Du 24 février au 5 mai 2024, la Maison des Arts propose une exposition autour de la thématique des rituels : « Encore & encore ». Garder une trace du temps qui passe, interroger ses propres habitudes ou celles des autres, exorciser un traumatisme… Les motivations des artistes peuvent être multiples, lors de la répétition systématique d’un même geste ou d’un même motif. La Maison des Arts rassemble, à l’occasion de cette exposition, les œuvres d’une dizaine d’artistes qui se sont donné des protocoles de création.
En additionnant une œuvre à une autre, les artistes créent – parfois malgré eux – un véritable autoportrait et dévoilent certaines traditions, collections ou obsessions. Ces dernières peuvent d’ailleurs être individuelles ou collectives. Pour preuve, Encore & encore débute par une installation de Katherine Longly et Cécile Hupin, Just My Luck, assemblant des centaines de billets de lotto grattés par des inconnus.
Par la photographie ensuite, Katherine Longly et ses selfies quotidiens, pris tous les jours à 14h depuis une dizaine d’années, nous font rentrer dans son intimité. Un dévoilement qui sera visible également dans les clichés de Barbara Iweins, qui a photographié plus de 12 000 objets présents chez elle, ou encore dans les images de Laurent Quillet, qui enregistre les moments d’au-revoir avec ses proches depuis 2015.
C’est à travers la translation et le codage que Sahar Saâdaoui, elle, emmène son spectateur dans le champ illimité des possibles : une accumulation de codes et d’écriture répétitive jouissive lui permet de questionner le réel dans ses travaux. Les autoportraits de Roman Opalka, pris sur plus de 35 ans, montrent que l’écoulement du temps n’empêche pas la constance du protocole, alors que Côme Lequin garde de son côté une trace de ses cheminements dans l’espace par, notamment, l’impression des traces de ses semelles en métal griffées par ses pérégrinations.
D’autres font le choix de la répétition pour exprimer leur état d’esprit quotidien ou exorciser une douleur : c’est le cas de Marie Van Elder et Vincent Solheid qui, par la peinture quotidienne d’un même motif, expriment toutes les nuances de leurs émotions. Chez Yves Gobart, le rituel est défini avant tout par une mise en abîme : chaque matin, sa journée de travail débute par une peinture… d’un de ses tubes de peinture.
A la croisée de l’intime et du conceptuel, Juan d’Oultremont, lui, collectionne les apparitions de mots ou les objets, tandis que Claude Viallat, par la répétition d’un même motif, s’éloigne de la question du sujet pour questionner le processus. Enfin, L’Heure Atelier, centre d’expression et de créativité au sein du Service de Santé mentale “La Gerbe” à Schaerbeek, sera aussi présenté au public.
On le constate donc dans cette sélection éclectique de la Maison des Arts : si les messages et les formats des œuvres varient, la répétition, elle, s’introduit chez tous les artistes pour enrichir leurs créations. Face à ce vaste échantillon de rituels, le public sera invité, à son tour, à questionner ses habitudes.
