Alors que s’ouvre ce mardi la 76ème édition du Festival de Cannes, focus sur le réalisateur suédois doublement palmé chargé de présider le jury de la compétition officielle.

Comme chaque année, le Festival de Cannes, rendez-vous incontournable de l’actualité cinématographique internationale, s’apprête à décerner ses prestigieuses récompenses. Du mardi 16 au samedi 27 mai, les membres du jury de la compétition officielle se réuniront pour visionner les 21 films sélectionnés. À sa tête, c’est le réalisateur Ruben Östlund qui a été choisi pour mener les débats, une reconnaissance importante qui fait logiquement suite à une carrière déjà grandement remarquée par le festival cannois.

Des vidéos de ski à la fiction teintée de sociologie

Né en 1974 sur l’île de Styrsö, un district de l’archipel de Göteborg dans le sud-ouest de la Suède, Ruben Östlund arrive au cinéma d’abord via un attrait pour la vidéo plutôt que par une passion pour le 7ème art en lui-même. Réalisant notamment des films de ski à l’occasion de jobs saisonniers dans les Alpes, il étudie finalement le cinéma à l’Université de Göteborg et développe un intérêt grandissant pour la fiction. Loin d’avoir perdu son œil documentaire, le suédois est aujourd’hui reconnu pour ses longs-métrages au ton satirique et sa capacité à mettre en exergue le ridicule de certaines situations sociales. Ne prenant jamais complètement partie pour l’un ou l’autre de ses personnages, ses films à l’humour acide (voire parfois sordide) sont aussi une réflexion sur la morale et l’éthique, et donc sont certains d’alimenter des débats parmi les spectateurs après le visionnage !

Un habitué du Festival de Cannes

Auteur de 6 long-métrages, Ruben Östlund a déjà remporté deux fois la Palme d’Or à Cannes, la première pour son 5ème film Le Square en 2017, et la seconde en 2022 pour Sans Filtre, sa 6ème et plus récente production. Point commun à ces deux films : on s’y moque amèrement des élites culturelles et économiques – si le premier s’attaque au milieu de l’art contemporain, le second s’amuse lui à renverser l’ordre social à travers l’histoire d’une croisière pour clients richissimes qui tourne (très) mal. Récompense significative dans la carrière du cinéaste suédois, cette double palme d’or pour deux films consécutifs n’est toutefois pas son premier coup d’éclat sur la Croisette. À l’exception de son premier film, tous ses long-métrages ont été nominés et projetés à Cannes via une sélection ou une autre. Plus intimiste, avec une avalanche comme prétexte à la dispute d’un couple marié en vacances avec leurs deux enfants, Snow Therapy, le 3ème long-métrage du réalisateur, remporte déjà le Prix du Jury de la section Un Certain Regard en 2014. 

Un cinéma qui divise, et rassemble !

Loin d’être exclusivement remarqués à Cannes, les films de Ruben Östlund, bien que pouvant soulever controverses et réactions partagées, ont été récompensés lors de festivals partout en Europe. Plus récemment, Sans Filtre a également figuré dans la liste des nominés aux Oscars 2023. De passage à Bruxelles au début du mois de mai à l’occasion d’une projection-rencontre organisée par BOZAR, le réalisateur suédois explique aussi être impliqué dans plusieurs travaux de réflexion autour de l’industrie cinématographique et de ses évolutions. A la question du futur des salles de cinéma, il répond que leur atout réside dans le fait de créer une expérience de visionnage partagée (on regarde ensemble, on réagit ensemble, on rit ensemble…). Les occasions de se retrouver à plusieurs pour regarder un même programme sont en effet rares aujourd’hui, et encore plus rares entre inconnus. Ces moments partagés sont pourtant la condition pour créer l’échange, la rencontre et le débat ; une chose que les films de Ruben Östlund savent particulièrement bien faire !