Banks Violette
De février à mai 2024, l’artiste américain Banks Violette investit l’ensemble des espaces du BPS22 à l’occasion d’une exposition majeure qui marque le grand retour de cet (ex-)enfant terrible de l’art contemporain. Une quarantaine d’œuvres historiques, dont des installations monumentales, côtoie ses nouvelles créations, récemment réalisées avec la célèbre maison de mode Celine.
Banks Violette (1973) est né, vit et travaille à Ithaca, au nord de l’État
de New York, connue pour son industrie saline. Après un premier job de tatoueur, à Hawaï, il entreprend des études artistiques à New York et se fait connaître, au début des années 2000, pour ses dessins et ses vastes installations qui font souvent référence à des espaces de performance ou de théâtre. Puisant son inspiration dans l’obscurité des sous-cultures adolescentes (principalement le black metal, le gothique, le post-punk), il est alors l’un des artistes les plus connus au monde.
En 2014, il quitte New York et la scène artistique pour revenir à Ithaca afin de sortir de cycles successifs de dépendance à l’héroïne et de sevrages. Après avoir produit pendant quelques années des dessins au graphite sur papier, il revient aujourd’hui à la sculpture monumentale et présente, dans plusieurs magasins (New York, Paris, Londres, Milan, etc.) de la maison de mode Celine, 14 nouvelles œuvres qui évoquent des lustres suspendus ou, dit-il, « déchus ». Quelques-unes de ces nouvelles productions, conçues par l’artiste comme des autoportraits (cette chose qui s’effondre dans un coin et s’évanouit dixit Banks Violette) seront présentées au BPS22, parmi d’autres œuvres majeures.
Pierre-Olivier Rollin, commissaire de l’expositions, dit : « Les pièces produites par l’artiste puisent dans les zones obscures de la société américaine telle qu’elles s’expriment dans les sous- cultures adolescentes, à partir d’un jeu de reprises, de déplacements et d’échos contemporains. L’exposition explore une série de dichotomies récurrentes dans l’œuvre de Banks Violette : bruit et silence, présence et absence, exubérance gothique et réserve minimaliste, tension et apaisement, etc., qui s’entrechoquent sur l’autel de la culture contemporaine. De la sorte, Banks Violette dépeint le phénomène de l’excès au travers d’installations qui deviennent le miroir d’une anxiété sociétale ».
Et Pierre-Olivier Rollin rajoute : « L’artiste explore la violence de manière conceptuelle et sculpturale : au lieu de procéder à une représentation objective de faits, il
évoque plutôt l’imagerie inhérente aux cultures et sous-cultures contemporaines pour tenter d’en retranscrire les motivations. Ses œuvres apparaissent alors comme l’expression d’une critique sociale formulée de manière esthétique. L’artiste pose explicitement la question du rapport entre « idée » et « expression matérielle », entre « black metal » et « image ». J’aime le black metal, dit-il, parce qu’il est profondément et primitivement problématique. Ce qui est un aveu terrible. Il détourne l’iconographie de ce genre musical, en récupère le potentiel esthétique et propose, par un déplacement du sujet et un changement d’état, une lecture inédite ».
BPS22 – Musée d’Art de la province de Hainaut, à Charleroi. Du 10 février au 5 mai 2024.
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