« Les Diaboliques » : l’un des plus grands chef d’œuvres du cinéma français
Avec « Les Diaboliques » le cinéaste Henri-Georges Clouzot livre une œuvre tout simplement magistrale. Il s’agit, à mes yeux, de l’un des monuments les plus brillants de toute l’histoire du cinéma français.
Le début est volontairement classique, même si très bien mené, on suit une épouse, directrice d’une école, qui s’associe avec la maîtresse de son conjoint, pour l’assassiner. Paul Meurisse est fantastique dans ce rôle de mari vicieux, sans scrupule et méchant. Ses répliques sont très bien écrites, on déteste directement ce personnage, qui ne fait que rabaisser sa femme. On comprend pourquoi cette dernière, interprétée par Véra Clouzot, (l’épouse du cinéaste) veut s’en débarrasser au plus vite.

© Vera Films / Filmsonor
La comédienne joue son rôle à la perfection, on sent le conflit qu’elle a à l’intérieur d’elle, elle veut commettre ce meurtre, mais a du mal à réellement se décider et craint les conséquences de son acte. Elle n’a pas confiance en elle, à cause de la violence psychologique que lui a infligé son mari. C’est la maîtresse, interprétée par Simone Signoret qui va la secouer pour qu’elle se décide à aller jusqu’au bout.
Un suspense qui prend aux tripes
Jusqu’ici le film fonctionne bien et nous captive, mais c’est réellement lors de la seconde moitié que l’œuvre va prendre son envol et nous prendre aux tripes. Une fois le crime commis, le corps va disparaître. Où est-il ? Le mari est-il vraiment mort ? Pourquoi ce jeune garçon affirme avoir vu monsieur le directeur ?

© Vera Films / Filmsonor
Une atmosphère de mystère presque fantomatique va s’instaurer dans l’œuvre. L’intrigue est extrêmement bien ficelée, on ne peut plus décrocher avant d’avoir la clé de l’énigme. On observe ces deux femmes devenir comme folles, elles ne comprennent pas ce qui est en train de se passer. Elles ont vu de leurs yeux son corps sans vie, elles l’ont jeté dans la piscine, comment peut-il avoir disparu ? Comment peut-il être toujours vivant ? Clouzot mène son long métrage à la perfection, il joue avec le spectateur.
Un final à couper le souffle
Il fait monter la tension crescendo, pour nous marquer au fer rouge lors de la scène finale. Le suspense est haletant. La révélation est largement à la hauteur de ce que le film nous promettait. Quelle fin ! La réalisation est incroyable ! C’est magnifiquement filmé, il y a une tension qui nous agrippe à notre siège alors qu’on suit l’épouse dans ces terrifiants couloirs. La performance de Vera Clouzot lors de la dernière séquence est tout simplement époustouflante, il n’y a pas d’autres mots pour la décrire. On n’a pas l’impression qu’elle joue, tant elle semble habitée, presque possédée.

© Vera Films / Filmsonor
Spoilers
Triste ironie du sort, la comédienne est décédée d’une crise cardiaque quelques années après la sortie du long métrage. Elle est morte de la même manière que son personnage. En bref « Les Diaboliques » est un film à voir de toute urgence. C’est une œuvre d’une maîtrise totale, somptueusement mise en scène et remarquablement écrite. Autant je n’ai pas accroché au « Salaire de la Peur » du même réalisateur, autant ici, on est à mes yeux devant une véritable pépite, à ne manquer sous aucun prétexte ! L’un des plus grands films du cinéma français !
Bande-annonce FR:
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