SWING: un mot de cinq lettres, qui semble claquer au vent comme une oriflamme ! Un spectacle essentiel de cirque et de danse et de musique swing dans la saison du Vilar de Louvain-la-Neuve. Du rétro joyeux et intemporel qui bluffe et envoûte ! À découvrir sous chapiteau jusqu’au 13 mai.

L’histoire du Cirque Ronaldo commence…il y a deux siècles, lorsqu’un Gantois du nom d’Adolf Peter Van den Berghe devient un cavalier de haut niveau dans un cirque.

L’amour lui inspire une idée totalement actuelle : rencontrant une jeune comédienne membre d’une troupe itinérante, il s’unit à elle dans la vie mais également pour le travail.

Qui consiste au départ à unir le cirque et le théâtre.

Après de nombreux avatars et changement, le Circus Ronaldo continue aujourd’hui l’œuvre commencée il y a si longtemps.

On en est à la septième génération et le Circus Ronaldo s’est produit dans maints pays en Europe et dans le reste du monde.

Certes il s’agit de cirque contemporain -ni clowns, ni fauves, ni monsieur Loyal mais cette introduction vise à souligner que cette démarche si contemporaine d’hybridation des arts remonte en fait à très loin !

© Sigrid Spinnox

Swing ou cirque : on ne choisit pas !

Ce spectacle sous chapiteau est totalement éblouissant, bluffant, renversant (ce dernier adjectif étant très pertinent par rapport à certaines acrobaties !).

Il mélange de façon insécable le cirque et la danse, la musique swing des années trente et quarante.

Avec deux hommes et trois jeunes femmes au talent absolument époustouflant.

Cela fonctionne du feu de Dieu…y compris lorsque les bâtons de jongleurs voire le pantalon d’un des protagonistes donnent l’illusion de s’enflammer !

Un des deux hommes est un peu le gugusse du spectacle, celui à qui on offre non un bouquet de fleurs mais un poireau !

Celui qui se pointe devant une des chanteuses qui déclare son amour mais pas à lui -qui s’approche d’elle en vain.

Plutôt à un des spectateurs installé à une des tables en bas des gradins !

Les trois jeunes femmes ont un joli brin de voix et en solo ou parfois en trio, nous gratifient de quelques-unes des plus grands classiques de l’ère du swing.

Celle du jazz qui avait pour but de divertir, faire danser et apporter de la joie.

Mais avec une sacrée expertise musicale…

Les trois jeunes femmes sont talentueuses autant que ravissantes.

En solo puis en trio ensuite, elles chantent sur une bande-orchestre (pas de musiciens).

Vers le début et seule, une des trois artistes féminines nous rappelle une évidence véhiculée par ce spectacle, histoire de fixer les idées : It Don’t Mean A Thing If It Ain’t Got That Swing !

Une très fameuse profession de foi du Maître Ellington, ce Sir Duke qui fut célébré bien plus tard par Stevie Wonder !

Au menu visuel ici, au son de cet air de jazz aux paroles fières et affirmées retrouvant une nouvelle jeunesse : une belle chevelure ornée de deux fleurs rouges, et une robe fourreau léopard.

Sans surprise mais bienvenus, les hymnes du swing comme Bei Mir Bist Du Schön ou Rum and Coca-Cola (Andrews Sisters)ou l’éternel Sing, Sing, Sing de Louis Prima -lui puis Benny Goodman surtout l’ont rendu immortel- suivront plus tard, en formule trio.

Qu’elles chantent ou se livrent à des acrobaties -voir plus loin -elles changent d’atours à une vitesse dépassant l’entendement !

Lorsqu’elles chantent en trio, elles font parfois penser aux Andrews Sisters, notamment lorsqu’elles portent un couvre-chef que ce trio ultracélèbre et iconique arborait souvent.

Mais souvent, elles la jouent sexy et toujours avec la plus grande classe.

Lorsque l’on voit des robes-fourreaux fendues en mousseline et qu’elles chantent à trois, on penserait presque aux Trois Grâces, le trio de divinités grecques !

Qui étaient soit nues (non, pas dans Swing, évidemment !), soit au moins court vêtues.

Mais on a droit également -entre autres, toute exhaustivité étant illusoire et d’ailleurs non souhaitable pour cette critique -à une des trois en robe fourreau verte à paillettes dotée de franges, et qui interprète The Man I Love de convaincante façon !

On pense aux versions définitives d’Ella Fitzgerald et Billie Holiday, bien entendu.

Sans vouloir comparer cette jeune vocaliste à ces deux incontournables pierres angulaires du jazz au féminin.

Ce qui veut dire, pour moi et sans doute pour tout le monde : du jazz tout court !

Un des deux artistes masculins chante et se livre à l’exercice du scat de temps en temps et sobrement, mais moins que les chanteuses et plutôt comme faire-valoir.

Toujours proche d’être ridiculisé, un peu maladroit, un peu décalé.

SWING, Chapiteau Boulevard Baudouin Ier (Louvain-la-Neuve), Court-st.-etienne, May 5 2022 | AllEvents.in
©Benny De Grove

L’art du cirque

Ce qui précède concerne donc le côté musical de cette représentation.

Mais le cirque est tout aussi présent, au plus haut degré.

Une des trois artistes nous donne le vertige !

Avec d’abord une performance d’anthologie au trapèze, qu’elle atteint en grimpant à une corde.

Robe courte et short noirs, et dentelle noire…

Elle va jusqu’à se suspendre par les pieds au trapèze…et si filet il y a, il est invisible !

 On admire une telle assurance, une telle témérité…

Tout aussi fort si pas plus : la même nous présente un numéro de funambule, de plus en plus vertigineux, sur un fil.

Où la funambule déambule, tenez-vous bien, sur des souliers…à talons-aiguilles !

Puis elle change de souliers pour devenir plus «raisonnable» sur son fil-si haut placé- croyons-nous, le temps d’un très court instant…

Eh bien non !

Elle y reste, sur son fil bien tendu, mais elle le parcourt ensuite…en s’insérant dans un cercle (en métal j’imagine) qu’elle fait rouler sur le fil… !

Droit, si droit…

Si haut !

Comment fait-elle ?

Un des points culminants du spectacle de si haute volée, dans tous les sens de cette appréciation que j’ai du mal à rendre assez louangeuse.

© Sigrid Spinnox

Jongleries

Un artiste qui semble très jeune encore nous dévoile ses dons évidents de jongleur.

Ses trois bâtons sont lancés en l’air dans tous les sens et rattrapés et relancés, dans des mouvements qui exigent une synchronisation plus précise que des gestes de chirurgien.

Et ce n’est qu’un début, puisque les bâtons prennent feu à un certain moment !

Un feu certainement fictif mais l’illusion est parfaite…

Et le même jongleur se livre ensuite à un numéro irrésistible impliquant des tiges mobiles sur lesquelles se trouvent des assiettes en équilibre instable.

Elles tournent sur elles-mêmes puis elles tanguent dangereusement avant de (risquer de) choir…mais l’artiste doté du don de quasi-ubiquité vole littéralement d’une tige à une autre pour la stabiliser, en empêchant l’assiette presque déséquilibrée de se briser sur le sol !

L’honnêteté oblige de préciser que des débris d’assiettes finissent par joncher le sol du chapiteau présent à Louvain-la-Neuve grâce à l’organisation Le Vilar.

Mais l’astuce est réussie : ratages que ces assiettes brisées…ou effet comique recherché ?

Je n’en sais rien…ce qui est certainement la meilleure conclusion à tirer de cette séquence !

On ne comprend plus !

L’auteur de ces lignes et le public ne comprendront jamais certaines scènes stupéfiantes…

Nos trois Grâces, à un certain moment, s’amusent à changer de robe (très courte) à une vitesse insensée.

En passant sous une bâche noire.

Cinq secondes plus tard environ, chacune émerge…avec d’autres atours, toujours aussi gracieux.

Le comble du comble : ci-dessous.

Une des trois artistes -qui parfois apparaît en habit de soubrette noir et blanc -est dissimulée par la bâche de tous les mystères et puis…quatre ou cinq secondes plus tard, une apparition moins charmante mais invraisemblable la remplace : l’artiste masculin décalé et comique, torse nu et short…

Où est passée la blonde «soubrette» ?

Volatilisée !

Ne me le demandez pas et vous serez plus que fortiches si vous le savez !

On touche au sublime, au centre le plus impénétrable du merveilleux art circassien.

Sans manquer à la galanterie -avec honneur aux dames, vous l’avez lu -je voudrais conclure avec notre jongleur (qui ne chante pas).

Son morceau de bravoure le plus sensationnel : après les jongleries et les assiettes…les chaises !

Il emboîte trois chaises et les soulève en équilibre aussi instable que miraculeux.

Mais le summum total, la cerise rouge vif sur le gâteau onctueux : notre homme pose les trois chaises, surmontées…d’une table ( !), sur…son menton !

Aucun écroulement à déplorer…

Mais je crains que ses vertèbres cervicales ne lui intentent un procès.

Pour conclure

Vous aurez compris, amies et amis qui me lisez, que ce spectacle est un feu d’artifice incessant qui vous enchantera, lors des passages musicaux comme durant les autres !

Je conseille de s’y rendre…et évidemment pas avec des pieds de plomb, mais sur des semelles de vent.

Merci et bravo mille fois à ces cinq artistes.

Et au Vilar qui nous permet, à nous Belges, de ne pas louper un incroyable moment de bonheur d’une heure quarante, qui passe à la vitesse d’un changement de robe circassienne.

Ou presque…

Tout cela est advenu le premier soir, soit le 5 mai en présence d’une discrète ex-Première ministre Sophie Wilmès, au milieu de la foule, sur un des gradins occupés jusqu’au dernier centimètre carré.

Jusqu’au 13 mai mais faites vite : les places s’envolent à la vitesse des bâtons d’un certain jongleur !

Le soutien bienvenu et mérité de médias importants n’y est pas pour rien : La Première, La Trois, TV Com, Antipode, L’Avenir et La Libre Belgique.

Infos pratiques

Du 05.05 > 13.05.2022

Chapiteau – Angle Bd Baudouin Ier et Avenue Albert Einstein, près de la pompe Q8 1348 Louvain-la-Neuve (Biéreau).

Durée : 1h40

Infos & Tickets : https://levilar.be/Swing