2023 et 1950. 73 ans séparent ces deux dates, ainsi que de nombreux changements sociaux. L’un des plus notables, et tout à fait bienvenu en ces temps agités, est le développement personnel. Avec l’émergence de nouvelles activités sportives, ludiques, intellectuelles et manuelles, tout à chacun a désormais la possibilité de vivre une vie hors du travail. La variété ne manque pas ; vélo, football, basket, CrossFit, dessin, peinture, randonnée, les exemples de disciplines auxquelles consacrer son corps et son âme ne manquent pas. Permettons-nous d’ajouter à cette liste un supplément d’activités moins mainstream, gratuites si vous êtes débrouillard, et méticuleusement sélectionnées pour l’audace et l’épanouissement personnel qu’elles peuvent engendrer.

La danse

L’affiche de « En corps » de Cédric Klapisch (2022).©STUDIOCANAL

Commençons avec une demi-surprise, la danse. Ce très vaste domaine, pratiqué par notre bonne vieille humanité depuis l’aube des âges, est une discipline pleine d’obstacles. On peine parfois à imaginer la puissance physique et la souplesse requises pour réaliser un grand jeté, un Thomas/Flare ou même un numéro de claquettes ; de longues séries d’étirements et un conditionnement physique régulier sont de rigueur pour seulement en aborder les bases.

Centrée sur la flexibilité articulaire, l’équilibre, le tonus musculaire et l’endurance, la routine des danseurs a cependant l’avantage d’être très modulable en fonction du type de pratique choisie. Mais plus important que tout ; la danse appelle fatalement le danseur à se montrer en public (une personne seule peut compter), à se satisfaire de sa propre performance et de son apparence, et éventuellement à se synchroniser avec un ou plusieurs partenaires. De l’incontournable danse classique jusqu’au hip-hop, le choix est au rendez-vous et le/la pratiquant(e) a tout le loisir de suivre la « vibe » qui l’inspire le plus.

Bénéfices de la pratique : souplesse, tonicité, endurance, audace et culture musicale.

Pole dance

On tape dans le dur : cousin éloigné de la discipline évoquée au paragraphe précédent, la pole dance est un étonnant puits de compétences et d’autodiscipline. À ne surtout pas confondre avec le strip-tease, cette activité peut se pratiquer en intérieur pour le seul plaisir de soi (une personne souvent négligée, le Soi), ou en spectacle ; le mât chinois, le trapèze et bons nombres d’acrobaties découlent du même champ de compétences. Quelles sont-elles au demeurant ?

Pour commencer, la pole dance développe considérablement la force musculaire et le sens de l’équilibre du pratiquant. Crucifix, fireman, open v, cross knee release, ces poses audacieuses nécessitent une grande capacité de gainage et de traction. Mais outre le gain apporté aux abdominaux, bras, épaules et dos, le pole dance amène le/la danseur/euse à accepter son apparence, tout sexe et genre confondu. Après tout, c’est une discipline qui se pratique au minimum en sous-vêtements (pour des raisons d’aisance et de sécurité), et la tolérance des autres et de soi s’impose d’elle-même. Misogynes s’abstenir !

Bénéfices de la pratique : équilibre, self-control, puissance musculaire, respect et assurance.

La scène

L’Acteur naissant (La passion du jeu), Jean-François Dusigne (2008), Théâtrales, 192 pages.

Pour combiner, expressions physique et orale, abordons le cas du 6e Art. Bien que ce terme regroupe l’ensemble des disciplines ayant en commun la mise en scène publique, le cas spécifique du théâtre a de quoi surprendre. (Sans particulièrement en imposer de par l’aspect, « l’arbre de compétences » appris derrière le rideau apporte des ressources insoupçonnées à qui le pratique). Éloquence, jeux de rôle, capacité d’interprétation personnelle, gestuelle et trac, voici la liste de choses à dompter pour passer sur les planches. Humiliant au début, libérateur à la fin, le théâtre est LA discipline de référence pour dépasser les limites imposées par l’anxiété sociale, et à l’aide d’outils accessibles à chacun ; l’humour, l’éloquence, la gestuelle et une voix bien claire.

À l’adresse des intéressés, la pratique de cette vieille discipline sans arrêt renouvelée est impeccable pour évacuer le sucre et les trop-pleins de calories ; le souffle, la mémoire et le système nerveux seront largement mis à contribution. Petit bonus ; les habitués s’accordent à dire que les compétences de l’acteur développent le sens critique, la répartie… Et le sex-appeal.

Bénéfices de la pratique : éloquence, répartie, mémoire, bonne respiration et culture générale.

Jardiner

Comment ça, jardiner ? Oui, parfaitement, jardiner. Cette activité dite « de mémé » est probablement l’une des meilleures choses à faire quand on dispose d’un jardin. Si l’habit ne fait pas le moine, il est cependant reconnu par les adeptes que ce domaine si salissant aide à extérioriser et à se couper de la réalité. Belle perspective pour qui a besoin de trouver un monde hors du travail.

Ces deux indéniables qualités mises à part, jardiner implique de fréquentes flexions, des mains habiles et beaucoup de patience et de détermination ; quoi que vous plantiez, quelle que soit la saison, vous serez amené à manipuler des êtres vivants, avec leurs besoins (alimentation, espace personnel, disposition, périodes de croissance). Sans aspirer aux concours sportifs, le jardinier investi améliore progressivement son rythme cardiaque, sa souplesse, et même sa force.

Cette activité, après tout, peut s’appliquer à la décoration extérieure ; sacs de terreaux, pots, brouettes, et même roches seront de la partie si vous voyez les choses en grand. Soulignons que dame nature n’est pas une ingrate ; un habile artisan du sol aura tôt fait de remplir son frigo et ses pots de fleurs avec les produits du jardin, qui prendra très vite des airs de sanctuaire personnel. Notons au passage que les qualités du jardinier se marient très bien à celles du promeneur ; cueillir des plantes de saison ou des fleurs est toujours bon à prendre pour un cultivateur ingénieux.

Bénéfices de la pratique : souplesse, persévérance, baisse d’anxiété, patience et autosatisfaction.

Urbex

Amateurs de découvertes, manifestez-vous ! Lʼurbex, cette activité moderne, apparue au courant des années 2000, se traduit de l’anglais par « Urban Exploration ». Bien que la vague soit passée il y a un moment, cette pratique vaut toujours le coup d’être mise à l’épreuve pour très peu de frais (vêtements pratiques, éventuel moyen de transport). En quoi consiste-t-elle ? Très simplement à s’introduire dans des endroits abandonnés ou délaissés pour le simple plaisir de l’expérience.

Parfaite pour redécouvrir le monde urbain, cette discipline a cependant deux facettes. Oui, les cas de dégradations n’ont pas été rares, et sont d’autant plus fortement proscrits qu’ils sont sévèrement punis par la loi. D’un autre côté, nombre de membres de cette communauté ô combien discrète mettent à profit l’expérience pour effectuer reportages, sessions photos et autres pratiques désintéressées. La tâche est peu exigeante d’un point de vue physique ; le pas feutré et l’attention sont à peu près les seules qualités espérées de la part de l’urbexer… En plus d’un très strict respect du lieu. À l’adresse des personnes intéressées, consultez le site urbexsession pour mieux appréhender la matière.

Bénéfices de la pratique : baisse d’anxiété, sentiment d’accomplissement, self-control et audace.


Pour citer Jean Jaurès : « Qu’est-ce que l’idéal ? C’est l’épanouissement de l’âme humaine. Qu’est-ce que l’âme humaine ? C’est la plus haute fleur de la nature. »

Le pacifique fondateur du quotidien l’Humanité s’exprimait là avec sagesse ; les moyens de se redécouvrir et se surpasser, de « fleurir » (pour filer la métaphore), ne manquent pas. D’autant plus qu’en cette ère du numérique, qui ne peut prétendre trouver en quelques clics un moyen de débuter dans une activité nouvelle ?