Récemment, nous avons eu la chance de voir de fabuleux thrillers judiciaires venus de France. Le fantastique « Anatomie d’une chute » est celui qui a fait le plus parler de lui. Le long métrage a été acclamé par la critique et le public, en plus de remporter le césar du meilleur film. Un succès amplement mérité pour  une œuvre remarquable. Ensuite, nous avons pu découvrir le tout aussi réussi, « Le procès Goldman » dont le comédien principal a gagné le César du meilleur acteur. Maintenant, c’est « Le fil » qui pointe le bout de son nez dans nos salles obscures.

Si la sortie de ce long métrage est plus discrète que les deux films précédemment cités, il est peut-être le plus impressionnant des trois à mes yeux. Daniel Auteuil qui se trouve devant et derrière la caméra, mène son œuvre avec maestria, sachant pertinemment où il veut transporter le spectateur. « Le fil » est un long métrage qui m’a surpris, qui a joué avec moi et qui m’a complètement retourné.

Grégory Gadebois et Daniel Auteuil dans « Le fil » © Zazi Films

Attention, cette critique va dévoiler le dénouement de l’intrigue du long métrage « Le fil » sorti en 2024 et mis en scène par Daniel Auteuil. Si vous ne l’avez pas vu, je vous recommande d’arrêter votre lecture ici, en effet, pour profiter pleinement de cette œuvre, il est préférable de ne pas connaître sa résolution.

Le fil : une œuvre subtile, qui dissimule bien ses cartes

« Le fil » débute comme un film de procès classique, on y suit Jean Monier, un vieil avocat, se refusant de prendre à nouveau en charge une affaire criminelle, car il a, par le passé, fait acquitter un homme coupable de meurtres. Cependant, sa rencontre avec Nicolas Milik va lui faire changer d’avis. Ce père de famille paumé et dépassé par les événements est accusé d’avoir tué sa femme. L’avocat est persuadé de l’innocence de son client, qui est pour lui honnête et incapable de faire du mal à qui que ce soit.

L’avocat sauvera-t-il l’accusé ? © Zazi Films

Touché par ce pauvre homme complètement désespéré et qui ne souhaite que le bien de ses enfants, maître Jean Monier va se battre pour obtenir son acquittement. Lui, qui avait jadis perdu la foi en sa vocation, va peu à peu la retrouver grâce à cette affaire. Il désire sauver cet innocent par tous les moyens. Le déroulement du film semble, au départ, très académique, c’est efficace, excellemment joué et on ne s’ennuie pas, mais on se demande clairement ce qui fait se démarquer l’œuvre des autres du même style.

Confiance ? © Zazi Films

Le cahier des charges du film de procès est respecté à la lettre, sans trouver le long métrage désagréable, pendant mon visionnage, j’étais gêné par son manque d’identité.

Un final qui arrive comme un coup de poing

Puis est venue la fin. Lorsque le dénouement arrive, on se rend compte que le film jouait avec nous depuis le début. Les sentiments que j’ai ressentis durant les deux premiers tiers avaient été prévus par le cinéaste, il voulait me mettre dans ma zone de confort, pour mieux me bouleverser par la suite.

Attention SPOILERS

Malgré le combat de son avocat, Nicolas Milik est condamné à une peine de vingt ans d’emprisonnement. Et il est coupable. Lorsque Monier va lui proposer d’aller en appel, il va refuser et lui avouer calmement… Qu’il a bien assassiné sa femme. Son avocat a été le seul à respecter cet homme laissé pour compte et à le faire se sentir important. C’est ce qui l’a convaincu de continuer.

Tout ça pour ça © Zazi Films

Maitre Monier est choqué par les révélations de Milik, il réalise avec effarement avoir défendu un assassin. Hélas, il n’est pas au bout de ses surprises. C’est après trois ans d’incarcération que son ancien client va le convoquer pour qu’il vienne le voir en prison. Milik va lui faire d’autres révélations, qui sont pires que tout ce qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Ce père de famille abusait de ses propres filles et lorsque sa femme l’a découvert, il l’a tuée. Le spectateur se sent comme le personnage principal, totalement trahi.

Le fil : une œuvre saisissante et superbement écrite

On a cru en l’innocence de cet homme, on a voulu le voir s’en sortir et on était investi dans les plaidoiries de Monier. Tout cela pour découvrir qu’il est, en plus d’être un assassin, un violeur pédophile. L’avocat, qui pensait avoir retrouvé l’amour pour son métier et qui avait confiance en son client, se rend compte qu’il a failli faire acquitter un monstre.

Daniel Auteuil, magistral © Zazi Films

On nous montre que les apparences sont trompeuses, le film était volontairement très classique, car il voulait justement nous berner, pour que sa conclusion nous glace le sang. Daniel Auteuil réalise donc une œuvre remarquable et saisissante, bénéficiant d’une écriture formidable. Le film bouscule nos certitudes et nous marque d’une vraie trace indélébile. Tout cela est magnifié par des comédiens brillants dans leurs rôles.

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