À l’occasion du soixantième anniversaire de Benoît Poelvoorde, né le 22 septembre 1964, revenons sur la carrière fascinante de ce monument du cinéma francophone. Connu pour son humour décalé et son talent indéniable, Poelvoorde a marqué le paysage culturel belge et français de manière indélébile. Dans cet article, nous explorerons d’abord sa biographie, avant de plonger dans les films qui ont façonné son parcours artistique.

Illustration : © SYSPEO/SIPA 

Le chemin de la réussite

Né le 22 septembre 1964 à Namur, en Belgique, Benoît Poelvoorde grandit dans une famille modeste. Fils d’un père routier et d’une mère épicière (vue dans son propre rôle dans C’est Arrivé près de chez Vous), il développe très tôt une passion pour la comédie. Ses études à l’internat jésuite de Godinne près de Namur lui permettent de découvrir le théâtre, une première étape vers une carrière qui va bouleverser le paysage du cinéma francophone.

Festival de Cannes, 2004. Benoît Poelvoorde est membre du jury © Wikipedia Commons

Après avoir obtenu son diplôme, il poursuit ses études avec des cours d’arts appliqués à l’institut technique Félicien Rops à Namur où il rencontre Rémy Belvaux. Dans les années 1980, il commence à se faire un nom sur les planches avec des spectacles de café-théâtre, mettant en avant son humour absurde et son sens de l’improvisation. Ce talent brut ne tarde pas à attirer l’attention, et il fait ses débuts au cinéma en 1992 dans « C’est Arrivé près de chez Vous », parodie de l’émission strip-tease, un film qui l’installe comme une figure montante du cinéma belge.

Au fil des années, Poelvoorde est reconnu non seulement pour son humour, mais aussi pour sa capacité à endosser des rôles complexes. Il oscille avec aisance entre la comédie et le drame, ce qui lui permet de se démarquer dans un paysage cinématographique souvent segmenté. Son charisme et sa présence scénique font de lui un acteur très apprécié, tant par le public que par ses pairs.

Avant-première d’Astérix aux Jeux Olympiques, 2008 © Wikipedia Commons

En dehors de son travail au cinéma, Poelvoorde s’illustre également à la télévision, notamment avec des projets comme « Les Carnets de Monsieur Manatane », où il montre une autre facette de son talent. Ses collaborations avec d’autres artistes belges, comme le réalisateur et scénariste Rémy Belvaux, sont également déterminantes dans son parcours. Leurs œuvres, souvent teintées d’un humour noir et d’une critique sociale acerbe, lui permettent de se forger une identité artistique forte.

Les films marquants de Benoît Poelvoorde

Benoît Poelvoorde a participé à de nombreux films emblématiques qui ont non seulement contribué à sa renommée, mais qui ont également laissé une empreinte durable sur le cinéma francophone. Passons en revue quelques-unes de ses œuvres majeures.

Avant-première d’Une Place sur la Terre, 2013 © Wikipedia Commons

C’est arrivé près de chez vous (1992)

Ce film culte, réalisé par Rémy Belvaux, est sans doute l’une des œuvres les plus iconiques de Poelvoorde. Dans ce faux documentaire, il incarne Ben, un tueur en série charismatique, qui explique ses méthodes de travail à une équipe de journalistes. Ce film, à la fois hilarant et dérangeant, a révolutionné le genre du mockumentary en Belgique et a ouvert la voie à une nouvelle ère de comédie noire.

Les Randonneurs (1997)

Dans cette comédie réalisée par Philippe Harel, Poelvoorde joue le rôle de « Eric », un homme maladroit et malchanceux qui part en randonnée avec un groupe d’amis. Le film aborde les thèmes de l’amitié et de la découverte de soi dans un cadre comique. Sa performance, empreinte d’un humour désinvolte, reste gravée dans les mémoires des spectateurs.

Podium (2004)

Bernard Frédéric a pour métier Claude François et accessoirement banquier. Devenir le sosie de Claude François est son rêve. Après avoir raccroché pendant plusieurs années et fondé une famille, il est contacté par Couscous, alias Michel Polnar G, l’étonnant sosie de Michel Polnareff afin de gagner le concours de la « Nuit des sosies » présentée par Evelyne Thomas  au grand dam de sa femme Véro. Pour ce faire, il engage quatre Bernadettes, comme Claude François avait ses Claudettes.

En 2018 au Festival du Film de Cabourg © Wikipedia Commons

La Guerre des Miss (2008)

Encaissé dans la vallée, Charmoussey, petit village est frappé durement par la récession. Quelques kilomètres plus haut, Super-Charmoussey, station de ski familiale et prospère. Chaque année la rivalité entre ces sœurs ennemies fait rage à l’occasion de l’élection de la Miss locale : 22 compétitions, 22 victoires pour celles d’en haut, « coachées » par différents professionnels invités aux frais de la station. Trop c’est trop !

Coco avant Chanel (2009)

Le film s’intéresse aux années de formation de la grande couturière Coco Chanel : comment une jeune fille nommée Gabrielle, d’origine très modeste, autodidacte, et dotée d’une personnalité hors du commun, va devenir Coco Chanel, le symbole de réussite et de liberté et qui incarnera la femme moderne. Poelvoorde interprète un des premiers amants de Chanel, et son pigmalyon : Étienne Balsan.

Avec son comparse Dany Boon dans « Rien à déclarer », 2010 © Pathé Films / TF1 Films

Rien à déclarer (2010)

Ce film, qui a battu des records d’audience en France, met en avant la culture du Nord et le choc des régions. Sa participation dans le film renforce son image de comédien apprécié dans toute la francophonie. Son interaction avec Dany Boon ajoute une dimension humoristique au récit. Une histoire de douaniers confrontés à la diminution de leur rôle dans une Europe qui abolit les frontières à la suite du Traité de Maastricht. Un Poelvoorde insupportable et francophobe.

Les Émotifs Anonymes (2010)

DAngélique Delange est une chocolatière talentueuse, mais aussi une grande émotive, qui perd tous ses moyens dès qu’elle devient le centre des attentions. Pendant 7 ans, elle a été maître chocolatier de Mercier, œuvrant dans l’ombre derrière l’identité fictive d’un ermite anonyme. À la mort de Mercier, sa recherche d’un nouvel emploi lui fait répondre à l’annonce de Jean-René Van den Hugde, patron d’une fabrique de chocolat au bord de la faillite (Poelvoorde). Leur passion commune pour le chocolat les rapproche rapidement et ils tombent amoureux, mais leur timidité maladive les empêche de se l’avouer. En effet, Jean-René est également un grand émotif, qui consulte un psychologue, alors qu’Angélique rencontre un groupe d’émotifs anonymes. Leur relation semble difficile, voire compromise, alors qu’ils ont tout pour réussir ensemble.

Le rôle de Dieu lui va comme un gant, 2015 © Terra Incognita Films

Le Tout Nouveau Testament (2015)

Alors que Dieu passe ses journées à rendre la vie des gens infernale, Ea, sa fille, souhaite punir son père pour son comportement. Pour libérer les humains de la peur de la mort, elle dévoile par SMS la date de décès de chaque individu et bloque l’ordinateur de Dieu, qui lui servait à manipuler les mortels. Sur les conseils de son frère J.C., elle part alors à la recherche de six nouveaux apôtres pour écrire un « tout Nouveau Testament ». On l’aura compris, Poelvoorde interprète le rôle de Dieu, évidemment.

Le caméléon polymorphe

Benoît Poelvoorde, à travers son parcours exceptionnel, incarne un acteur au talent polymorphe qui a su s’imposer dans le paysage cinématographique francophone. Son humour, sa sensibilité et sa capacité à naviguer entre différents genres ont fait de lui une figure incontournable. À l’aube de ses soixante ans, il est temps de célébrer non seulement son passé, mais aussi un futur prometteur. Que l’on soit fan de comédie ou de drame, les films de Poelvoorde continuent de séduire et d’inspirer, prouvant que l’art du cinéma n’a pas fini de se nourrir de sa créativité inépuisable.

Benoît Poelvoorde fait très bien l’accent bruxellois :


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