Après l’accueil critique mitigé que reçurent « Old » et « Knock at the cabin », le cinéaste M. Night Shyamalan est revenu cet été avec « Trap », un nouveau thriller à concept.

Le long métrage nous plonge dans une salle de concert, encerclée par la police. Les autorités ont été informées de la présence du très recherché tueur en série « Le Boucher » lors de l’événement et elles sont déterminées à tout faire pour l’arrêter. II n’y a aucun moyen de sortir de l’enceinte. Nous allons suivre l’assassin, venu avec sa fille assister au concert de sa star préférée. Celui-ci va se retrouver pris au piège. Parviendra-t-il à s’échapper ? Avant de nous pencher sur la critique de « Trap », intéressons-nous à la carrière de son metteur en scène.

Un cinéaste prometteur

M. Night Shyamalan se fait remarquer avec d’abord le superbe « Le Sixième Sens » en 1999, puis avec le très réussi « Incassable » l’année suivante. Il acquit la réputation de « réalisateur de films à twists », car certaines de ses œuvres possédaient des retournements de situation très élaborés et surprenants pour les spectateurs. À cette époque, sa carrière avait un grand potentiel, on voyait déjà en lui le futur Steven Spielberg.

Le réalisateur M. Night Shyamalan © DR

Ce n’est malheureusement pas ce qui se produisit. Après une série de films accueillis plus tièdement, on peut citer comme exemple « Le Village », le cinéaste enchaînera les échecs critiques les uns après les autres. Le plus catastrophique est sans doute son adaptation complètement lamentable du magnifique dessin animé « Avatar : Le dernier Maître de l’Air ». Cependant, en 2016, l’espoir renaît. Shyamalan réalise à nouveau une belle œuvre avec « Split », un thriller horrifique très efficace dans lequel il créé un personnage fascinant et effrayant, doté de 23 personnalités différentes. Il s’agit clairement du meilleur film que le cinéaste nous ait offert ces dernières années.

M. Night Shyamalan © NYU Tisch

Aujourd’hui, son ambition n’est plus la même que par le passé, il nous livre des petits thrillers basés sur des concepts bien spécifiques et originaux, dont l’objectif est de garder le spectateur sous tension jusqu’à la fin. Ses deux précédents films, « Old » et « Knock at the Cabin » ont été moyennement bien reçu par la critique.  Je les ai personnellement défendu, ce ne sont pas des chefs d’œuvres, mais leurs concepts étaient intéressants, bien pensés et plutôt bien traités. Si ces deux œuvres n’étaient pas révolutionnaires, elles étaient des divertissements de bonnes factures, nous offrant d’agréables moments de suspenses. J’avais vraiment été positivement surpris par « Knock at the Cabin ».

Un bon père de famille © Blinding Edge Pictures

Et Trap alors ?

Que vaut donc « Trap » le nouveau film de M. Night Shyamalan ? Hélas, ce jeu de chat et de la souris entre la police et ce tueur dans cette salle de concert est dans l’ensemble peu convaincant. Pourtant, cela commence assez bien et on est tout de suite emballé par le concept.

Une première partie efficace et prenante

Le tueur, interprété par le comédien Josh Hartnett, qu’on n’avait plus vu dans un premier rôle depuis longtemps, est un personnage intrigant auquel on s’intéresse directement. L’acteur est remarquable dans son rôle et donne tout. Cela démarre très rapidement, la narration est immersive, on se sent piégé dans cette salle de concert avec le personnage. On le suit dans ses tentatives de trouver une issue dans cette immense enceinte, tandis que l’étau se resserre de plus en plus sur lui.

Vraiment un bon père de famille ? © Blinding Edge Pictures

Un scénario plein de maladresses

Néanmoins et c’est là que les soucis vont commencer, malgré les qualités que j’ai évoquées, le long métrage possède tout de même beaucoup de facilités scénaristiques flagrantes. Sans vouloir vous dévoiler l’intrigue, le personnage va régulièrement se sortir de situations très délicates par des stratagèmes narratifs faciles. On a l’impression que les solutions tombent comme par magie pour sortir le protagoniste d’affaire.

Ou pas du tout un bon père de famille ? © Blinding Edge Pictures

Lors des deux premiers tiers, cela ne m’a pas dérangé. Il s’agit d’un film à concept, pour que celui-ci fonctionne, le spectateur doit pouvoir accepter certaines entourloupes narratives, si celles-ci sont placées avec un minimum de subtilité. On appelle ça la suspension consentie d’incrédulité. Malgré les quelques facilités, la première partie du film arrive tout de même à ce qu’elles ne soient pas suffisamment gênantes pour nuire à l’immersion.

Un troisième acte tiré par les cheveux et ridicule

Malheureusement, tout s’écroule lors du dernier tiers. On va sortir de la salle de concert et à partir de ce moment, le film part dans une crise de folie. Les péripéties les plus absurdes et insensées s’enchaînent à une vitesse frénétique. Si quelques ficelles sont déjà légèrement visibles lors de la première partie, elles nous sautent carrément aux yeux dans la deuxième. II y a une ribambelle de retournements de situation complètement délirants, à croire que le long métrage ne va jamais se terminer.

Josh Hartnett et Ariel Donoghue © Blinding Edge Pictures

Shyamalan a la réputation de réalisateur de films à twists et on a l’impression ici qu’il se parodie lui-même tant tout semble forcé et grotesque. Notre suspension consentie d’incrédulité ne peut juste plus accepter toutes les incohérences et décisions incompréhensibles prises par les personnages.

Un « Trap » qui attrape le spectateur au piège

Le bilan pour ce « Trap » est donc à mes yeux globalement négatif et c’est bien dommage, car le film a des qualités. Bien que les deux premiers tiers soient plaisants, un bon thriller doit garder une intrigue solide sur toute sa longueur et ce n’est pas le cas ici. « Trap » est un long métrage dans lequel les problèmes de scénario se succèdent et s’intensifient crescendo au fur et à mesure qu’il avance, jusqu’à arriver à un point où cela en devient complètement ridicule.

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