“Don’t say gay” sauf peut-être chez Disney
En Floride, une rixe se joue actuellement entre le gouverneur Ron DeSantis et les studios Disney/Pixar. Si le premier a signé une loi le 29 mars interdisant aux professeurs de primaire d’aborder des sujets relatifs à la communauté LGBTIQ+, le deuxième multiplie les représentations de personnages LGBTQI+ dans ses films d’animation.
Une loi jugée anti-LBGTIQ+
Depuis mars 2022, les mouvements LGBTQI+ du monde entier ont partagé leur colère face à une nouvelle loi conservatrice validée par le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Après des années voire des décennies de lutte pour être entendue, reconnue et acceptée, la communauté LGBTQI+ était enfin de plus en plus représentée positivement dans les médias et dans la culture. Cependant, en Floride, la condition de la communauté LGBTQI+ est actuellement mise en péril. Une régression injuste qui change la donne en réprimant une communauté stigmatisée depuis des siècles et qui sortait pourtant la tête de l’eau.
La grande Floride face aux parents d’élèves
« House bill 1557 » – et rebaptisé « Don’t say gay » (comprenez « Ne parlez pas des gays »)- est un texte de loi instauré dans l’État qui accueille le plus grand de tous les parcs Disney. Cette loi anti-progressiste interdit formellement aux instituteurs de maternelle et de primaire d’aborder les questions liées à l’orientation sexuelle et les questions de genre. Lors des cours d’éducation sexuelle dans les écoles publiques, il n’est plus permis de parler de ces sujets qui peuvent “heurter” la sensibilité des enfants.
Quelle en est la visée ? Elle a été promulguée afin d’éviter toute plainte et de garantir les droits des parents d’élèves qui pourraient être choqués face aux thèmes abordés au sein de l’école.
Mickey a la queue entre deux chaises
Bien que Disney ait mis du temps à exprimer officiellement son indignation, force est de constater que les studios entretiennent ou entretenaient une relation amicale et pécuniaire avec certains membres du Sénat favorables à cette loi. Cependant, il ne faut pas pour autant blâmer Disney qui, depuis plusieurs années, augmente – certes timidement, mais sûrement – le nombre de ses personnages secondaires LGBTQI+ dans ses films d’animation. Productions destinées, avant tout, à un public d’enfants. Sans que nous nous en rendions toujours réellement compte, Disney touche du bout du doigt des sujets tabous depuis des années déjà.
De l’amour d’une gargouille et d’une chèvre à un vrai baiser lesbien sur grand écran
Sexiste, raciste, des critiques, il en existe ! Disney n’a jamais et ne fera jamais l’unanimité. Néanmoins, depuis des années, les princesses ne sont plus que des femmes à marier et à sauver; et la représentation des personnages LGBTQI+ ne cesse de croître. Les premières relectures LGBTQI+ des œuvres des studios Disney sont à situer avant même la Première Guerre mondiale ! Et la vraie première allusion homosexuelle à l’écran date de 1996 dans le film « Quasimodo ». Dans la version originale, l’une des gargouilles tombe éperdument amoureuse de la chèvre d’Esmeralda. Il est dit noir sur blanc que la chèvre, Djali, est un mâle. Dans la version française, l’utilisation du pronom “elle”, nous empêche d’imaginer que la chèvre est un mâle. D’année en année, Disney est devenu plus explicite dans ses représentations comme dans “Zootopie” film sorti en 2016 où deux antilopes mâles semblent vivre ensemble. Ou encore, dans “Toy Story 4” et “Le Monde de Dory” :, en arrière-plan, nous pouvons remarquer deux couples lesbiens.
Fini l’implicite, plus de place à l’imagination ! Cette année 2022 marque un tournant à 90 degrés ! Dans le film “Buzz L’éclair”, un véritable baiser lesbien est échangé pour la première fois sur grand écran dans un film d’animation Disney/Pixar. Même si la quête de l’amour n’est plus la base d’un film Disney, il est nécessaire de diversifier les représentations pour que les communautés stigmatisées (et dans ce cas, je ne parle pas que de la communauté LGBTQI+) soient montrées naturellement plutôt que pointées du doigt.
SparkShorts et le premier couple homosexuel sur petit écran
Dans les méandres de la plateforme Disney+ et nulle part ailleurs (si je reste dans le domaine légal), vous pourrez dénicher l’un des sept courts-métrages de la série SparkShorts intitulé « Out ».
Lors de son emménagement, nous découvrons Greg et son chien turbulent. Greg est heureux jusqu’à ce que ses parents arrivent à l’improviste dans sa nouvelle maison. Pris presque sur le fait, difficile de leur cacher ce qu’il cache depuis des années. Avec l’aide de son chien et d’un peu de magie, Greg avouera ce qu’il n’avait jamais avoué à ses parents : son homosexualité. Étonnement et ravissement, pour la première fois une histoire entre deux homosexuels, qui n’est pas sous-entendue et qui traite de la difficulté de faire son coming-out, est disponible pour les adultes COMME pour les enfants.
Un pas en avant, deux en arrière. Deux pas en avant, un en arrière
Le paradoxe se creuse, où se situer ? D’une part, les gouvernements suppriment totalement ou partiellement de plus en plus de droits (dernier exemple, le droit à l’avortement). D’autre part, des associations, des entreprises privées, des monstres de la communication, etc. permettent aux branches stigmatisées de faire entendre leur voix, mais à quel prix ? Est-ce de l’altruisme ou de la démagogie ? Ces personnes stigmatisées sont peut-être vos enfants, vos petits-enfants, votre ami.e le.a plus cher.ère ou encore, cette personne pourrait être vous. Ne faites pas ce que vous n’accepteriez pas que l’on vous fasse.
Tout n’est pas perdu, d’ailleurs : « Je veux que tous les membres de la communauté LGBTQi+, spécialement les enfants qui seront touchés par cette loi haineuse, sachent qu’ils sont aimés et acceptés comme ils sont. Je vous couvre et mon Administration continuera à se battre pour vous offrir la protection et la sécurité que vous méritez.
Joe Biden