Un nouveau prix pour le salon Bordeaux Art & Design, l’art contemporain est mis à l’honneur sur les bords de la Garonne avec BAD+ et le Prix Château Kirwan.
Photo illustrant l’article : Le Prix Château Kirwan, Valérie Sonnier, Le bassin des Beaux-Arts, 2024 © Valérie Sonnier
Les bords d’eaux ont été fort joliment aménagés et la Garonne déroule voluptueusement son cours tranquille. Du haut de la terrasse du Hangar 14, les invités du dîner de gala qui inaugure le salon BAD+ s’apprêtent à célébrer l’art contemporain de manière festive. Originalité typiquement bordelaise, des vins de douze différentes propriétés sont posés directement sur la vingtaine de tables dressées avec un design tout contemporain. Que chacun se serve selon son goût, et large soif !
Un visage interpellant chez Galerie Lagrange, de Bordeaux. Une impressionnante sculpture grandeur nature d’Alejandro Monge, chez 3 Punts Galeria, de Barcelone © photos Grégoire Tolstoï / DR
Le salon BAD+
Un salon c’est comme une entreprise, il faut trois à cinq ans pour l’établir, avec une différence: un salon doit être relancé chaque année, jusqu’à ce qu’il soit bien ancré dans le paysage. Cette troisième année se déroule très bien et est prometteuse pour la suite. BAD+ est le premier et le seul salon au monde à avoir lancé une résidence d’artiste. Château Kirwan y participera très probablement dès l’année prochaine Pour une entreprise l’art est un outil de communication interne et externe assez fabuleux. Le charme de l’art contemporain consiste aussi dans le fait de déceler un artiste en devenir. Le Quai des Chartrons accueille ce superbe salon jusqu’au 2 juin 2024.
Lapin, chez Bakery Art Gallery, de Bordeaux. Gerad Mas, Vermillion Bubblegum Lady, résine polychrome, 2024, chez 3 Punts Galeria, Barcelone © photos Grégoire Tolstoï / DR
Jean-Daniel Compain, fondateur de BAD+
Jean-Daniel Compain, commissaire général et fondateur du salon BAD+, est un Bordelais d’origine. Il a conseillé de grands groupes en matière d’art, et a été recruté en 1996 par Reed, le premier organisateur mondial de salons qui lui confiera la direction de dix-sept salons, dont le Salon du Livre, le Salon Nautique de Paris et la célèbre FIAC ! Le salon Paris Photo c’est lui aussi. Après avoir parcouru le monde il est revenu dans sa ville d’origine et a été frappé par son dynamisme culturel. Ayant découvert le Hangar 14 en bord de Garonne, le vaisseau idéal pour accueillir cette aventure, il lance le salon Bordeaux Art & Design, BAD+, en 2022.
Jean-Daniel Compain © BAD+
Malgré qu’il y ait 300 salons d’art contemporain dans le monde, le salon BAD+ a déjà su trouver sa place au sein de cette galaxie prestigieuse. Développant une stratégie unique centrée sur « l’Art dans la Ville et dans les Vignes », il a su attirer des galeries internationales qui privilégient la découverte et le rayonnement de la création artistique. BAD+ est un évènement soutenu par la ville, la région, et qui consacre une large place aux institutions (le MADD Bordeaux, le CAPC, la MÉCA, l’EBAX, etc..) ainsi qu’aux châteaux et domaines partenaires. La rapidité de son implantation dans le paysage culturel est certainement due en grande partie à l’expérience et à l’entregent de Jean-Daniel Compain.
Sculpture de la Galerie JAF, Bordeaux et Antibes. Bao Vuong, The Crossing, 2022, chez HdM Gallery, Pékin et Paris © photos Grégoire Tolstoï / DR
Le Prix Château Kirwan
Parmi les grands noms des propriétés bordelaises, le Château Kirwan est particulièrement mis en avant, représenté par Daniel Thierry qui va remettre pour la première fois le Prix Château Kirwan pour une œuvre d’un des artistes sélectionnés pour participer à ce salon. Le prix consiste dans le fait d’acheter une œuvre, manière intelligente de faire la promotion de l’artiste en question car cette œuvre sera exposée dans ce grand domaine viticole afin d’être admirée par tous ses visiteurs pour les nombreuses années à l’avenir. Il y a tout de même dix mille visiteurs chaque année à Kirwan !
Château Kirwan, un margaux d’exception © Château Kirwan
En effet, l’art est très présent au Château Kirwan, fruit de la longue histoire d’amour qu’entretient Daniel Thierry avec différentes expressions artistiques. Ses premiers émois ont été pour le dessin ancien dont il est devenu un grand collectionneur. Daniel Thierry prête aujourd’hui les pépites qu’il a rassemblées aux principaux musées du monde. Car pour lui le partage est une valeur fondamentale. La beauté ne doit pas être enfermée dans un coffre ou un port franc, elle doit être diffusée auprès du public et l’émotion qu’elle dégage doit être partagée.
Chen Xuefei, Le repas, 2014, collections du Château Kirwan © Château Kirwan
À Kirwan, des sculptures, délicatement posées dans le parc du château, invitent les promeneurs à se mettre en contact avec l’environnement et à flâner dans la nature. Daniel Thierry a aussi ramené de Shanghaï un grand tableau de Chen Xuefei, un peu caravagesque, montrant des Chinois qui dégustent du vin dans une splendide atmosphère d’ombres et de clairs-obscurs. Bien sûr, les collections d’art contemporain et celles plus classiques de peintures du XVIIIè bordelais sont une mise en bouche et contribuent à l’ouverture de l’esprit, avant le moment grandiose de la dégustation du célèbre Château Kirwan.
Daniel Thierry, le partage de l’émotion
Il n’y a pas de collection sans passion ni émotion. C’est le « Syndrome de Stendhal » qui, comme l’écrivain à Florence, ébloui par une œuvre, nous marque et nous transfigure. Une collection se construit, et cette construction se fait en permanence. Il faut savoir donner et ne pas oublier qu’une collection privée demeure un peu une collection publique. On ne peut pas être collectionneur sans s’impliquer dans la société civile.
Daniel Thierry, fondateur du Prix Château Kirwan © Daniel Thierry / Constance le Hardÿ
Daniel Thierry le sait bien, lui qui est très impliqué auprès des Beaux-Arts de Paris, administrateur et membre de la commission d’acquisitions, et préside le Cabinet des Amateurs de Dessins. Il est également au board des Friends of the Domaine de Chantilly. Pour mieux partager ses émotions avec les autres, Daniel Thierry a écrit un livre en 2022 sur le peintre, graveur et poète anglais William Blake, intitulé William Blake, l’artiste prophète, et travaille en ce moment sur un ouvrage consacré aux illustrations de la Divine Comédie.
Bordeaux, un écosystème d’excellence
Bordeaux établit des passerelles entre l’art et le vin. De nombreuses propriétés viticoles sont de plus en plus impliquées dans l’art, créant un écosystème d’excellence. Ce n’est pas nouveau. Le Château Mouton Rothschild a été le premier à faire des étiquettes illustrées par de grands artistes. Ils ont été peu copiés, par contre l’idée de jumeler l’art et les propriétés viticoles est une idée grandissante, et nous n’en sommes qu’au début probablement. Visitez le Musée du Vin dans l’Art à Pauillac au château Mouton Rothschild.
L’incroyable porte des chais de Kirwan réalisée par Anatoly et Kinga Stolnikoff © Château Kirwan
Il faut une émotion lorsque l’on rentre dans un chais. La porte est très importante, qui crée un sas particulier vers le monde magique des tonneaux qui conservent le fabuleux nectar dans une ambiance olfactive prometteuse. Château Kirwan est le premier des troisièmes grands crus classés de Margaux. Pour dessiner cette porte Daniel Thierry a fait appel aux artistes belges Anatoly et Kinga Stolnikoff qui a représenté un immense « cep de Noé » formé de mots directement liés au Château Kirwan et au monde viticole. Cela crée un véritable choc esthétique qui augure favorablement des trésors que l’on garde derrière la grande porte. Ce recours à l’art contemporain est typique du Bordelais, bien que certains grands crus espagnols s’y adonnent maintenant aussi.
Valérie Sonnier, lauréate du Prix Château Kirwan 2024
C’est Valérie Sonnier qui a été choisie cette année comme lauréate du Prix Château Kirwan pour ses magnifiques fusains et acrylique sur papier coréen. Elle est représentée à BAD+ par la galerie Nadja Vilenne de Liège. Les Belges sont d’ailleurs bien représentés à Bordeaux, avec la galerie Harlan Levey Projects de Bruxelles, la galerie La Patinoire Royale Bach de Bruxelles également, ou encore la galerie Eric Mouchet, présent à Bruxelles et à Paris. Artiste talentueuse, vous pouvez visiter son site pour découvrir son admirable travail.
L’artiste Valérie Sonnier © Valérie Sonnier
Nous y apprenons que « née en 1967, Valérie Sonnier est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 1993. En 2003, elle y est nommée professeur de dessin et morphologie. À travers l’utilisation de mediums variés, dessin, peinture, photographie et film super 8, Valérie Sonnier déploie un univers explorant les liens entre souvenirs intimes et mémoire collective de l’enfance, les notions de présence et d’absence, les apparitions fantomatiques. Une série de ses photographies de la Galerie Huguier est entrée dans la collection photographique de l’école. Son exposition personnelle Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un évoquant les liens qu’entretenait Victor Hugo avec le spiritisme s’est tenue dans la maison de l’écrivain à Paris et s’est inscrite dans le parcours d’art contemporain de la Nuit Blanche 2023. Une monographie vient de paraître dans la collection Gratitudes des Éditions des Beaux-Arts de Paris. »
Informations sur le salon BAD+
