« Égypte. Éternelle passion » la nouvelle exposition fascinante du Domaine et Musée royal de Mariemont
« Égypte. Éternelle passion », une exposition originale qui explore la genèse de l’égyptomanie de l’époque romaine jusqu’à nos jours. À voir au Musée royal de Mariemont jusqu’au 16 avril.
En cette année 2022, on célèbre deux anniversaires importants dans l’histoire de l’étude de l’Egypte. Tout d’abord, c’est le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, par le savant français Champollion, et le centenaire de la découverte de la tombe de Tout-ankh-Amon, par l’archéologue, Howard Carter.
Le musée Royal de Mariemont a donc décidé de célébrer ces dates importantes en proposant une exposition différente, qui pour une fois ne présente pas des objets égyptiens à proprement parler, mais des objets qui illustrent parfaitement l’engouement que la civilisation égyptienne a toujours suscité chez la plupart des gens depuis l’Antiquité.
En effet, depuis 2000 ans, l’Egypte passionne et fait naître moult fantasmes. Le parcours de l’exposition se veut un véritable miroir de notre société. « Nous sommes entourés de Faiseurs d’Égypte qui véhiculent des idées et des images qui trouvent leurs racines dans la vallée du Nil ».
La terre des pharaons a pris possession de tous les médias actuels. L’Égypte vit dans notre quotidien. Vous-mêmes, qui lisez cet article, réfléchissez, pouvez-vous affirmer n’avoir aucune référence à l’Égypte chez vous ?
L’exposition navigue dans l’histoire de l’Égyptomanie, de l’Antiquité à nos jours, et nous invite à découvrir les manifestations matérielles de la relation entre notre société et cette envoûtante vallée du Nil.
Il est pourtant difficile d’appréhender réellement l’histoire égyptienne, qui s’étend sur plusieurs millénaires, bien plus que notre ère « chrétienne », puisque nous utilisons comme point de départ de notre histoire, la supposée naissance du Christ.
Représenter des éléments égyptiens n’est jamais anodin, les raisons esthétiques sont souvent mêlées à des motivations plus philosophiques, et pour appréhender tout cela, laissons-nous guider au travers des quatre temps de ceux que nous appelons les « Faiseurs d’Égypte » (groupe de référents culturels types).
Les 4 temps et les « Faiseurs d’Egypte »
Quatre temps représentés dans 4 espaces de l’exposition, racontent ce que 2000 ans d’histoire ont retenu de l’Égypte, ses codes, ses images.
« Le temps des Dieux »
Il nous invite à remonter jusqu’à l’époque romaine. Les Dieux égyptiens constituent un marqueur puissant de l’Egyptomanie.
Le culte d’Isis s’est installé dans le monde romain et est arrivé jusqu’à nos régions (Trêves, Cologne et même … Flobecq). La déesse associée à l’image chrétienne de la Vierge à l’enfant, assimilée à la Nature et devenue la déesse universelle jusque dans l’univers maçonnique, elle trouve encore des échos modernes dans l’identité féminine et la notion du « féminin sacré ».
Tandis qu’Anubis, lui, est le dieu hybride le plus emblématique de l’Égypte ancienne. Délaissé durant l’Antiquité, il fait son grand retour aux 20e et 21e siècle où ses représentations fascinent et naviguent entre force et effroi.
Figure 2- Statuette d’Isis, bronze, Europe, 1er – 3e siècle ©Musée royal de Mariemont
Deuxième espace : le temps des savants ou celui des redécouvertes
Les premiers témoignages nous viennent des pèlerins chrétiens, qui voulaient visiter les lieux saints de l’Égypte sur les pas de la Sainte-Famille. C’est à eux que l’on doit les premiers récits d’animaux extraordinaires des plus réels (girafes, crocodiles) aux plus incroyables (licornes).
Mais c’est l’expédition des savants qui a accompagné la campagne militaire de Napoléon qui nous a offert les 23 magnifiques volumes de la description de l’Égypte. De 1798 à 1801, 160 savants (dessinateurs, ingénieurs, géographes, botanistes) ont accompagné le général pour documenter le pays. Et parmi les dessins, bien sûr, nous trouvons le fac-similé de la pierre de Rosette (ce fragment de stèle gravée, en hiéroglyphes, égyptien ancien et grec, a joué un rôle déterminant dans le déchiffrement des hiéroglyphes).
L’écriture hiéroglyphique a longtemps porté une valeur symbolique voire ésotérique. C’est au 19esiècle qu’est née l’égyptologie assortie d’une démarche scientifique, et grâce à eux que la passion égypto-maniaque s’amplifie en Occident.
Le troisième espace et le temps des passions
De plus en plus de voyageurs prennent le chemin de la terre des pharaons, les grandes collections commencent à se constituer, et les musées du Louvre, le British Museum, le musée égyptien de Berlin, l’Hermitage de Saint-Pétersbourg, et même le musée d’Art et d’Histoire de Bruxelles et Mariemont, bénéficient de pièces magnifiques.
D’ailleurs, c’est à cette époque que naissent les premières croisières Thomas Cook qui emmènent les voyageurs jusque dans les hôtels mythiques comme le Winter Palace et le Old Cataract Hotel.
Partout en Europe, les intérieurs s’enrichissent de mobiliers, bibelots, papiers peints, tissus d’inspiration égyptienne, de même que les jardins publics, et même certaines maisons s’enrichissent de décors égyptisants.
Que d’objets émouvants peuvent s’admirer dans cette exposition, des albums de photos, témoins d’un passé proche et lointain à la fois.
Quatrième espace consacré au temps des icônes
Les diffusions scientifiques sont de plus en plus médiatisées, et parallèlement à cela, la publicité et les médias se réapproprient les grandes figures de l’Histoire égyptienne, comme Néfertiti, dont le buste sert de présentoir à lunettes, ou Cléopâtre, qui incarne la femme sulfureuse par excellence, surtout depuis que Liz Taylor et Monica Bellucci lui ont prêté leur plastique irréprochable.
Deux autres symboles sont également omniprésents, quand on pense égyptomanie : la pyramide, et la momie.
L’exposition « Égypte, éternelle passion » montre les formes que peut revêtir cette passion jamais démentie qui a traversé les époques, jusqu’à s’immiscer dans de plus en plus de domaines, allant des jouets, des films, des jeux vidéo, la mode, la décoration etc. …
Malheureusement, de « pseudo-archéologues » se sont emparés également des pyramides pour échafauder des théories farfelues quant à leur construction, et leur destination. Théories heureusement démontées de main de maître par de nombreux spécialistes en la matière.
L’exposition de Mariemont nous présente des objets curieux, originaux, beaux, le visiteur peut admirer des décorations en biscuit de porcelaine, un sarcophage cartonné avec des hiéroglyphes illustrant .. la Bible, des manuscrits anciens … En fait, il est très difficile de tout décrire, et je ne peux que vous inviter à partir à la découverte des différentes manifestations artistiques de l’égyptomania.
Raoul Warocqué, à l’origine du magnifique musée de Mariemont a dévoué toute sa vie à réunir des collections historiques et artistiques d’un incroyable intérêt, et les réserves et le service de documentation du musée sont d’ailleurs accessibles aux chercheurs et amateurs éclairés. De véritables merveilles issues des millénaires d’histoire égyptienne sont d’ailleurs à admirer dans les collections permanentes du musée, et d’ailleurs deux nouvelles pièces ont été acquises grâce au soutien du Cercle royal des Amis de Mariemont, dont ils rejoindront les collections permanentes après l’exposition permanente.
Il s’agit d’un relief montrant un pharaon faisant offrandes, en calcaire datant de l’époque ptolémaïque (3e ou 2e siècle avant J.-C), ainsi que le projet de réalisation de First of Westerners de l’article contemporain Ian Kirkpatrick, un Anubis couché, décoré par des logos « Louis Vuitton ».
Cette exposition est originale, mais pas seulement. Elle nous pose à nous questionner sur notre propre vision de l’Égypte, mais aussi sur les raisons de l’engouement de l’Occident pour cette civilisation. On ne compte plus les ouvrages de vulgarisation scientifique, mais aussi les romans qui ont pour toile de fond les pharaons, avec des écrivains comme Christian Jacq, Elizabeth Peters, Gilbert Sinoué, Mika Waltari, Anton Gill, Wilbur Smith … et j’en oublie énormément.
Autour de l’exposition « Égypte, éternelle passion », d’autres activités ont été organisées, dans les murs du musée Royal de Mariemont et en dehors, à Bruxelles, en Wallonie et même à l’étranger. Par le biais de prêts d’œuvres, le musée soutient 8 autres expositions en Belgique et à l’étranger.
Des publications de qualité accompagnent ou complètent votre visite.
Exposition jusqu’au 16 avril 2023.
Adresse : 100 chaussée de Mariemont, 7140 Morlanwelz, Belgique
Horaire : Musée ouvert du mardi au dimanche de 10h – 17h (octobre – mars), de 10h – 18h (avril) / Dernière entrée 45 minutes avant la fermeture.
Tarifs : 8€ – réductions possibles. L’accès aux collections permanentes est gratuit.