La saison des expositions vient de s’ouvrir à Vresse-sur-Semois. Village de tradition artistique depuis un siècle au moins, Vresse accueille régulièrement des artistes de qualité. Au Centre d’Interprétation d’Art de l’École de Vresse, ce sont les œuvres de Jean-Paul Couvert qui vous feront voyager en ces premiers beaux jours.

Jean-Paul Couvert est né en 1958, à Corbion. Il est donc un fils de la Semois. Après un régendat en arts plastiques, il poursuit ses études supérieures à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. Il enseigne les arts plastiques et l’histoire de l’art. Mais il dirige aussi l’une des dernières manufactures de tabac de la Semois.

On dit de lui que c’est un artiste complet. Il est peintre, sculpteur, poète et conférencier. En 1983, il obtient le prix Marie Howet. Et en 2020, il obtient le prix de poésie Charles Péguy à Paris pour son recueil Eau promise.

Œuvre Jean-Paul Couvert, Photo Bernard Libert

Après avoir acquis de solides bases académiques, il s’est employé à réfléchir sur son art. Il effectue de nombreux voyages au Tibet, en Inde, au Cachemire, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce qui a largement influencé sa pensée et son art. Lors de ses séjours souvent assez longs dans les contrées lointaines, il s’est imprégné de la culture et de la philosophie des différents pays qu’il a visités, il s’est plongé dans leur approche du vide, de la trace et du mystère.

La saisie de ce qu’il advient

Pour l’artiste, la peinture est envisagée comme la pratique de la trace et du signe. Elle est la saisie de ce qu’il advient, elle ne se représente pas, elle présente. Elle s’incarne d’autant mieux si l’on s’est retiré de son acte.

Parmi les œuvres que l’on peut admirer, on devine que ce qui anime Jean-Paul Couvert, c’est la fascination du vide, ce sont ces espaces de la toile que la peinture n’atteint pas. C’est notre esprit qui doit combler le néant. Ses peintures sont pénétrées par l’infini.

L’artiste s’est défait de la valeur que l’Occident donne à la matière. En s’inspirant des mandalas tibétains (les mandalas sont des dessins géométriques très symboliques dans les cultures hindoue et bouddhiste. Ils représentent différents aspects de l’univers et sont utilisés comme instruments de méditation et symboles de prière). C’est ce qui est enlevé qui parle.

Œuvre Jean-Paul Couvert, Photos de Bernard Libert

Par ses méditations sur son art, Jean-Paul Couvert tente de concilier ses différents cheminements : Les pigments colorés représentent l’univers, puis sont mélangés pour retourner au chaos, et à l’universel.

Il laisse ses pinceaux montrer l’improbable, l’invisible. Il nous propose une métaphysique du regard où les lignes « colorées » essentiellement en noir et blanc sont comme une écriture où le geste pictural invite à dialoguer avec des présences, des perceptions de l’invisible.

« La tâche de la peinture est de rendre visibles des forces qui ne le sont pas ». Ila fait siens les mots de Gilles Deleuze.

À nous de plonger dans ses toiles, de nous les approprier dans la richesse de leur simplicité. Laissons notre regard nous porter plus loin, pénétrer les toiles, comme autant de supports au doux vagabondages de notre imagination.

Jean-Paul Couvert travaille différents matériaux, le bois, la pierre, et le schiste propre à la région ardennaise. Pour appréhender plus encore l’artiste, n’hésitez pas à profiter de ses œuvres monumentales, comme ce magnifique bloc de schiste, qui trône  près du pont de Cordemois. L’esprit de la Semois, ainsi que s’appelle cette magnifique sculpture, représente le cours de la Semois, évidé dans la pierre. Elle prend sa source dans le bas du bloc, pour s’élever en un chemin tortueux, sinueux, vers le ciel.

Œuvre Jean-Paul Couvert, Photos Isabelle Michel

Exposition Jean-Paul Couvert au « Centre d’interprétation de l’art de Vresse s/Semois » jusqu’au 11 juin.