Multivers et Cinéma : un choix compliqué
Les univers parallèles sont déjà très présents sur la toile, et ce, depuis le début du cinéma, avec le Magicien d’Oz, Alice au Pays des Merveilles ou plus récemment Barbie. Mais en allant encore plus loin, en passant littéralement de l’autre côté du miroir, nous ouvrons une brèche dans ce qu’on appelle scientifiquement le multivers : un univers parallèle très semblable au nôtre, mais modifié par des choix différents que nous avons faits au cours de notre vie, comme si nous rencontrions notre Doppelgänger. Focus sur ces longs-métrages, de plus en plus présents au cinéma et où un simple choix peut modifier toute une temporalité.
Le premier exemple qui vient à l’esprit n’est autre que le voyage dans le temps avec la célèbre trilogie Retour vers le Futur, où Marty McFly doit veiller à préserver la temporalité d’où il vient. Nolan explore également cette possibilité avec son récent film Tenet, ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind qui exploite l’idée d’un monde où l’être aimé est effacé de nos souvenirs. Cependant, l’exemple le plus marquant est peut-être Mr Nobody, où le personnage principal explore mentalement toutes les options possibles que sa vie pourrait prendre, puis décide de la meilleure voie pour lui en tenant compte de ces possibilités.
L’idée du libre arbitre et de la destinée se disputent depuis les débuts de la narration, avec la célèbre Tragédie d’Œdipe, dont les parents faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour échapper à la prophétie ne font que la valider. Une thèse confirmée par la plupart des grandes sagas actuelles, de STAR WARS à Harry Potter, en passant par le mythique Matrix et plus récemment l’incroyable Premier Contact, où l’héroïne jouée par Amy Adams accepte sa vie future en parfaite connaissance des événements à venir. Disséquant avec la même ingéniosité l’idée du temps, du langage et du deuil que le Solaris de Tarkovski.
Cependant, les multivers ont été largement surexploités dans les récents films de super-héros, l’apothéose d’Avengers: Endgame ayant ouvert cette porte. Il était évident que le Marvel Cinematic Universe suive cette voie : Loki, Spider-Man et Docteur Strange en ont été les protagonistes (sans parler des projets à venir et l’affrontement annoncé avec Avengers: Secret War prévu pour 2026/2027). Obligé de suivre le train en marche, le concurrent DC a tenté la même approche avec The Flash, mais sans le succès escompté.
Ce concept s’étend également aux adaptations de jeux vidéo, telles que Tron, Ready Player One et eXistenZ, ainsi qu’aux séries télévisées telles que Black Mirror ou The Witcher (la narration semble aller dans cette direction). Toutefois, rien ne semble surpasser l’impeccable Everything Everywhere All At Once, dont les possibilités d’écriture ont ébloui même les plus grands.
En scrutant cet éventail d’exemples, il est clair que le thème du temps, du choix et de la réalité alternative continue de fasciner et d’inspirer les conteurs modernes. Nous sommes de plus en plus à la merci de ce type de projets, pour le meilleur ou pour le pire.