« Trois Histoires de Cowboy et Indien », une enfance retrouvée ?
Ce nouveau film d’animation en stop motion présente, en une séance, trois courts-métrages réalisés par Vincent Patar et Stéphane Aubier : La Buche de Noël, La Foire Agricole et La Rentrée des Classes. Une production belge que j’ai été voir dans l’espoir de retomber en enfance…
J’ai été surpris de découvrir que ces « nouveaux » courts métrages sont simplement des
reprises, et pas de nouvelles histoires.
Le plus vieux court-métrage est La Buche de Noël. Réalisé en 2013, il est nominé au
César dans la catégorie du Meilleur film d’animation et rafle le prix du Meilleur court-métrage au Magritte du Cinéma en 2015. Ce film raconte l’attente démesurée de Cowboy
et Indien qui veulent leurs cadeaux de Noël. Surexcités, ils poussent à bout Cheval qui les
punit en décommandant leurs cadeaux la veille de Noël. S’ensuit une longue nuit pour
nos deux héros, qui souhaite à tout prix récupérer ce qu’ils considèrent comme leur dû.
Vient ensuite La Rentrée des Classes, produit en 2016. Cowboy et Indien sont sur le point
de partir en croisière quand Cheval leur rappelle une sombre réalité : c’est la rentrée des classes. Ils retrouvent leur motivation avec un concours proposé par la directrice. Les
heureux gagnants accompagneront Youri sur la lune. N’étant pas des plus scolaires,
Cowboy et Indien font appel à leur imagination pour accomplir leur nouveau rêve de
croisière spatiale.
La Foire Agricole sort en 2019. Cowboy et Indien ont réussi leurs examens de fin d’année.
Chose promise, chose due, Cheval s’apprête à leur offrir des tickets pour aller à la foire
agricole. Malheureusement, suite à une mauvaise chute, il devient amnésique. Nos héros
se lancent alors dans une véritable épopée pour pouvoir tout de même participer à cette
kermesse.
Du son à l’image, un univers complet et coloré
J’ai adoré me perdre dans ce monde burlesque et rempli de poésie. Les films regorgent
de clins d’œil aux spectateurs et de détails amusants cachés dans le décor, comme,
dans La Rentrée des Classes, l’affiche de Panique chez les jouets placardée sur le mur de
la chambre de Cowboy et Indien. Il s’agit d’un programme d’animations qui présente
notamment La Buche de Noël. Ce sont ces petits détails qui, à mon sens, font toute la
différence. Les deux cinéastes, et cela se sent, sont minutieux. Il y a toujours quelque
chose à voir, entendre ou découvrir. L’environnement se complexifie, et permet au
spectateur d’adhérer à l’histoire racontée.
Plus encore que la mise en place du décor, la bande-son fait entrer cet univers dans une
autre dimension. La musique soutient les émotions quand c’est nécessaire, lors des
courses-poursuites par exemple, et les bruitages donnent vie à l’environnement. Mais ce
qui ressort de l’animation de Vincent Patar et Stéphane Aubier, ce sont les voix. Elles
caractérisent chaque personnage : Cowboy a une voix fluette et assez aiguë, Cheval est
plutôt calme avec des tons graves et Steven, le fermier, ne cesse de crier. Ils assument
tous leur accent belge, à l’exception d’Indien joué par Bruce Ellison.
En effet, à côté des deux réalisateurs qui font les voix de Cheval et Cowboy, nous retrouvons Benoît Poelvoorde dans le rôle de Steven et Bouli Lanners dans le rôle du facteur. Même les
personnages secondaires ont une identité bien à eux. Là encore, le film d’animation s’en
sort grandit.
Des idées foisonnantes : entre pics de folie et moments creux
Entre un voyage dans le temps, une excursion sur la lune, une expédition à l’intérieur du
personnage Cochon ou encore après une course-poursuite effrénée avec le père Noël, les
deux cinéastes ne manquent pas d’imagination. L’univers est complètement délirant et la
place donnée à l’humour sans retenue, pour notre plus grand plaisir. L’idée géniale et
simpliste de nommer les personnages par qui ils sont est aussi drôle qu’absurde :
Cowboy est un cowboy, lndien un indien et Cheval un cheval.
Cependant, je m’interroge sur la morale de ces histoires et sur la manière dont Cowboy et
Indien parviennent à leur fin. Je l’ai déjà dit, ils sont prêt à tout. Et notamment au vol. Ce
n’est pas la solution mais cela reste une solution sans qu’il y ait de conséquences,
ressenties en tous cas, pour les deux compères. Ils se joignent en catimini à une
excursion sur la lune après avoir dérobé le travail d’un autre, se faufilent à la foire sans
leur ticket et cambriolent même le père Noël ! Bien entendu cela se veut palpitant et
drôle. Cowboy et Indiens sont deux énergumènes, toujours prêts à agir dans l’excès. Ils
ne pensent pas à mal, sont attachants et profondément gentils. Au final, ce ne sont que
deux enfants. Mais tout de même, c’est dommage que ce soit chaque fois une de leurs
options alors qu’ils sont plus que créatifs.
Le scénario, bien construit, me laisse une impression de montagne russe émotionnelle.
Des pics de folie sont atteints dans des moments d’inventivité très riches. Mais ce ne
sont que des moments. Une sensation de creux peut suivre, avec une impression de
temps tiré en longueur. J’avoue avoir eu un gout de trop peu, alors qu’il y a énormément
de rebondissements.
Alors, quel rapport avec l’enfance ?
J’ai grandi avec cet humour absurde, ces accents typiques et ces histoires
rocambolesques. Malheureusement, ce film n’a pas entièrement répondu à mes attentes.
Celles-ci étaient très fortes : mes souvenirs d’enfant de situations loufoques et de
rebondissements continus me préparaient à retrouver un univers foisonnant, rempli
d’émotions. Toutefois, je suis convaincu que ces souvenirs altèrent ma vision du film, qui
dans l’ensemble reste divertissant.
J’espère que les plus jeunes, et les plus âgés si ce n’est déjà fait, pourront découvrir cette
production belge. Dans une période de doute, avec une actualité souvent morose, ces
courts-métrages offrent une bouffée d’énergie et nous emmènent dans un monde
poétique, farfelu et emprunt d’humour.