Il est enfin sorti aujourd’hui dans les salles obscures, la nouvelle version du vieux mythe du vampire, le Nosferatu de Robert Eggers ! Nous sommes allés mordre à pleines dents dans ce nouvel opus, et on vous raconte tout.

Pourquoi Nosferatu, et pas Dracula ?

Nosferatu c’est le non-mort, une manière différente de désigner le vampire. C’est l’adaptation assez fidèle du célèbre roman gothique de Bram Stoker, Dracula. Pourquoi ne pas parler directement de Dracula alors ?

Lily-Rose Depp, parfois un peu forcée, mais magistrale © Universal Pictures

Lors de la première adaptation au cinéma du roman Dracula en 1922, le réalisateur allemand Friedrich Murnau n’a pas obtenu les droits d’adaptation auprès de la veuve de l’auteur, Florence Stoker. Il est passé outre, réalisant quand même son film qui est un chef d’œuvre du cinéma muet et de l’expressionisme allemand, avec l’inoubliable Max Schreck dans le rôle du vampire, et l’aide active du sulfureux et mystérieux Albin Grau. Murnau s’est cru plus malin que la justice, en modifiant certains éléments comme les noms propres. Le titre n’est plus Dracula, mais Nosferatu le Vampire. Le comte Dracula devient le comte Orlock, et ainsi de suite.

Une vierge sur un cheval blanc est le moyen infaillible de découvrir une tombe de vampire dans un cimetière. Cela est bien connu © Universal Pictures

À part ces aménagements cosmétiques, le film fut totalement inspiré du livre. La veuve, que tout cela ne rendait pas très joyeuse, attaqua Murnau devant les tribunaux et obtint gain de cause. Les films furent saisis et brûlés, Murnau condamné pour plagiat. Heureusement pour nous, une copie fut oubliée quelque part et ressurgit des années après, pour la plus grande joie des cinéphiles. Nosferatu est devenu une référence pour les amateurs du genre. Il n’est donc pas étonnant que sur cette même trame d’autres passionnés, comme Eggers, fassent des remakes, dont le Nosferatu de 2024 est le dernier avatar en date.

Pas de film gothique qui se respecte sans une scène dans un vieux cimetière © Universal Pictures

Robert Eggers, le maître du sombre

Réalisateur américain de 41 ans, Robert Eggers aime les films d’horreur, d’épouvante, et les histoires sombres. Il a débuté en 2015 avec The Witch, un film d’horreur primé au festival de Sundance. Une mini-série sur le mage Grégoire Raspoutine a suivi, puis ce fut The Lighthouse en 2019, un thriller horrifique avec Williem Dafoe, que l’on retrouve dans Nosferatu. Abonné à l’acteur Willem Dafoe, il tourne avec lui The Northman en 2022, un film d’aventures, une histoire de vengeance entre vikings, avec Alexandre Skarsgård, rejeton d’une famille d’acteurs, dont le frère Bill Skarsgård joue dans Nosferatu le rôle du monstre, le comte Orlock.

Papa, il y a un vampire sous mon lit ! © Universal Pictures

Pas étonnant, quand on a ces goûts, de rêver d’un remake de Nosferatu. Longtemps d’ailleurs Eggers a dû se contenter d’en rêver, le projet restant des années dans des cartons par manque de financement. Le feu vert a été donné en 2023, pour un tournage en Transylvanie, terre de vampires, notamment au château de Hunedoara, pour les intérieurs du château du comte Orlock.

Willem Dafoe au chevet de la pauvre Lily-Rose Depp, bien possédée par le démon © Universal Pictures

Mais aussi dans la ville allemande de Lübeck pour recréer l’atmosphère de la ville imaginaire de Wisborg où se passe l’action, dans un sanatorium de Prague ou des châteaux bohémiens, ou encore en studio à Toronto. Un film donc très authentique quand à l’atmosphère d’Europe Centrale qui est très bien rendue. Le film est d’ailleurs parlé en roumain pour les scènes transylvaines, et en russe sur le bateau qui transporte le comte.

Nosferatu a un goût certain pour les ruines. ici sa nouvelle demeure qu’il a acquise à Wisborg © Universal Pictures

« Nosferatu » vaut-il le détour ?

Ne faisons pas la fine bouche, ni les bégueules: Nosferatu est un très bon moment de divertissement vampirique pour tous les amoureux du genre gothique. Certes, ce n’est pas le film de 1922 de Murnau, mais ce n’est pas non plus cela que l’on cherche en y allant. Un siècle est passé, on fait les films différemment, et franchement Robert Eggers le fait bien. Les atmosphères sont lugubres à souhait, les images léchées et joliment cadrées, les acteurs convaincants, avec une mention spéciale pour Lily-Rose Depp qui porte le film avec conviction. Les rats sont naturels, des centaines d’entre eux ont été utilisés pour diverses scènes, et ils sont parfaits.

Le jeune mari, jouet du vampire, et son meilleur ami. Les acteurs Nicholas Hoult et Aaron Taylor-Johnson © Universal Pictures

Le vampire est intéressant, avec une voix métallique assez effrayante, supposée être roumaine, ce qu’elle n’est pas, mais très réussie, avec une diction étonnante. Et puis, pour une fois, c’est un vrai Dracula, c’est-à-dire un vampire moustachu. Car rappelons quand même la description qu’en fait Bram Stoker en 1897 : « À l’intérieur se tenait un vieil homme de haute taille, rasé de frais à l’exception d’une longue moustache blanche… » Ce n’est pas très sexy, mais c’est très authentique.

Le professeur von Franz (Willem Dafoe), qui a fait de grandes études, a une méthode simple mais efficace pour lutter contre les vampires: les brûler ! © Universal Pictures

Notre appréciation: allez-y ! Un moment d’angoisse est si vite passé.

P.S. Pourquoi « la promesse de l’aube » dans le titre de cet article ? Allez voir le film, on vous dit !

Bande-annonce (FR):


Pour en savoir plus sur le voyage de Dracula / Nosferatu en mer, voyez « Le Dernier Voyage du Demeter »