Malgré la prise de conscience et le développement de la mode éthique, la fast fashion continue de croître. Voyons ensemble s’il est possible de renverser cet empire et s’en sortir ?
Commençons premièrement par définir ce qu’est la fast fashion. Car, contrairement à ce que l’on croit, il ne s’agit pas simplement du fait d’acheter des vêtements, de courte longévité, à bas prix. Bien sûr, ce point est essentiel dans le principe. Toutefois, d’autres composantes entrent en ligne de compte, telles que l’environnement, l’exploitation humaine et l’aspect psychologique.
Définition :
« La fast fashion désigne une tendance très répandue dans l’industrie de la mode reposant sur un renouvellement ultra-rapide des collections. S’appuyant sur un rythme de production effréné et insoutenable, certaines enseignes de prêt-à-porter vont jusqu’à renouveler leurs collections toutes les deux semaines, voire moins. Cette mode « jetable » produite à moindre coût a des conséquences sociales et environnementales désastreuses. » (Oxfamfrance,2022)
L’esthétisme grandissant et la nature en péril
Alors que les yeux sont fixés sur les plus gros pollueurs de la planète, chacun pointe du doigt l’industrie automobile, faisant la morale aux utilisateurs. Or, la vérité est toute autre.
Essayer de changer la donne avec des comportements plus respectueux de l’environnement est le crédo d’une majorité. Pourtant, ils se trompent parfois de combat : L’industrie de la mode est le deuxième plus gros pollueur mondial.
Cette industrie est responsable de 10 % d’émissions à effet de serre, impact plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Mais ce n’est pas tout.
4% de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée dans la confection de vêtements. Pour être plus précis, plus de 10 000 litres d’eau sont utilisés pour produire 1 kilo de coton. La fabrication d’un jeans équivaut à 285 douches et un t-shirt à 75 douches. Ces données placent l’industrie de la mode à la seconde place dans la liste des plus gros consommateurs d’eau.
Mais, l’utilisation des produits chimiques est tout aussi dévastatrice. Au Bangladesh, par exemple, ce sont les teintures utilisées qui finissent déversées dans les rivières.
Enfin, en Europe, 4 millions de textiles sont jetés chaque année. Seuls 10% seront revendu en seconde-main. Certains vêtements issus de bennes de collecte sont envoyés dans les pays pauvres. Mais, les plus abîmés finissent leur route dans des décharges à ciel ouvert ou pis, dans les océans.
À bien y penser, les habitudes doivent changer pour la planète. D’autant plus que les droits de l’homme sont également mis à mal.
Victimes de la mode
Lorsque l’on considère le prix et les « bonnes affaires » que nous proposent les marques de fast-fashion, il est utile de réfléchir à la conception. Comment des grandes enseignes peuvent produire des vêtements, accessoires ou autres à des prix si bas. Quelles sont les mains qui le permettent ?
La réponse est simple : des ouvriers sous-payés, surexploités. À cette évidence, vient l’idée d’une main d’œuvre issue des pays asiatiques. Or, il ne faut pas toujours aller si loin. Au Portugal ou en Angleterre, par exemple, des ouvriers démunis fabriquent nos vêtements.
Un article de la RTBF, publié l’an dernier, faisait état de l’esclavage moderne dans la ville de Leicester, au Royaume-Uni. Rythme effréné, salaire minimum, aucun contrat,… Il s’agit bien d’esclavage.
Ce système archaïque est malgré tout conservé car cela rapporte gros. La marque Pretty Little Thing, première firme visée dans cet article, affichait, en 2019, un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros.
Fermer les yeux sur les conditions pour soulager les compulsifs
Les enseignes, telles que H&M, Zara, ou Bershka, proposent à leurs clients une large gamme de produits. Les nouveautés sont nombreuses et fréquentes. Il en va de même sur les sites d’achats en ligne comme Boohoo ou Shein.
Les marques produisent plus de 65 000 nouveaux articles chaque année, selon un reportage de ARTE. Cette allure excessive à un seul but : créer des comportements compulsifs.
À chaque visite, une nouveauté saute aux yeux. L’acheteur reviendra alors plus souvent vers l’enseigne. De plus, les modèles, ressemblant à ceux des marques de luxe, produiront un sentiment de satisfaction. L’acheteur sera comblé d’avoir la possibilité d’être à la mode sans se ruiner.
Selon Edouard Perrin et Gilles Bovon, réalisateurs du podcast « Fast Fashion, les dessous de la mode à bas prix », le succès de la mode jetable tient de sa capacité à effacer les différences entre les classes sociales. L’industrie de la mode permet ainsi d’avoir sans cesse de nouvelles tenues et de pouvoir exposer une certaine forme de prospérité.
Il faut ajouter à cela l’influence des réseaux sociaux. Un petit tour de la sphère digitale permettra de constater qu’il est rare de voir une personne portant une même tenue sur différentes photos. Instagram et ses influenceurs, en premier, entrent dans le jeu de la mode jetable et poussent à la consommation.
Étancher autrement sa soif de posséder plus et plus vite
Le fonctionnement de la société encourage les achats compulsifs avec une tentation permanente. Pourtant, la satisfaction peut être assouvie grâce à des alternatives et des prises de conscience.
Bien sûr, tout le monde connaît la plateforme Vinted, célèbre site de vente en ligne d’articles de seconde-main. Aujourd’hui, son succès s’explique par le fait que le vintage est devenu une mode.
Les vieux magasins aux vêtements démodés et aux odeurs de grenier poussiéreux ont laissé la place aux fripes. Il y a un plaisir à dénicher la perle rare, celle qui rendra tout le monde jaloux.
Mais, la vente façon « réunion » peut aussi avoir ses avantages. En plus de vider son dressing, on passe un moment convivial entre amis.
Si cela ne suffit pas, le site Good on You classe les marques selon leur aspect éthique et durable.
Cependant, avant d’acheter à nouveau, il est utile de faire le point. Comme le conseille Marie Kondo, faire un tri permet de se demander combien de fois un tel vêtement a été porté. Est-ce qu’il servira encore ?
Grâce à ce tri, deux piles se forment, l’une avec les habits fréquemment portés et l’autre, les non utilisés. Si cette dernière dépasse la première, il est temps de revoir ses comportements d’achats et de s’interroger sur la nécessité d’acquérir de nouvelles pièces.
Enfin, tous les influenceurs ne sont pas néfastes en ce qui concerne la mode. Certains, au contraire, distillent de bons conseils afin de combattre la fast fashion, comme Marie Dewet ou d’autres qui prônent la mode vintage, comme Nawal Bonnefoy ou Clara Victorya. Des boutiques de fripes ont également vu le jour sur Instagram telles que Fripstyleshop.
Il n’y a donc plus d’excuse à succomber à la mode jetable.