Toots Thielemans : entre larmes et sourires
Présenté comme l’incarnation du ketje bruxellois, Toots Thielemans a laissé son empreinte sur le monde de la musique jazz. Ce belge qui sifflait comme personne, nous a quitté en 2016. Il aurait eu 100 ans cette année. Hommage.
Le jazz…
Ce genre musical a été joué par les plus grands musiciens du siècle dernier. Il a aussi grandement influencé des artistes dans la composition d’un style particulier, situé entre ragtime et blues, un son né de la culture afro-américaine.
Dans ce milieu où les plus grands montent sur scène, un belge se démarque. Toots Thielemans. Il commence dès 5 ans à jouer de l’harmonica. Mais, c’est durant la seconde guerre mondiale qu’il découvre le jazz. Son style s’affine. Son amour pour ce genre s’accroît.
À cette époque, il joue ce qu’il entend sur les ondes radios. Il découvre aussi les célèbres jazzmen comme Louis Armstrong. Mais, il est aussi fortement inspiré par Django Reinhardt.
Toots veut prendre place dans cet univers. Il se lance. Il tente de jouer dans des clubs mais on lui conseille vite de changer d’instrument. L’harmonica n’est pas très jazzy.
Il décide alors d’apprendre la guitare. Mais son désir de faire partie de ce monde musical ira plus loin encore.
Thielemans se prénomme Jean-Baptiste. Ce prénom ne swingue pas suffisamment selon lui. Lorsqu’il démarre sa carrière, il cherche un surnom porteur de sens. Et c’est James Gordon « Toots » Coleman qui insuffle l’idée. C’est décidé, il deviendra Toots Thielemans.
Il s’est souvent défini comme issu d’un métissage. Sa mère était d’Anvers, son père de Bruxelles. Il disait, de lui-même, être un musicien métissé car il a vécu pour le jazz.
Un Belge à la carrière internationale
Toots a eu une brillante carrière, notamment aux Etats-Unis où il a joué avec les plus grands. De Stevie Wonder à Sting, il a aussi partagé la scène avec Maurane, Sinatra, Ray Charles, Miles Davis,… Il a interprété de nombreux standards.
L’artiste compose aussi une centaine de titres originaux. Mais celui qui restera à tout jamais identifié comme sa marque de fabrique, c’est le Bluesette.
Il dira de ce titre que « c’est presque un résumé de ma vie. Parce que c’est un blues et quand j’étais petit, je jouais du musette. Alors blues et musette, ça fait bluesette »
Il ajoutera « C’est le seul vrai tube. J’ai beaucoup de compositions. Mais c’est la seule connue dans le monde entier. Et en même temps, c’est une carte de visite. C’est moi ».
Toots n’a pas joué que du musette. Il est, certes, indissociable de l’accordéon et de l’harmonica, mais il s’est démarqué à la flûte aussi. Enfin, il était un guitariste exceptionnel.
La marque de Toots : des compositions en mineur
En interview, quand un journaliste lui demande dans quel style il se sent le mieux, il répond : « dans le petit espace qui réside entre une larme et un sourire. » Jamais vraiment triste, jamais vraiment heureux, il est un peu entre les deux.
C’est pour cette raison qu’il compose en mineur. Selon lui, les accords majeurs sont plaisants, positifs. Les accords mineurs sont plutôt mélancoliques. Il s’est toujours défini entre les deux.
Un artiste à redécouvrir et à écouter
Une expo est consacrée à Toots Thielemans a ouvert ses portes à Bruxelles. Elle est visible jusqu’au 31 août prochain, à la Bibliothèque Royale, au Mont des arts. On y trouve des archives personnelles. « Sound of a Belgian Legend » présente un côté très didactique et sensorielle, afin d’être plongé dans son art pour ressentir les émotions.
Le prix de l’entrée est de 15€. Pour plus d’info, visitez le site www.KBR.be
Enfin, la musique de Toots résonne à nouveau dans le voisinage de Manneken-Pis. En effet, dans le quartier Stalingrad, les cafés et restaurants accueillent, du 10 mai au 5 juillet prochain, une série de concerts intimistes, organisés en collaboration avec l’asbl Jazz4you. Les groupes interpréteront à chaque fois quelques morceaux de Toots Thielemans. L’agenda de ces concerts est disponible sur le site Métro 3