Label décerné chaque année à une ville de l’Union européenne, en 2022 c’est Esch-sur-Alzette qui partage le titre avec Kaunas en Lituanie et Novi Sad en Serbie. Parmi les nombreuses activités culturelles prévues par la ville, plusieurs expositions emblématiques reviennent sur l’histoire industrielle de Esch.

Origine et raison d’être

Dans l’objectif de valoriser et faire découvrir les richesses culturelles du continent européen, Grèce Mélina Mercouri et Jack Lang, ministres de la Culture respectivement grecque et français, font germer en 1985 l’idée d’élire chaque année une capitale européenne de la culture, et ce pour une durée d’un an.

L’heureuse élue, via le titre attribué par le Conseil de l’Union européenne avec un programme géré par la Commission européenne, est alors chargée d’organiser toute une série d’événements culturels pour rapprocher les pays et promouvoir un rayonnement culturel régional international.

Sur base de différents critères, tels qu’une programmation culturelle très attractive, une mise en valeur du patrimoine local et régional, et une promotion de la culture européenne, un jury de 12 experts culturels indépendants désigne 2 villes.

L’idée est de faire découvrir et de célébrer les liens qui unissent les différents pays de l’Europe, par la création d’un espace culturel commun et ainsi renforcer les sentiments d’appartenance. Faire participer la culture au développement de la ville lauréate et stimuler le tourisme. En plus d’apporter un nouveau souffle à la ville, cette initiative utilise l’Art pour rassembler tout en mettant en lumière la diversité de la culture européenne.

Pourquoi Esch-sur-Alzette ?

Située au Sud du Luxembourg, cette 2e ville du pays, est restée dans l’ombre de Luxembourg-ville (capitale européenne en 1995 et 2007) et ce malgré son histoire industrielle sidérurgique
importante, qui contribuera énormément à l’enrichissement de la Région et du pays au 19e.

Avec son ancien site sidérurgique de Belval reconverti en un nouveau quartier urbain dans les années 90 après cessation de l’activité de production de l’acier au début des années 70, Esch-Belval (Belval de son vrai nom) est en réalité le plus grand projet de reconversion industrielle au monde ! Autrefois la plus grande aciérie du Luxembourg, il est aujourd’hui le quartier le plus moderne du pays.

© LFT Oliver Raatz

Lieu de technologie, de savoir et de créativité, le quartier se dote en 2003 d’une université
comptant plus de 110 nationalités différentes. Ce qui viendra renforcer le caractère déjà
multiculturel de la ville.

La directrice de Esch 2022, Nancy Braun, ajoute à toutes les raisons du choix de cette ville : ‘’C’est ici que la nouvelle richesse du Luxembourg va se développer, c’est aussi ici qu’elle est née, avant les banques et tout le système financier qui s’est constitué, c’est aussi là que se trouve l’avenir du pays’’

Un programme entre passé industriel et avenir culturel, un Remix intégral

Sous le thème général de Remix culture et 4 thématiques sous-jacentes : Remix Europe, Remix Nature, Remix Art, Remix Yourself, Esch 2022 veut repenser le territoire, requalifier l’espace. Se tourner vers l’innovation, en trouvant l’équilibre entre environnement naturel et urbain.

Remixer, repenser, réévaluer notre rapport à la nature, à l’art et à l’Europe. Une nécessité d’une remise en question individuelle et collective.

Plus de 2000 événements au programme! 407 événements en Français, près de 300 en allemand, environ 300 en anglais et 376 en luxembourgeois. C’est dire la nécessité de s’affranchir des barrières de la langue et encourager une large participation du public !

Entre autres, expos, pièces de théâtre, performances artistiques, mais aussi autoportraits et selfies de la photographe Christina Nunez, vidéos du cinéaste Emile Schlesser, performances de la danseuse chorégraphe autodidacte Cécilia Bengolea. Cette dernière en s’emparant du socle brut du haut fourneau C, complètement démantelé et qui lui servira de scène, allie la chorégraphie à la vidéo. Une performance ressemblant à de la sculpture animée.

a building with a mural on it

Elle s’inspire de la street dance de Jamaïque, avec un goût prononcé pour l’expérimentation. Elle aime mélanger des choses qui se marient mal à première vue. Un événement très attendu.

Les thèmes de la dimension transfrontalière, cette réalité quotidienne avec la France et celui du climat ne sont pas omis.

Ainsi, le projet documentaire Frontaliers. Des Vies en stéréo, de Samuel Bollendorff et de Mehdi Ahoudig ambitionne de construire sur des relations transfrontalières quotidiennes existantes. Avec un regard particulier sur ces personnes qui chaque jour traversent la frontière pour travailler, l’idée est d’enquêter sur ces différences sociales entre la France et le Luxembourg. Une invitation à une analyse critique relative au déséquilibre entre le nombre important des ‘’navetteurs’’ (près de 200 000) et l’insuffisance des infrastructures et des services sociaux pour les communes françaises.

Le projet Respire, quant à lui, à cheval entre présent et avenir, est cette exposition à la Massenoire qui nous parle de l’air et de la respiration, à l’heure où les enjeux climatiques sont au cœur du devenir de la planète, il informe mais surtout questionne sur demain. Que pourrait être une politique plus ‘’respirable’’ ? Est-il possible de changer l’environnement sans se changer soi-même ?

Le numérique comme source d’attraction

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Avec des technologies avancées pour atteindre un public très large et ses plateformes de discussion, Hiking Identity, dancing diversity, propose des activités virtuelles visant à changer son image ou la créer, avec cette plateforme de choix qu’est le Möllerei pour faire découvrir la culture luxembourgeoise.

L’artiste Tristan Schulze propose cette activité d’une reproduction de soi à l’infini, un
renouvellement continu d’une collection numérique. Je peux être à l’infini !

L’ordinateur recrée à chaque entrée une nouvelle tenue, faisant apparaître une sorte d’avatar avec lequel il est possible de jouer, faire les mouvements voulus. Créer ainsi une sorte d’interdépendance ludique entre les humains et les machines mais qui nous pousse à la réflexion. Les données que nous partageons ne sont plus souveraines, il est important d’en prendre conscience à l’heure où la plupart ne s’en soucient pas.

Enfin, l’artiste Anett Holzheid en charge de l’expo ‘’Captured’’ nous propose une installation numérique d’intégration dans l’histoire programmée par l’ordinateur, avec une déclinaison de scénarios. Après avoir été pris en photo, avec trois profils différents (suiveurs, victimes et leaders), l’ordinateur nous révèle qui nous sommes, avec ces rôles qui changent, dans une société bien ancrée historiquement, mais aussi tournée vers l’avenir.

On l’aura compris, l’exposition Hicking identity, dancing Diversity met l’accent sur l’activité et le changement. 28 artistes vont explorer le hicking à travers plusieurs procédés artistiques et
esthétiques. Une belle invitation à s’impliquer pour changer le monde.