Quand Lisa Oppenheim rencontre Edward Steichen à un siècle de distance
Pour cette exposition, l’artiste américaine Lisa Oppenheim (1975, New York) a été invitée à créer un nouveau corpus d’œuvres en réponse à la pratique artistique de l’une des figures les plus célèbres mais aussi les plus énigmatiques de la photographie du 20e siècle : le photographe et conservateur américain Edward Steichen (1879-1973), qui est né au Luxembourg. À travers un ensemble d’œuvres photographiques, textiles et florales, Oppenheim dévoile un portrait inattendu de « Monsieur Steichen ».
Depuis deux décennies, Lisa Oppenheim explore l’histoire de la photographie et les potentialités inexplorées que celle-ci recèle. Pour Monsieur Steichen, elle s’est intéressée à des aspects méconnus de l’œuvre de Steichen : la passion qu’il a entretenue toute sa vie pour les fleurs, ses créations textiles et ses expérimentations dans le domaine de la photographie couleur. Les œuvres produites pour l’exposition prolongent ce que Lisa Oppenheim décrit comme des « fils perdus » et des « idées abandonnées » de Steichen, qu’elle s’est appropriés et a retravaillés en suivant sa propre méthodologie.

Photo de l’exposition « Lisa Oppenheim: Monsieur Steichen » © Photo Mareike Tocha – Mudam Luxembourg
L’exposition s’ouvre avec une série de tirages photographiques à travers laquelle Lisa Oppenheim fait revivre une variété d’iris aujourd’hui disparue, le « Monsieur Steichen », créée par le botaniste amateur français Fernand Denis en 1910 en hommage à Steichen. Les tirages de Lisa Oppenheim redonnent vie à cet iris en utilisant deux techniques photographiques liées à des époques distinctes : le dye transfer, un procédé d’impression utilisé par Steichen dans ses expérimentations en couleur des années 1930-1940, et l’intelligence artificielle.

Photo de l’exposition « Lisa Oppenheim: Monsieur Steichen » © Photo Mareike Tocha – Mudam Luxembourg
Une autre série d’œuvres revisite les motifs textiles créés par Steichen en 1926-1927 à partir de photographies en noir et blanc d’objets du quotidien. En collaboration avec la créatrice de mode Zoe Latta, Oppenheim a développé une collection de nouveaux tissus basés sur des motifs que Steichen n’avait finalement pas utilisés pour ses créations finales : plusieurs motifs floraux et une photographie presque abstraite de gravier.

Photo de l’exposition « Lisa Oppenheim: Monsieur Steichen » © Photo Mareike Tocha – Mudam Luxembourg
D’autres œuvres complètent l’exposition, notamment une sélection de photographies de Steichen représentant ses trois femmes (Clara, Dana et Joanna) et sa mère (Marie Kemp Steichen), ainsi qu’une série d’« études » (Steichen Studies, 2024) qui offrent un aperçu du processus créatif de Lisa Oppenheim.

Photo de l’exposition « Lisa Oppenheim: Monsieur Steichen » © Photo Mareike Tocha – Mudam Luxembourg
Enfin, à l’extérieur du Mudam, dans les douves qui entourent le musée, Lisa Oppenheim crée Eduard’s Garden (2025), une installation vivante de delphiniums qui fait écho à la passion de Steichen pour ces fleurs. Cet Eduard’s Garden poussera au cours de l’exposition et fleurira en juin et juillet.

Un des paravents © Photo Mareike Tocha – Mudam Luxembourg
Avec Monsieur Steichen, Lisa Oppenheim esquisse un portrait subjectif et abstrait d’une figure majeure de l’art du 20e siècle, vue à la lumière du présent. Par ses explorations de l’hybridation – entre les techniques, entre les disciplines, ainsi qu’entre son propre travail et celui de Steichen –, elle nous invite à réimaginer le potentiel infini de transformation de l’image.
Exposition à voir au MUDAM à Luxembourg, jusqu’au 24 août 2025
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