Un best-seller du Moyen-Âge sur le développement personnel: « Imitatio Christi »
En 2024, la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) célèbre le sixième centenaire d’un de ses trésors : le manuscrit autographe de l’Imitatio Christi de Thomas a Kempis. Ce livre, issu du Moyen Âge, est devenu le deuxième livre le plus répandu et le plus lu après la Bible. 600 ans après sa rédaction, il est au centre d’une expo pop-up qui aura lieu du 20 novembre au 20 décembre prochain à KBR. Un deuxième manuscrit autographe de Thomas a Kempis, également issu de nos collections, se trouvera à ses côtés. KBR conserve d’ailleurs plus de 1.500 exemplaires de l’Imitatio, manuscrits et imprimés, dont les plus remarquables seront visibles dans l’expo. Mais que peut encore nous apporter un livre du XVe siècle en 2024 ? Entre spiritualité et évolutions de l’imprimerie, l’expo pop-up retrace l’histoire de ce best-seller qui traverse les âges.
Imitatio Christi : un livre de développement personnel spirituel, aux résonnances modernes
Ce texte, achevé en 1424, est bien plus qu’un best-seller séculaire. Reconnu comme le deuxième livre le plus diffusé dans les pays de tradition chrétienne, après la Bible, il constitue depuis des siècles une source d’inspiration et de guidance spirituelle. Les textes invitent le lecteur à réfléchir sur la paix intérieure, le sens de la vie, et la quête de son véritable « moi ». Ces réflexions s’alignent sans peine avec notre contexte actuel, dans un monde où le développement personnel, la pleine conscience et la quête du « moi » sont de plus en plus populaires.
Thomas a Kempis, ou le moine à l’origine de ce best-seller
Thomas a Kempis, né vers 1380 , a mené une vie retirée dans le « Bergklooster » près de Zwolle, aux Pays-Bas. C’est là qu’il a écrit son chef-d’œuvre, l’Imitatio Christi. Très vite, des copies circulent et ce livre déclenche un immense mouvement. Thomas a Kempis est décédé en 1471, mais ses mots continuent de vivre grâce à ses profondes réflexions et appels à l’introspection. Ce livre, rédigé en latin, contient de nombreuses influences de la Bible, de penseurs classiques tels qu’Aristote et Sénèque, ainsi que de penseurs chrétiens ultérieurs. Fait rarissime : KBR conserve deux manuscrits autographes de l’auteur médiéval : un que Thomas a Kempis a gardé jusqu’à sa mort et un autre manuscrit autographe de 1456, contenant les « Meditationes » de Thomas, suivi de sa signature.
Quelques anciens exemplaires de la Bibliothèque Royale © KBR
17 novembre 1424 – 17 novembre 2024 : 600 bougies
Selon la tradition, Thomas a Kempis se rendit le 17 novembre 1424 à Windesheim avec son texte achevé de l’Imitatio, où l’on commença à en produire des copies. Le texte aura donc exactement 600 ans ce dimanche 17 novembre, et sa reproduction n’a jamais cessé depuis. Le texte a été numérisé par KBR et est à découvrir ici : uurl.kbr.be/2077319
Editions de l’Imitation Christi plus récentes © KBR
Des impressions, rééditions et traductions continues à travers les siècles de l’Imitatio Christi
Au fil des siècles, cette œuvre est devenue un manuel spirituel ayant connu de nombreuses traductions et publications. La popularité de l’Imitatio a entraîné une prolifération de traductions et d’adaptions dans toutes sortes de langues et de formes, de l’araméen au chinois, en passant même par la sténographie. À Bruxelles, c’est à partir du XVIIe siècle que les éditeurs publieront sans cesse de nouvelles éditions. Dans le cadre de l’expo pop-up, KBR présente une grande variété d’exemplaires publiés à travers les siècles issus de sa collection, depuis les incunables jusqu’aux versions du XIXe et du XXe qui dévoilent la vision qu’on avait à ces époques du Moyen Âge. La collection de KBR est l’une des plus grandes au monde avec ses plus de 1.500 exemplaires, dont 24 incunables rares – des premières impressions qui comptent parmi les plus anciens exemples de l’imprimerie.
Editions bruxelloises des XVIIe et XVIIIe siècle © KBR
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