Comment oublier les légendaires Mr Darcy et Elizabeth Bennet, les héros du célèbre roman Orgueil et Préjugés paru en 1813 ? Ils ont traversé les siècles pour s’imposer parmi les couples mythiques de la littérature anglaise. Il en est de même pour l’auteure qui les fit connaître. Le nom de Jane Austen résonne encore dans les salles de classe, dans les bibliothèques personnelles et dans les médias.

Un mystère entoure la romancière née en 1775 dans le Hampshire en Angleterre. Jusqu’à ce jour, nous ne savons pas d’où lui venaient ses inspirations. Certaines histoires, dit-on étaient étroitement liées à sa vie. Le film biographique Jane sorti en 2007 le montre. D’autres histoires imitaient la société. Toujours est-il que le style de l’auteure reste l’un des plus subtils.

Jane Austen, une romancière subversive ?

Jane Austen 1869-1870 engraving showing an idealized, young Jane Austen, based on a sketch by Cassandra Austen

L’écrivaine entame la plupart de ces œuvres Orgueil et Préjugés (1813), Raison et Sentiments (1811) et Persuasion (1817) sur le même modèle : un amour contrarié à cause de positions sociales, familiales. Les protagonistes sont souvent des jeunes femmes soumises au patriarcat. Ces dernières revendiquent leur droit à l’émancipation hors des diktats masculins et sociaux. En cela, Jane Austen paraît subversive et avant-gardiste parce qu’elle aborde des thèmes que l’on peut juger féministes.
Shreya Goswami de la plateforme féministe et collaborative Her Cycle écrit à propos de l’auteure :

(…) La manière dont elle reflète les moindres aspérités de la société fait que ses livres restent modernes. Le fait que les histoires qu’elle a choisi de raconter résonnent encore auprès des femmes plus de deux siècles après leur écriture (…) font d’elle une auteure que nous devrions tous lire au moins une fois dans notre vie.

Le fait que Jane Austen soit prise pour exemple par des mouvements féministes qui invitent à la découvrir prouve qu’elle a encore un écho aujourd’hui.

Faut-il voir dans les œuvres de Jane Austen un second degré ?

Ce serait une erreur de lire les romans au premier degré car ils sont ironiques. La professeure de littérature britannique Catherine Bernard de l’université Paris Diderot souligne cette ironie à travers une analyse du roman Orgueil et Préjugés. Son explication s’intitule, Une vision ironique de la société. Elle dit :

L’art consommé de l’ironie permet à Jane Austen de sonder l’âme d’une société prise dans des contradictions qui l’empêchent de revenir sur ses propres principes et d’évoluer.

Orgueil et Préjugés, Jane Austen (2011), Le Livre De Poche, 512 pages.

Autrement dit, l’écrivaine use de l’ironie pour peindre la société. Jane Austen est d’autant plus subtile qu’elle le fait en détournant un genre littéraire répandu de son temps, à savoir le roman romantique, pour en faire une comédie des mœurs. C’est là que réside le génie de l’auteure. Elle reprend les codes d’un genre existant, très apprécié, pour mieux le moquer. Elle inscrit ainsi son travail dans le réalisme littéraire.

Jane Austen, nouvelle égérie de la génération Z ?

Aussi surprenant soit-il, la romancière a été érigée sur les réseaux sociaux Tik Tok et Instagram, icône romantique par la génération Z, la génération connectée née entre 1996 et 2010. Sur le réseau Tik Tok, l’hashtag consacré à l’écrivaine compte plus de 600 millions de vues. Une étude appelée “OMG Jane Austen” menée par un universitaire de Cambridge montre que l’engouement autour de la femme de lettres est tel qu’elle se place, après Shakespeare, dans la liste des écrivains les plus célèbres. Effet de mode ou réel intérêt ? En cela, elle reste une écrivaine actuelle.

Signature of Jane Austen. Taken from her 1817 will.