The Duke : drame et poésie anglaise
Le réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill, Roger Michell, nous livre dans The Duke un doux chant du cygne en nous offrant une histoire douce-amère sur l’incroyable mésaventure d’un vol anglais.
C’est l’histoire de Kempton Bunton (interprété par Jim Broadbent), petit sexagénaire retraité dans la petite bourgade de Bradford en Angleterre. Agacé par la taxe de la redevance télévisuel imposée aux seniors, Kempton se prend pour un petit Don Quichotte et fait tout ce qu’il peut pour rendre la vie moins dure aux personnes de son âge et aux vétérans de guerre. Déterminé à rendre le monde plus juste, il finit par voler le célèbre tableau de Francisco de Goya Portrait du Duke de Wellington d’une valeur de 14 0000 £ chez lui dans l’optique de faire un troc entre le tableau et la redevance télé.
Le film est très efficace, la reconstitution de Bradford ainsi que le Londres des années soixante est très fidèle et le réalisateur ne s’encombre pas d’une photographie trop importante ni d’un traitement à la Emile Zola pour qu’on s’attache à Kempton.
D’ailleurs c’est bien l’interprétation de Jim Broadbent, dont le physique passe-partout lui permet facilement de passer d’un film indépendant à des films à gros budget (il a joué dans Game of Thrones, Harry Potter ou Narnia et a donné de sa personne pour d’illustre réalisateur comme Baz Lurhman ou Martin Scorcese) qui rend le personnage de Kempton aussi attachant. C’est le genre de grand-père qu’on aimerait avoir ; drôle, piquant, altruiste et érudit, sans oublier un grain de folie parfaitement dosé. Quand à la femme de Kempton, Dorothy, elle est joué avec la justesse toujours au point d’Helen Mirren, dont le personnage à bien du mal a réfréner les ambitions grandiloquentes de son mari. Les enfants du couple nous rappellent que la vie n’était pas facile dans les villes ouvrières de cette époque et les deux acteurs sont tous les deux touchants.
C’est de part ces passages constants entre la folie de Kempton, la dureté de la vie à Bradford et les procès tourné en ridicule par l’accusé et son avocat (éloquent Matthew Godde) qui nous font passer du rire aux larmes en quelques secondes, le tout saupoudré d’humour bien British.
Le réalisateur Roger Michell, connu pour sa comédie romantique Notting Hill en 1999, évite, la redondance des gags ou de souligner le côté triste de cette famille sans histoire tout en conservant un mise en scène légèrement héritée des comiques anglais tel que les Monthy Python. C’est peut-être justement pour cette légèreté et cet équilibre que le film a (à juste titre) été sélectionné au Festival de Venise juste avant le crise Covid, c’est aussi un touchant chant du cygne pour Roger Michell qui nous à quitté le 22 septembre dernier.