X : slasher et porno 70’s
Ti West revient à ses racines de l’horreur avec un slasher très sexy, intitulé X. Il a écrit, réalisé et monté le film et l’a également produit aux côtés de la maison de production A24. Au casting, on retrouve notamment Jenna Ortega, Mia Goth, Brittany Snow et Kid Cudi.
En 1979, un groupe de cinéastes décide de tourner le tout premier film pornographique indépendant. Pour ce faire, ils louent une petite maison au milieu de nulle part, dans la campagne du Texas. Les très âgés propriétaires de la ferme dans laquelle ils se retrouvent ne sont évidemment pas au courant de ce qu’ils comptent faire sur leur propriété et lorsqu’ils le découvrent, l’équipe de tournage devra se battre pour leur vie.
Un rythme efficace
Le film prend son temps, il s’installe tranquillement, nous présente les personnages un à un, mais jamais il ne paraît traîner. La tension et l’intérêt que l’on porte au groupe de protagonistes et au déroulé du récit restent homogènes du début jusqu’à la fin. Grâce à cela, nous sommes vite attachés aux personnages et l’on comprend bien leurs motivations sans faire trop d’efforts mais également sans que le réalisateur ne passe par des raccourcis ou des clichés facilement utilisables dans ce genre de films.
La motivation de l’antagoniste et son évolution est particulièrement remarquable dans sa nouveauté, je n’ai pas encore eu l’occasion de voir quelque chose de similaire. Si le film prend le temps nécessaire pour bien installer le récit, il le termine également au bon moment, sans nous laisser dans le questionnement et sans s’étendre dans des longueurs inutiles.
Un mélange d’esthétiques
L’esthétique est très plaisante et passe de manière fluide entre les différents univers. On retrouve évidemment les mécaniques du slasher classique, l’ambiance des années 70 et les codes des films porno de l’époque avec son grain chaleureux. Mais ici, Ti West a été plus loin, il est sorti des clichés redondants pour élever son film à un niveau cinématographique inattendu. Certains plans et certaines transitions sont d’une grande modernité et ajoutent une belle plus-value au bon vieux slasher qui nous apporte tout de même tout ce que l’on attend de lui. J’ajoute un gros point positif pour la musique 70’s qui vient harmoniser le tout.
Un mélange d’émotions
Comme dans tout bon film d’horreur, X vient jouer avec nos émotions. Tout d’abord, il y a évidemment l’angoisse. Il s’agit d’un film d’horreur, il nous faut donc des ‘jump scare’ et même s’ils sont ici, pour la plupart, fort prévisibles (il devient difficile d’innover en la matière), ils fonctionnent majoritairement bien. Le rythme équilibré du film permet de maintenir cette angoisse tout au long du récit, ne se relâchant que durant les quelques moments d’humour, qui sont parfois réussis et parfois un peu lourds. Le sentiment de malaise est par contre très travaillé et sort beaucoup plus des facilités du genre de l’horreur.
Les personnages antagonistes ont été utilisés avec brio pour instaurer une ambiance malaisante qui ne nous quitte jamais, même lorsque le film tente de relâcher la pression avec un peu d’humour. Les moments d’angoisse se développent et font leur temps, pour ensuite nous laisser à la fin du film avec une série de questionnements sur notre rapport à la vieillesse et à la sexualité dans la vieillesse.
Du gore un peu trop léger
X est un slasher, mais il n’est pas de gore à outrance. Si vous êtes un minimum habitués au genre et que vous n’êtes pas trop sensibles, vous n’aurez aucun problème à voir ce film. Personnellement, j’aurais aimé que Ti West aille un peu plus loin. Le gore est fort léger et les mises à mort se succèdent rapidement, sans vraiment de créativité. J’aurais aimé un Ti West moins frileux qui s’abandonne complètement dans les mécaniques du slasher, tout en maintenant son regard moderne très rafraîchissant.
Alors que j’attendais très peu de ce film, X m’a agréablement surprise. Ce fut d’ailleurs le cas de nombreux autres téléspectateurs étant donné que son score sur le site Rotten Tomatoes s’est maintenu pendant un moment à 100%, résultat plutôt inédit. Ti West a su maintenir un bon équilibre entre les codes classiques du slasher, du porno des années 70 et le cinéma actuel. Finalement, il a fait ce que RJ, le cameraman dans le film voulait accomplir : faire un film porno de qualité. Ici, Ti West nous a livré un slasher de qualité, avec de bons acteurs, de belles images et quelques pistes de questionnements.