La photographe plasticienne Valérie Belin s’expose au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, un florilège de ses œuvres à découvrir jusqu’au 28 octobre 2024.

Illustration de l’article : Valérie Belin, Super Models, 2015, Electra © ADAGP Paris 2024, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obabia, Paris/Bruxelles.

Répondant à l’invitation du musée des Beaux-Arts de Bordeaux – qui convie régulièrement des artistes contemporains à porter un regard personnel sur ses collections – Valérie Belin propose « Les visions silencieuses », une exposition monographique d’envergure organisée en partenariat avec la Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles).

Valérie Belin, Painted Ladies, 2017, Lady Blur © ADAGP Paris 2024,Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obabia, Paris/Bruxelles.

L’exposition consacrée à cette artiste (née en 1964), considérée comme l’une des plus importantes de sa génération et comme l’une des rares représentantes de la photographie plasticienne, s’inscrit aussi dans le prolongement des expositions dédiées par le musée des Beaux-Arts aux artistes femmes, de l’artiste contemporaine Suzanne Lafont en 2018 à Rosa Bonheur en 2022.

Florilège et affinités électives

Rassemblant une centaine de pièces couvrant toute la production de l’artiste, de la fin des années 1990 aux séries les plus récentes dont une inédite, l’exposition se déploie sur les deux sites du musée des Beaux-Arts, mettant en lumière la dimension singulière de son travail.

À la Galerie des Beaux-Arts, sont réunies les séries les plus emblématiques de l’artiste (Robes, Modèles II, Michael Jackson, Black Women, Mariées marocaines, Têtes couronnées, Still Life, Bouquets, Corbeilles de fruits, Intérieurs, Bodybuilders…) auxquelles s’ajoutent les plus récentes (Painted Ladies, Reflection, Modern Royals, All Star et Heroes) ainsi que cinq œuvres inédites issues de la nouvelle série intitulée Lady Stardust (2023).

Valérie Belin, Corbeilles de fruits, 2007, Sans titre © ADAGP Paris 2024, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obabia, Paris/Bruxelles.

Les nombreuses références de l’artiste à l’histoire de l’art, à travers les genres de la nature morte, du portrait, du nu ou du culte du corps, permettent un dialogue stimulant et inédit avec les collections bordelaises. Ainsi, dans les deux ailes du musée, onze photographies viennent converser avec les collections de peintures. Centré surtout sur le portrait féminin – sujet de prédilection de l’artiste –, le choix de ces correspondances repose sur des rapports avant tout formels.

Jeux de dupes

À travers des images saturées de signes visuels pour les plus récentes, Valérie Belin joue sur les codes de la représentation et trouble les frontières entre réalité et imaginaire. Elle accompagne ainsi les mutations technologiques et ontologiques de la photographie, de l’analogique au numérique, tout en s’inscrivant dans la tradition des avant-gardes de l’entre-deux-guerres en s’appropriant des techniques de surimpression ou de solarisation. Son passage à la couleur, à partir de 2006, apporte à ses photographies une dimension plus picturale et parfois un aspect de « collages » pleinement assumé.

Valérie Belin, China Girls, 2018, Sterling Silver Jug © ADAGP Paris 2024, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obabia, Paris/Bruxelles.

Valérie Belin brouille ainsi les pistes entre réel et virtuel, nature et artifice, objets inanimés et êtres vivants, présence et absence, hyperréalisme et métaphore. L’artiste se plaît ainsi à dire qu’elle ne fait pas des « photographies d’objets » mais des « portraits d’objets», voyant en eux une «métaphore du corps traversé par la lumière». Aux Bodybuilders, aux corps cabossés et huilés, répondent les carcasses métalliques des Voitures accidentées tandis que les Mannequins de vitrines semblent souvent plus humains que leurs doubles de chair.

Valérie Belin, Bride, 2012, Bride_XXX Toys © ADAGP Paris 2024, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obabia, Paris/Bruxelles.

Valérie Belin

Valérie Belin est diplômée de l’École nationale supérieure d’art (ENSA) de Bourges et de la Sorbonne (philosophie de l’art). Tout d’abord influencée par différents courants minimalistes et conceptuels, Valérie Belin s’est intéressée au medium photographique, qui est à la fois le sujet de son œuvre et son moyen de réflexion et de création. La lumière, la matière et le « corps » des choses et des êtres en général, ainsi que leurs transformations et représentations, constituent le terrain de ses expérimentations et l’univers de son propos artistique. Le travail se manifeste sous la forme de séries photographiques, chacune étant réalisée dans le cadre d’un projet.

Commissariat : Valérie Belin et Sophie Barthélémy, directrice du MusBA.

Informations pratiques pour les visites, jusqu’au 28 octobre 2024, c’est ici.

L’exposition « Les Visions Silencieuses », vue par France 3 Nouvelle-Aquitaine :


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