Méconnue hors des frontières de son pays, la peintre norvégienne Harriet Backer a pourtant été la peintre femme la plus renommée dans son pays à la fin du XIXe siècle. Célèbre pour son usage de coloris riches et lumineux, elle a réalisé une synthèse très personnelle des scènes d’intérieur et de la pratique du plein-air. Elle puisait aussi bien son inspiration dans le courant réaliste que dans les innovations de l’impressionnisme à travers une touche libre et un très grand intérêt porté aux variations de la lumière. Elle est aussi connue pour ses portraits sensibles du monde rural et son intérêt pour les intérieurs d’églises. Le Musée d’Orsay de Paris lui rend hommage dans une superbe exposition à voir jusqu’au 12 janvier 2025.

Illustration : Harriet Backer (1845 – 1932), Soirée, intérieur, 1896 © Oslo, Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design, NG.M.02216 / Photo: National Museum / Børre Høstland

À une époque où les femmes n’étaient pas considérées en Norvège comme des citoyennes à part entière, elle s’est hissée à la force du pinceau comme une figure importante de la scène artistique de son temps. Membre du conseil d’administration et du comité d’acquisition de la Galerie nationale de Norvège pendant vingt ans, elle ouvre au début des années 1890 une école de peinture où elle forme des artistes importants de la génération suivante, tel Nikolai Astrup, Halfdan Egedius et Helga Ring Reusch. Elle est soutenue par le collectionneur Rasmus Meyer, également grand mécène d’Edvard Munch.

Harriet Backer (1845-1932), « Mon atelier » [Mitt atelier], 1918 © Kode / Dag Fosse

Alors que la peinture de Backer a beaucoup évolué d’un point de vue stylistique au cours de sa longue carrière, elle est restée fidèle à un nombre resserré de sujets et sa pratique est toujours nourrie par l’étude sur le motif. Après avoir évoqué la formation de l’artiste dans les grandes capitales culturelles de l’époque que sont notamment Munich et Paris, l’exposition présentera également le cercles des proches d’Harriet Backer, des artistes femmes scandinaves, également formées à travers l’Europe et qui partagent ses engagements féministes. Le parcours abordera ensuite les grands thèmes de prédilection de l’artiste : les intérieurs rustiques, les peintures d’églises traditionnelles norvégiennes, les paysages et son sens très particulier des natures mortes. L’exposition consacrera une large place aux représentations de scènes musicales. Il s’agit en effet d’une composante importante dans la vie de Backer, dont la sœur Agathe Backer Grondhal fut une musicienne renommée en Norvège, et un sujet central dans son œuvre où les vibrations de la touche rendent perceptibles les notes de musique.

Harriet Backer (1845 – 1932), « Intérieur bleu », 1883 © Oslo, Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design, NG.M.02216/ Photo: National Museum / Børre Høstland

Cette exposition, première rétrospective consacrée à cette artiste en France, rejoint un des axes majeurs de programmation du musée d’Orsay qui propose, en parallèle des présentations des figures les plus emblématiques, des découvertes des artistes moins célèbres mais essentiels pour comprendre les grandes évolutions de l’art de la seconde moitié du XIXe siècle. La Norvège fait l’objet d’une attention toute particulière en raison du dynamisme de sa scène artistique et des liens privilégiés que les artistes entretenaient avec les avant-gardes parisiennes.

Harriet Backer (1845-1932) « L’adieu » [Avskjeden], 1878, Oslo, National Museum © National Museum / Børre Høstland

L’exposition Harriet Backer a été initiée par le National Museum, Oslo et le Kode Bergen Art Museum, et organisée en collaboration avec le Nationalmuseum, Stockholm et le musée d’Orsay, Paris. Jusqu’au 12 janvier 2025.

Harriet Backer racontée par Jean Mineraud (FR):


Gustave Caillebotte, toujours chez Orsay jusqu’au 19 janvier 2025