Le réalisateur islandais, Vladimar Jòhannsson, questionne notre humanité dans ce film à l’atmosphère étrange. Prix du Festival de Cannes, dans la sélection Un Certain regard et prix des meilleurs Effets Spéciaux au Festival du Cinéma Européen et Prix de la meilleur Actrice et du meilleur film au Festival International du Film de Catalogne.

Plus que particulière, la plongée dans ce film est immédiate et intrigante, grâce à une longue demi-heure sans dialogues (que l’on comprendra plus tard comme un deuil difficile à cicatriser*) et où la météo et la nuit nous imprègnent de leur lourdeur. Le film raconte l’histoire d’un couple de fermiers qui élève un troupeau de brebis dans un endroit perdu au beau milieu de l’Islande. Alors qu’ils aident leurs brebis à mettre bas un évènement improbable vient chambouler leurs modes de vie.

On sent très vite que le « fantastique » frappe à la porte: la brume, la veillée de Noël, les moutons qui paniquent et cet endroit perdu au milieu de l’Islande, avec ses immenses montagnes et ses champs vides. Quelque chose cloche et ne tardera à perturber durablement la routine du couple.

Ingvar (Hilmir Snær Guonason) et Maria (Noomi Rapace) dans « Lamb », de Valdimar Johannsson. ©THE JOKERS

Les métaphores chrétiennes sont aux cœur du film, un cimetière perdu au milieu de nulle part, une messe de Noël jouée à la radio dans la bergerie vide, le lien entre l’innocence de l’agneau et le Christ (l’une des affiches joue d’ailleurs beaucoup là-dessus avec une image qui rappelle le passé troublant de Clarice Starling dans l’excellent « Silence des Agneaux » de
Jonathan Demme*), sans oublier la fin que je ne vous dévoilerai pas.

Le film met du temps à nous faire découvrir son mystère qui, une fois révélé, donne un sentiment un peu gauche, l’effet est plus surprenant et comique qu’effrayant. Néanmoins on sort de la séance bousculé, la tête remplie de questions éthiques que le réalisateur nous a laissées.

La mise en scène, quoique sobre, est très efficace. Le réalisateur Vladimar Jòhannsson, ancien technicien pour des films à gros budget, tel que Batman Begins, Rogue One ou Oblivion, signe ici son premier long-métrage en revenant sur sa terre natale. Il puise avec brio l’étrange solitude qui se dégage de l’ile, comme l’a brillamment expliqué le Fossoyeur de Films dans sa virée Cinéma sur l’Islande. Le film doit beaucoup à l’actrice suédoise Naomi Rapace co-productrice du projet qui nous livre ici une impressionnante prestation. Elle n’hésite pas à utiliser la méthode de l’Actor Studio au point d’apprendre l’Islandais pour s’imprégner totalement de l’ambiance du pays.

Bien que (sur)chargé en symbolique, ce conte laïque qu’est Lamb ne vous laissera pas indifférent.