Le film coréen « Concrete Utopia » que j’ai eu la chance de découvrir au festival du BIFFF cette année est un véritable bijou. Nous sommes plongés dans un Séoul anéanti par un terrible séisme. Seul un bâtiment a tenu le coup face au cataclysme. Les survivants vont devoir s’organiser pour survivre dans cet environnement hostile, une nouvelle société va se créer et avec elle, ses inégalités…

Concrete Utopia : un visuel tout simplement grandiose

La première chose qui frappe lorsqu’on observe « Concrete Utopia » est la beauté de ses décors. Les points de vue sur ce Séoul totalement dévasté sont époustouflants. La photographie et la mise en scène sont admirables, il est saisissant de voir la caméra se déplacer dans ce paysage apocalyptique. (Mention spéciale au gars qui a crié dans la salle « Charleroi » provoquant l’hilarité générale)

© Climax Studio

En plus de cela, les séquences de catastrophes sont très spectaculaires et nous en mettent plein la vue. Cependant, ces passages sont assez peu nombreux, car le long métrage s’intéresse surtout à la psychologie de ses personnages. On va suivre le groupe de survivants de l’appartement qui n’a pas sombré.

Une très puissante démonstration de la violence des hommes

Dans les ruines, ces individus vont créer une toute nouvelle civilisation, avec ses règles et surtout ses injustices. Le film nous montre avec brio la naissance des classes sociales. En effet, il va y avoir une séparation entre les résidents de l’appartement et ceux qui ne sont pas admis.

Les résidents se considèrent comme les supérieurs et les autres comme des cafards qu’on peut rejeter et maltraiter. (Le rappel du génocide des Tutsi est d’ailleurs très frappant).  C’est très réaliste et c’est fou de voir à quel point des gens semblables à tout le monde peuvent se comporter comme des monstres quand on leur met en tête qu’ils en ont le droit.

© Climax Studio

On observe également la création d’institutions, un homme va être désigné comme le leader et va peu à peu prendre le contrôle de la foule. Ce personnage, sublimement interprété par le comédien Lee Byung-hun, qu’on connaît surtout pour ses rôles dans « Squid Game » et « J’ai Rencontré le Diable » est très fort.

Il s’agit de l’antagoniste de l’œuvre, il est très bien écrit et effrayant. On retranscrit très bien son aspect malsain et dérangé. Sous prétexte qu’il représente l’autorité, les gens vont lui obéir aux doigts et à l’œil et ceux qui oseront se dresser devant lui seront combattus. Les autres personnages sont plus effacés au départ et c’est voulu, on veut mettre en scène leur soumission, mais cela évolue au tout au long de l’œuvre.

L’acteur coréen Lee Byung-hun © Climax Studio

Le film nous offre notamment des personnages féminins puissants et impressionnants. Si je chipotais, je pourrais reprocher au film d’être peut-être légèrement caricatural lors de son introduction, mais ça n’enlève en rien à sa qualité. « Concrete Utopia » est une très grande réussite.

Il s’agit d’un film catastrophe original, visuellement somptueux, intelligent et qui pose des questions fondamentales sur le comportement de l’homme. J’espère qu’il bénéficiera d’une bonne distribution dans le monde entier, car il le mérite.

Concrete Utopia (scène du tremblement de terre) :


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