« La Planète des Singes, le Nouveau Royaume », le quatrième opus de la nouvelle série, nous parle de nous-même en nous parlant des singes.

Non, tous les singes ne sont pas de gentilles boules de poils, comme le petit singe Jocko des aventures de Jo, Zette et Jocko, par Hergé. Dans cette série de La Planète des Singes, les gorilles sont des brutes épaisses, les chimpanzés ont des personnalités équilibrées, et les orangs-outans sont des sages. Le monde des singes est aussi complexe que le nôtre, c’est en tous cas le propos du film qui verse amplement dans l’anthropomorphisme, projetant sur ces aimables … tous nos défauts et aussi nos qualités. Le singe est le miroir de l’homme.

Noa, le courageux chimpanzé © 20th Century Fox

Je ne crois pas, comme le dit le Vénérable Jorge dans le film Le Nom de la Rose, que « le rire est le propre du singe. » Mais il n’est pas le propre de l’Homme. On voit beaucoup sur les réseaux sociaux des vidéos de renards qui rient quand on les chatouille, et l’on sait que les chimpanzés rient aussi de bon cœur, non seulement quand on les chatouille, mais il est possible qu’ils aient de l’humour. La sensibilité des singes apparaît clairement dans ce film, et rien que pour cela il vaut la peine d’être vu par ceux qui se croient si supérieurs à nos amis les primates.

Des singeries si humaines

L’histoire du film est la suite des épisodes précédents. Un virus créé par l’Homme a anéanti la plupart des humains et les a rendu incapables de s’exprimer, ils ont perdu le langage et sont redevenus des hommes des cavernes très primitifs. Le même virus a eu l’effet inverse sur les singes qui ont développé l’usage de la parole (ils sont assez bons en anglais en tous cas) et leur intelligence s’est accrue. Ce sont eux qui dominent sur Terre, parcourant les campagnes à cheval, chassant les humains comme nous le faisons aujourd’hui des bêtes sauvages. A la longue d’ailleurs les humains se sont raréfiés à cause de la chasse intensive.

Raka le sage : « Les Anciens ne nous on pas tout dit » © 20th Century Fox

On suit les aventures d’un clan de sympathiques chimpanzés qui vivent dans les arbres et élèvent des aigles. Ces singes ne sont ni meilleurs ni moins bons que des humains. Leur petite vie tranquille sera bientôt détruite par l’arrivée d’une horde de gorilles qui pourchassent une humaine. Pourquoi tiennent-ils tellement à l’attraper ? C’est ce que je ne vous dirai pas pour ne pas divulgâcher l’histoire.

Les singes sont-ils des Belges comme les autres?

De manière assez inattendue, l’humaine va s’allier à un chimpanzé et à un orang-outan pour combattre les puissants gorilles. Tout au long du film nous assisterons à l’alliance de personnages qui a priori n’ont rien en commun, si ce n’est un ennemi. Et tous les protagonistes de se découvrir Belges, puisque c’est la devise de la Belgique qu’ils mettent en pratique : « L’Union Fait la Force ! »

César Proximus, le pouvoir rend fou © 20th Century Fox

Les héros de ce films sont des braves et « De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves », disait Jules César dans La Guerre des Gaules. César est très présent dans ce film car il s’agit du premier singe à s’être émancipé du joug des humains. Les spectateurs de la série l’auront découvert dans de précédents épisodes. Dans celui-ci César, mort depuis longtemps, est devenu une légende, un archétype de déité, une figure christique pour les singes qui lui accorde toutes les qualités qui sont habituellement accolées. Il existe même parmi les singes un Ordre de César, sorte de société secrète, ésotérique, religion occulte qui transmet le message originel de César, message perdu au fil du temps, et détourné à son profit par le nouveau César en titre qui s’appelle Proximus. Un vrai méchant, un affreux, le roi des gorilles qui veut imposer son pouvoir sur tous, singes et humains. Proximus abuse de sa position dominante. Les Belges apprécieront…

Tous unis dans la Résistance

Ce film nous parle de la lutte contre la tyrannie, contre la Loi insensée, non respectueuse de la liberté de chacun. Les singes le disent : « c’est la Loi, mais elle est mauvaise ». Et ils résistent, ils entrent dans une Résistance dans le sens noble du terme, aux côtés des humains. Bien sûr, comme toujours, il y a des collaborateurs. Nous retrouvons dans le rôle de l’humain collabo des singes le récurrent William H. Macy, abonné aux rôles de veule, de lâche, d’ordure, de raté. Et des gens courageux, comme l’humaine Maé, interprétée par la belle Freya Allan qui signe ici son premier grand rôle international, gageons que nous la reverrons bientôt à l’affiche de grandes productions. On l’avait déjà ramarquée dans la série fantastique The Witcher.

« Ensemble nous serons plus forts » © 20th Century Fox

Je ne parlerai pas des acteurs qui jouent les rôles des singes, leurs visages étant camouflés par d’incroyables maquillages simiesques plus vrais que nature. Ils ont dû subir une formation de huit semaines dans un « camp d’entraînement pour singes » afin d’apprendre à mimer les mouvements des animaux. Ils était revêtus pour cela de tenues de singes, pour être davantage dans leur personnage futur. Ils ont aussi longuement travaillé leur voix. Le tournage a eu lieu en Australie, dans l’état de Nouvelle-Galle du Sud, dans des décors naturels. On y reproduit les anciennes villes qui sont envahies par la végétation, la nature ayant repris ses droits sur la civilisation. Cela donne des images très années 70, comme dans les anciens films fantastiques post-apocalyptiques.

Des valeurs humaines partagées par les singes

La première série de La Planète des Singes a commencé au cinéma en 1968 avec Charlton Heston, on se souvient de la fameuse scène de la plage de laquelle émerge le haut de la statue de la Liberté. On retrouve dans le film de cette année des scènes qui rappellent l’ancienne série: scènes de plage, chasse aux humains avec des filets. Cette série est issue du roman à succès éponyme du Français Pierre Boulle, publié en 1963. En 2011 une nouvelle série est lancée, qui conte les aventures du chimpanzé César, sous forme de trilogie. Après sa mort, à la fin du troisième volet de cette série, il fallait se réinventer. C’est pourquoi ce nouvel opus, le quatrième, est supposé se passer trois cents ans après la mort de César, avec de nouveaux personnages.

Le bon et la brute © 20th Century Fox

Je ne peux que vous conseiller d’aller le voir. Le miroir que nous tendent ces singes est frappant et plein d’enseignements pour les humains que nous sommes : respect, courage, empathie, amitié, résistance. Si vous ne l’avez pas encore vu, lisez l’histoire vraie de cet ourang-outan qui tend la main pour sauver un humain coincé dans la boue. Les valeurs que nous en retirons sont universelles et nous aurions tout intérêt à singer la sagesse et la droiture de ces sympathiques primates.

Bande-annonce originale sous-titrée FR :


Une envie de film post-apocalyptique ? On a vu pour vous le dernier film coréen du genre : Concrete Utopia.