« I Claudius; Moi Claude empereur » est une mini-série britannique en treize épisodes sortie en 1976, adaptée du livre « Moi Claude » de Robert Graves, qui met en scène la vie de pas moins de quatre empereurs romains.

On observe la fin du règne d’Auguste, celui de Tibère, celui de Caligula et finalement celui de Claude, qui est le personnage principal de l’œuvre. Il y a également une apparition de Néron tout à la fin.

Une œuvre brillante

Cette mini-série est tout simplement magistrale et à voir absolument.  J’ai eu peur quand je l’ai commencée qu’elle ait mal vieilli et qu’elle soit décevante par rapport à une série récente comme « Rome », mais ce ne fut absolument pas le cas. « I Claudius » n’a pas pris une seule ride et reste encore aujourd’hui une œuvre exceptionnelle dont on ne peut plus décrocher une fois commencée.

© BBC

J’ai été surpris de voir à quel point elle était révolutionnaire et en avance par rapport à sa date de sortie. Tout d’abord, parlons des acteurs. Les comédiens et les personnages sont la plus grande force de la série.

Un casting aux petits oignons et des dialogues savoureux

Derek Jacobi est fantastique dans la peau de Claude et joue un protagoniste complexe, touchant et attachant, qu’on apprécie suivre.  Brian Blessed est superbe en Auguste, le personnage est très charismatique et intéressant. Il est, par contre, assez peu fidèle à la vraie personnalité de l’empereur, la version dans « Rome » est plus proche de la réalité. Auguste était quelqu’un de très sérieux, n’appréciant aucune fantaisie et était très loin de ressembler à ce protagoniste drôle et jovial que l’on voit ici. Cela n’enlève rien à la fabuleuse performance de l’acteur.  L’Auguste de « I Claudius » reste un personnage incroyable malgré cela.

Siân Philips qui joue Livia, la femme d’Auguste et la grand-mère de Claude est remarquable. Elle interprète brillamment cette femme terriblement cynique, sans scrupules, prête à tout pour obtenir ce qu’elle souhaite. Elle est très charismatique et crève l’écran à chacune de ses apparitions. Sheila White est également grandiose en Messaline et rend le personnage génialement détestable.

© BBC

Il y a aussi des têtes connues dans leur début de carrière. On peut retrouver John Rhys Davies, futur Sallah dans « Indiana Jones » et Gimli dans « Le Seigneur des Anneaux » qui interprète ici le préfet du prétoire romain Macron. On peut observer également Patrick Stewart, excellent dans le rôle de Sejan, vicieux préfet de la garde prétorienne durant le règne de Tibère. Mais surtout le brillant John Hurt, stratosphérique en Caligula. L’acteur livre une performance extraordinaire et l’une des plus saisissantes de sa carrière. Il est monumental dans la peau de l’empereur fou et pour moi, il dépasse Malcolm McDowell, qui le jouera quelques années plus tard dans l’étrange et irrévérencieux, mais très intéressant « Caligula » de Tinto Brass. Hurt est terrifiant et parvient parfaitement à retranscrire l’aspect sanguinaire et imprévisible du personnage.

La série est excellemment réalisée. Elle est très théâtrale dans sa mise en scène, on a parfois vraiment l’impression d’être devant une pièce. Les dialogues sont d’une grande richesse d’écriture et certains sont d’anthologie. Ils sont extrêmement forts et marquants et contribuent énormément à la qualité de l’œuvre. Je pense particulièrement à ceux de Livia, qui sont tous aussi fabuleux les uns que les autres et sublimés par le jeu de l’actrice.

La mère des grandes séries historiques

« I Claudius » a eu une influence considérable sur tout ce qui a été fait après  dans ce style-là. Il est très intéressant de l’observer après avoir vu des œuvres comme « Rome » « Spartacus » ou même « Game of Thrones » et de remarquer les différentes inspirations. (Je sais que « Game of Thrones » est adapté de livres, je parle de la façon dont la série est réalisée). C’est « I Claudius » qui va démarrer en quelques sortes le style typique de ce genre de séries avec des innombrables complots, des personnages qui n’arrêtent pas de se trahir et de s’entretuer, tout ça dans un univers antique où moyenâgeux. Comme je vous l’avais dit, elle est révolutionnaire et en avance sur son temps.

© BBC

Elle va en quelque sorte donner naissance à cet antagoniste féminin typique de ce genre d’œuvre, qui est extrêmement intelligent et calculateur. Une Atia dans « Rome », une Llithya dans « Spartacus » ou même une Cercei dans « Game of Thrones » sont directement inspirés de Messaline et surtout de Livia dans « I Claudius ». Alors il n’y pas d’innombrables scènes de sexe et d’impressionnantes scènes de batailles, mais si vous appréciez l’aspect politique des séries citées précédemment, vous allez adorer « I Claudius » car ce n’est quasiment que ça.

Il y a bien sûr quelques erreurs historiques dans la série, car le livre dont elle est adapté n’est pas parfait historiquement. Les décors et les habillements des protagonistes sont en général fantaisistes. Les différents événements historiques sont pour la plupart corrects, même si l’œuvre brode beaucoup et rajoute beaucoup d’éléments et intrigues imaginaires. Comme erreurs on peut noter le personnage d’Auguste dont je vous ai parlé, le fait que (SPOILERS !) Caligula n’a pas tué sa sœur, elle est morte naturellement et ça l’a d’ailleurs rendu encore plus fou et cruel qu’il ne l’était déjà. Il n’a pas été assassiné de cette manière non plus.

© BBC

Bref, si vous regardez « I Claudius » voyez la série pour sa qualité d’abord et non pour son côté historique. Car même si elle permet tout de même d’apprendre pas mal de choses sur les événements de l’époque, il y a tout de même beaucoup de fautes. Attention, je ne considère pas cela comme un défaut, car son but premier n’est pas d’être réaliste, mais d’adapter le roman et d’offrir au spectateur un magnifique spectacle et elle le réussit brillamment. En conclusion « I Claudius » est une mini-série merveilleuse et qui n’a absolument pas vieilli. C’est une série captivante de bout en bout, d’une très grande richesse que je vous recommande absolument de découvrir.

Premier épisode (FR) :


Qui est le dieu « Janus » qui a donné son nom au mois de « Janvier » ?