du dix-septième siècle, dans l’univers de la musique baroque. Le film nous raconte les mémoires du célèbre musicien Marin Marais, qui est ici le narrateur.
Il nous décrit son apprentissage avec Monsieur de Sainte-Colombe, le génie de la viole de gambe, un homme misanthrope, très dur et autoritaire, mais entièrement dévoué à sa passion, la musique…
Gérard Depardieu © Film par Film
« Tous les matins du monde » est une œuvre remarquable, qui parvient à nous immerger dans son époque et dans son sujet à la perfection. Il s’agit d’une expérience visuelle et sonore très puissante.
D’une beauté stupéfiante !
La photographie est somptueuse et d’une grande complexité. Chaque image est un véritable tableau d’époque, il y a un travail sur le visuel saisissant. Il a fallu un talent de mise en scène exceptionnel et une infinie précision pour arriver à un tel résultat. Cette esthétique se marie superbement avec le son, tout le film est rythmé par de la splendide musique baroque. L’association de ces sublimes images et musiques donnent une atmosphère unique à l’œuvre.
Jean-Pierre Marielle, un extraordinaire Monsieur de Sainte-Colombe © Film par Film
Les personnages sont intelligemment développés, Monsieur de Sainte-Colombe est quelqu’un d’extrêmement froid et colérique, qui même si il est un musicien grandiose réclamé par le roi lui-même, refuse catégoriquement de jouer pour lui, car il se moque de la gloire et du succès et ne ressent que du mépris pour sa cour.
Il est un protagoniste très poétique, car il est un artiste extraordinaire, qui a voué toute sa vie à la musique, mais il peut être également très injuste et méchant avec les autres, c’est un personnage très nuancé. Malgré l’infinie beauté de ses compositions, il ne souhaite pas les partager avec autrui, il joue seulement pour lui-même, il est pur dans sa passion.
La viole de gambe, personnage central du film © Film par Film
Sa relation avec Marin Marais, son élève qu’il accepte à contrecœur, est très intéressante. Il le méprise et le considère comme un vulgaire musicien de cour qui ne fait que bercer les oreilles du roi. En même temps, poussé par sa fille qui est amoureuse de lui, il lui enseigne tout de même tout son savoir. Marin Marais va donc récolter la gloire que son maître a toujours refusée. Leur rencontre finale, au cours de laquelle Sainte Colombe accepte de donner une dernière leçon à son élève, est très intense.
Un Jean-Pierre Marielle saisissant, dans un rôle à contre-emploi
Jean-Pierre Marielle est magistral dans la peau de Sainte Colombe, moi qui étais habitué à le voir dans des rôles comiques, il m’a ici fortement étonné en interprétant un personnage qui en est totalement opposé. Les dialogues de l’œuvre sont également magnifiques, il y a une vraie maîtrise de la langue et de la poésie.
© Film par Film
Le rythme est assez lent, mais on ne s’ennuie jamais, l’ambiance est vraiment envoûtante, on se laisse séduire par l’esthétique et la musique. Le film est à l’image de Sainte Colombe, il est d’une grande beauté visuelle et sonore, mais ne cherche jamais à en faire trop, paradoxalement, malgré toute la splendeur et la précision de l’œuvre, on retrouve également un certain minimalisme.
En conclusion « Tous les matins du monde » est un indispensable pour les férus de musique classique. Il s’agit d’une œuvre unique, d’une grande finesse, qui nous immerge réellement dans la vie de ses personnages et dans cette période. On sent que le réalisateur est passionné par son sujet, la musique et la photographie sont au cœur de l’œuvre. Rajoutons à cela des acteurs superbes, complètement impliqués dans leurs rôles
Bande -annonce en FR :
« Maintenon, c’est maintenant ! » Au château de Maintenon, chez l’épouse secrète de Louis XIV