Changements climatiques, déforestation, incendies, exploitation intensive, pollutions, etc. Nos forêts subissent tant de maux. L’exposition Le Chant des forêts nous offre une aventure parisienne dépaysante au cœur même du Marais. Afin de permettre, à tout un chacun, une prise de conscience sur le devenir de la flore et de la faune.

Une exposition gratuite et pleine de sens 

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Un moment de communion gracieux avec une nature enchantée et féerique est proposé jusqu’en juillet 2023 au MAIF Social Club à Paris. Dix artistes y sont exposés : Romain Bernini, Félix Blume, Thierry Boutonnier, Thierry Cohen, Fernand Deroussen, Emilie Faïf, Tatiana Wolska, Collectif Fibra, Beya Gille Gacha, Florian Mermin. Chacun œuvre, autant que faire se peut, à sensibiliser, les jeunes et moins jeunes, à la préservation de nos forêts. La majorité de nos sens sont véritablement concernés et entrent parfois en ébullition. Un photomontage, quatre peintures, des sculptures, des installations intriguent et passionnent notre vue. 

Des œuvres audio-naturalistes émerveillent nos oreilles. La visite est aussi tactile puisque certaines œuvres peuvent être frôlées délicatement. Notre odorat se trouve intelligemment stimulé par des senteurs forestières. Des graines à faire germer sont offertes au Public. Outre l’exposition, vous trouverez au MAIF Social Club un espace de détente, un coin pour se restaurer et une boutique éco-responsable. Vous retrouverez des produits respectueux de la nature et très utiles sur place ou en ligne.

Les mythes et légendes inspirés de quelques unes de nos forêts

Forêts mystérieuses, grands arbres aux frondaisons inquiétantes. Il n’en faut pas plus pour alimenter les plus extravagantes croyances populaires comme la bête du Gévaudan, les loups garous, le grand méchant loup, la mère-grand…

La forêt Hoia Baciu, est considérée comme la forêt la plus effrayante du monde, ce qui lui a même valu son redoutable surnom de triangle des Bermudes roumain. Située plus précisément en Transylvanie, elle abrite des arbres torturés aux courbures invraisemblables et de nombreuses légendes. Tels de véritables bras implorants, tous les troncs s’arrondissent comme pour échapper à un danger.

Un berger et son troupeau de moutons auraient fait l’objet d’une disparition inquiétante dans cette fameuse forêt à en faire frissonner plus d’un. Une jeune fille s’y serait aventurée et serait restée introuvable durant cinq années. À son retour, elle déclare ne conserver aucun souvenir de son aventure tragique.

La Forêt-Noire en Allemagne, une forêt de sapins occultant la lumière du Soleil, est très inspirante. Les frères Grimm en ont fait le lieu de certains de leurs fameux contes. Un célèbre gâteau a emprunté son nom et est toujours très apprécié.

La forêt de Brocéliande, forêt mythique, mise en scène par Chrétien de Troyes au  moyen-âge, s’inspire d’une authentique forêt Bretonne. Le roi Arthur et ses chevaliers de la table ronde, Merlin, Excalibur y auraient vu le jour. L’émission burlesque Kaamelott, propulsée par Alexandre Astier, met en scène, depuis 2005, les légendes du roi Arthur qui font partie du patrimoine français.

On peut aussi évoquer la forêt de Sherwood, en Angleterre, dans laquelle on a pu suivre les aventures incroyables du célèbre Robin des bois.

Les artistes exposé(e)s

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Romain Bernini est un peintre français. Il expose son triptyque Him 2021, Him II et Him IV 2022, les arbres y sont dessinés à la verticale tels des portraits aux couleurs vives, du rose, du violet, du bleu…

Félix Blume est un artiste chasseur de sons. Au travers de son œuvre, exposée au MAIF Social Club, Curupira, bête des bois datant de 2018,  il nous met dans l’ambiance de la forêt amazonienne et nous fait rencontrer la communauté Tauary à l’écoute de tous les bruits de la forêt, jolie mise en abîme !

Thierry Boutonnier, quant à lui, fait référence à Édouard Manet, avec sa tour de nuggets nommée Forêt de plumes en 2022.

Thierry Cohen dresse un magnifique photomontage qui s’élance vertigineusement sous nos yeux au cours de cette exposition. Il s’agit de la forêt de Bialowieza, en Pologne, transpercée par un ciel étoilé.

Fernand Deroussen, audio-naturaliste, nous livre les sons des oiseaux de la forêt de Bialowieza. En effet, la mélodie de ces oiseaux nous accompagne le temps de l’exposition.

Emilie Faïf avec sa Canopée éveille notre curiosité. La scénographe plasticienne nous montre la face cachée des arbres dont la partie la plus haute est surnommée la canopée.

Tatiana Wolska, en récupérant des branches tombées à terre, a créé une cabane d’exposition, sculptée en 2022, au travers de laquelle nous nous frayons un chemin pour accéder à la suite de l’exploration.

Beya Gille Gacha, sculptrice et artiste pluridisciplinaire, a fait du bleu son credo. Elle travaille, plus particulièrement et avec minutie, la précieuse perle et nous offre une sculpture en communion avec la nature par son Orant #5.

Florian Mermin est un artiste trentenaire qui expose plusieurs œuvres au Maif Social Club. Une cabane en terre cuite, qui réveille l’imaginaire des forêts, nommée Maléfices et créée en 2021. Peaux (2015), est une œuvre inspirée par Blanche Neige et les sept nains, conte des frères Grimm ayant fortement influencé le célèbre Walt Disney. Il s’agit de deux pattes crochues, effrayantes, faites en bronze.

Focus sur le collectif Fibra

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Le Collectif Fibra, formé en 2019, est un trio d’artistes engagées péruviennes respectivement nommées Gianine Tabja, Lucia Monge et Gabriela Flores del Pozo. Son installation (Déforestation, déterrer des signaux, 2021) nous permet de conscientiser les dangers du sacrifice des forêts, notamment en Amérique du Sud, et l’absence quasi-totale de réaction gouvernementale. Les trois artistes ont reconstitué la forêt d’Ucayali.

Elles militent contre le véritable massacre des forêts réalisé au profit de la plantation de palmiers pour en extraire l’huile de palme dans le but de sa commercialisation de masse. Télévision, téléphone, ordinateur, haut-parleur etc sont étonnamment présents dans cette forêt reconstituée. Ces objets grouillants de mycélium de Ganoderma, tout simplement des champignons, évoquent la tentative ultime de communication des forêts, leur appel à l’aide désespéré.

 « Il est très important pour nous de parler des luttes de la communauté tout en incluant leurs voies. Notre conversation passe par l’art. Nous discutons avec des humains, des non-humains, sur place, localement, avec des femmes mais aussi avec la forêt qui est notre partenaire et qui nous aide à communiquer ou à rendre com- muniquant nos objets de communication qui ne communiquent plus du tout. » déclare le Collectif Fibra.

Comme nous, la nature échange, il faut le savoir ! L’installation est l’œuvre qui prend le plus d’espace dans le parcours, elle est immense. La végétation s’est lentement transformée, elle s’est spectaculairement métamorphosée en appareils de télécommunications. Cette œuvre organique a été primée en 2021, puisque le collectif a reçu le prix COAL. L’œuvre n’est pas seulement visuelle puisque vingt-huit haut-parleurs font aussi entendre le cri des forêts péruviennes abattues par les élagueurs. Tout ceci grâce à une application : Global Forest Watch.

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L’exposition « Le chant des forêts » au MAIF Social Club au 37 rue de Turenne, 75003 Paris.