Et pendant ce temps là chez les Dugaumier !
En 2000, Notélé, télévision locale du Wallonie picarde, récupère les bribes de vies de ses citoyen(nes) enregistrées en 8 mm, super8 et 16 mm pour une numérisation d’archives de génie ! Ses vidéos donnent naissance, 20 ans plus tard, à un merveilleux montage de confinement. Le spectacle de Eloi Baudimont et Benjamin Macke fait mélodieusement revivre ces instants éclatés, étalés de 1940 à 1982, année de fin de l’utilisation du super8.
Que se passe-t-il quand on part de 1940 pour se retrouver en plein confinement 2020 ?
Bloqué dans sa chambre, comme bien souvent, on se retrouve en face de son petit écran noir, loin du grand fermé et on en observe les gens que l’on ne sait côtoyer. Et que se passe-t-il lorsque deux amis tombent sur la fabuleuse collecte de Notélé, entreprise 20 années plus tôt, pour proposer aux citoyens de numériser et archiver leurs anciens films de 8 mm, super8 et 16 mm ? Un sublime docu-fiction galvanisé par une création musicale live en ressort !
L’autre soir dans une salle très secrète de Bruxelles se tenait le ciné-concert de Eloi Baudimont et Benjamin Macke. Tendresse, humour, joie et amour d’un ancien temps : la composition de ce spectacle aligne sensiblement un cadre spécifique, scénographié par l’idée d’une époque ancienne révolue.
La composition musicale et bruitiste pointue dialogue avec un montage d’archives délicatement découpé, inspiré de l’univers du film muet. L’accordéon diatonique de Benjamin et le piano d’Eloi, habitués à ce genre d’exploit, s’animent ensemble en ping-pong avec les loops live qu’ils génèrent : une transformation de timbres et de sonorités accorde musique et images au fil de cette séance émotion.
C’est en pas chassés burlesques que les deux artistes s’écartent cette fois-ci du classique pour agrémenter de bruits de klaxons quelques vannes toutes droites sorties de Chaplin, Buster Keaton, et autres Tatillons….Le Gesamtkunstwerk relie les joies d’enfants et de 323 familles depuis 6000 bobines confiées à la chaîne que Benjamin et Eloi ont su nous découper aux petits pichous.
En révélant la préciosité des choses simples, du vivre ensemble, de l’amusement, les deux compositeurs cinéphiles font revivre le bonheur des archives de « cette vieille Belgique » des familles. Et c’est avec beaucoup d’émotions que le public s’anime à la vue de l’intimité des jeunes frères dont nous suivons l’évolution, autant que celle de la mélodie et du jeu scénique complice de ces deux musiciens présents pour nous.
La blague souvent tirée d’un comique d’instant et de répétition ponctue avec dynamisme cette séance de souvenirs d’humanité.
Bobines désuètes d’époque, bruitisme spécifique, accordéon et piano mélodieux, Eloi Baudimont et Benjamin Macke émeuvent leur public par une intimité, leur complicité fraternelle : une approche douce et familiale qui réchauffe le cœur. Cette époque révolue amène au souvenir, le goût d’antan, celui d’une saveur de la proximité en instance de
disparaître : innocence des rondes d’enfants, ensemble de tous âges confondus, fêtes familiales et de villages, jouets d’avant ressuscités…
Tous ces liens de société d’une époque où la place publique rapprochait les personnes, et l’ensemble des familles se soutenaient dans une éducation commune et privée sont ravivés. Un clash d’époque entre l’aujourd’hui du dehors de la salle et l’environnement créé des artistes, nous renvoie à la joie d’un monde non numérique en passe de le devenir pas à pas.
« Les visages et l’attitude des personnes face à la caméra est autre” me confie Eloi en fin de représentation, bien heureux de la surprise que l’artiste vous dévoilera en fin de représentation. « Maintenant toutes les personnes savent ce qu’être filmé, iels regardent de plus en plus la caméra ou s’en détournent. »
Si les époques et les intérêts se succèdent en passe avec la technique, l’art et l’art de la scène sera lui un éternel inchangeable à notre histoire humaine, en faculté de nous faire revivre bons et mauvais souvenirs, bonnes et mauvaises époques avec le caractère doux, joyeux ou le bon goût de celleux qui s’écartent des vainqueurs.
Si comme moi vous souhaitez remercier deux frères, ou quatre, ou j’ai des doutes.. combien étaient-ils ?Je vous recommande de participer à la première de Et pendant ce temps là chez les Dugaumier ! de Eloi Baudimont et Benjamin Macke à la Maison de la Culture de Tournai le 19 novembre à 20h : www.maisonculturetournai.com/agenda/pct-les-dugaumier/2022-11-19/
Seul ou accompagné, moment de félicité garanti !
Vous êtes absents de Tournai le 19 ? Aucun souci à se faire, les Dugaumier repassent sur
l’écran le 11 février, 19 mars et 24 juin dans la même salle. Pensez à prendre votre tickets !